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OLLIER Sophie

Bourguignonne sans frontières

Elle est née en Auvergne. Elle a fait ses études en Alsace. Elle a adopté la Bourgogne, il y a un quart de siècle, parce que son père y a terminé sa carrière de directeur d’entreprise. Les régions, elle connaît. L’Europe, aussi : quand on fait ses classes à Strasbourg, on apprend naturellement l’allemand et l’anglais, et on comprend vite que la vie ne s’arrête pas à la rive gauche du Rhin.
Un baccalauréat à Dijon, puis un BTS de commerce international. Deux ans chez Thompson comme assistante export, qui lui inculquent « un grand respect pour les entrepreneurs et les vendeurs qui courent après leur marge sous peine de fermer boutique ». Mais la jeune Sophie se lasse vite de vendre des réfrigérateurs aux Scandinaves et des autocuiseurs aux Canadiens. A 26 ans, elle reprend le chemin de l’Université de Dijon pour des études plus poussées : elle passe une maîtrise de « droit international et communautaire », tout en travaillant à la Direction régionale du commerce extérieur (DRCE). Au volant d’une petite Rover, elle parcourt la Bourgogne de long en large pour inciter les entreprises à prospecter au-delà des frontières et à profiter des aides à l’export de l’Etat et de la Région. Elle ne convainc pas toujours. Les réticences sont fortes, notamment dans certaines professions. Nombre de viticulteurs déclinent alors ses conseils : « Pourquoi perdre son temps à l’étranger quand on peut vendre sa production à domicile ? »
En 1994, son directeur à la DRCE, Alain Frossard, devient directeur au conseil régional de Bourgogne, et fait de Sophie une chargée de mission sur l’international. Depuis deux ans seulement, les régions françaises sont autorisées à passer des conventions avec l’étranger. C’est un poste nouveau, presque exotique. Un bureau vide de tout dossier, un tout petit budget (78.000 F), une grande indifférence dans les couloirs : à part l’opportunité de juteuses subventions venues de Bruxelles, les élus voient mal ce que la Bourgogne peut attendre de l’Europe !
Le président de l’époque, Jean-François Bazin, lui assigne un objectif concret : ouvrir une Maison de la Bourgogne à Mayence, en Allemagne. Ce sera fait le 1er décembre 1994. Sophie Ollier apprend à travailler avec des bouts de chandelles, beaucoup de bonne volonté, un peu d’utopie... et une parfaite maîtrise de ces mystérieux instruments administratifs que sont le Feoga, le FSE ou le Feder. Elle monte opération sur opération avec les trois partenaires privilégiés de la région : les Allemands du Land de Rhénanie-Palatinat, les Tchèques de Bohême centrale et les Polonais de la voïvodie d’Opole, qui signeront, en 2004, une convention quadripartite de coopération unique en Europe. La Bourgogne, mine de rien, a su anticiper sur le processus d’« élargissement » de l’Union européenne.

AU DELA DES
CLIVAGES POLITIQUES

« L’avantage des affaires internationales, explique Sophie, c’est qu’elles échappent aux bisbilles politiciennes et aux aléas électoraux : les remous de l’élection régionale de 1998, le changement de majorité en 2004, n’ont rien changé à la vocation internationale de la Bourgogne. Par rapport à Jean-Pierre Soisson, qui privilégiait l’Europe et la culture, François Patriat vise davantage l’Asie et le soutien aux entreprises, mais c’est la même démarche. » Une démarche volontariste, à une époque où nombre d’élus locaux redoutent la mondialisation, contestent l’Europe et prônent le repli sur soi. Cette année, la Bourgogne a ouvert un bureau de représentation à Singapour. Les efforts paient. Il est loin, le temps où la jeune Sophie Ollier errait seule et découragée dans les couloirs de l’hôtel Krystal à Bialystok, dans l’est de la Pologne communiste, après avoir passé sa journée avec de vieux apparatchiks incapables de situer la Bourgogne sur une mappemonde !
Parmi les élus convaincus de la nécessité d’ouvrir la Bourgogne sur l’extérieur, il y a Didier Martin, vice-président du conseil régional et président du Comité régional du tourisme (CRT). En mars 2006, il doit remplacer Jean-Louis Laville, directeur du CRT depuis un quart de siècle. C’est un choix important. Le tourisme est devenu la première activité économique de la région, qui ne se limite pas à la colline de Vézelay, au site de Bibracte, au chantier de Guédelon et aux Hospices de Beaune. L’avenir de la Bourgogne toute entière, de la Bresse à la Puisaye, de la Côte de Beaune aux bords de Loire, dépendra de sa capacité à séduire et accueillir de plus en plus de visiteurs venus de Paris et d’autres régions de France, mais aussi de touristes allemands, britanniques, américains, japonais, chinois ! Il faut à ce poste un vrai professionnel, capable de jongler avec le marketing et le droit public, qui sache porter des projets, inventer des procédures, susciter des partenariats, qui connaisse bien la région et qui ait fait ses preuves à l’étranger. Cette perle rare, ce sera Sophie Ollier.
La nouvelle directrice a donc troqué son petit bureau dijonnais du boulevard de la Trémouille pour un autre, cent mètres plus loin, rue Garibaldi. A la tête d’une équipe de 25 personnes, elle a peu de temps pour prendre ses marques. Si elle garde du temps pour s’occuper de son fils Martin, 3 ans, et si elle continue de ne manquer aucun concert à l’Auditorium de Dijon, elle sait qu’elle a du pain sur la planche. Cela ne l’effraie pas : il y a longtemps qu’elle sait, elle, situer la Bourgogne sur une carte du monde !
B.L.

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Publié dans Portraits de Bourguignons | Lien permanent