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27/01/2007

Mort d'un journaliste

Un journaliste nous a quittés. Un vrai. Un modèle. Un qui savait écrire, qui savait regarder, qui savait écouter. Un qui allait voir sur place, qui prenait son temps, qui osait dire qu’il ne savait pas…
Il s’appelait Ryszard Kapuscinski. Il était polonais. Je l’ai connu après son Imperium, un livre-reportage sur l’URSS. Mi-Custine, mi-Albert Londres, il préparait tous ses reportages avec minutie - tant il est vrai que le talent d’un journaliste, c’est d’abord le travail qu’il fournit en amont, sa connaissance personnelle du sujet, sa culture générale.
Aujourd’hui, nos patrons de presse virent systématiquement les journalistes de plus de cinquante ans : à quoi bon l’expérience, la culture, le caractère ? Mais nos patrons de presse ont-ils même entendu parler de Ryszard Kapuscinski ?

Commentaires

Pour saluer Kapuscinski
Il était le grand reporter absolu. Mais on a tellement dit qu’il était de l’ancienne école, qu’il appartenait au monde d’avant, que sa dignité, sa rectitude, sa culture et son élégance détonnaient parmi les confrères, qu’on se demande s’il y a et s’il y aura encore des journalistes de la trempe de Ryszard Kapuscinski. Il vient de mourir à 75 ans des suites d’un cancer foudroyant non pas quelque part dans le monde, comme l’on pouvait s’y attendre de cet infatigable arpenteur de continents, mais tout près de chez lui, dans un hopital de Varsovie.

L’Afrique fut son grand moment. Du temps où la Pologne était encore derrière le rideau de fer, il était le correspondant de l’agence de presse officielle PAP dans … toute l’Afrique ! S’il n’avait écrit toute sa vie que des dépêches, il est certain que sa mort ne serait pas saluée comme elle l’est (les agenciers sont les soutiers de l’information, mais sans ces quasi-anonymes et ces presque-sans grade, les journaux n’imprimeraient que des commentaires, ou à peu près). Kapuscinski est l’un des rares à avoir su transcender le reportage en littérature. Il faut lire ses reportages métamorphosés en récit Le Négus, Le Shah, Ebène, Imperium… Le dernier en date Mes voyages avec Hérodote était décevant car on n’y retrouvait pas son souffle tant il paraissait prisonnier de l’univers et de la vision du premier des reporters-historiens. Au moins ce livre aura-t-il eu le mérite d’accoler ces deux noms tout en nous faisant entrevoir ce qui faisait courir Kapuscinski. En relisant à la diable les pages de ce flâneur salarié, on comprend très vite qu’au-delà de la plume et de la curiosité, il avait un grand avantage par rapport à tant d’autres : avant de regarder, il avait vécu. La guerre, son cortège d’horreurs et de privations, il les ressentait partout où ses pas le menaient. Cette exceptionnelle faculté d’empathie fait toute la différence.

(Blog de Assouline)

Écrit par : Assouline a écrit... | 27/01/2007

J'avais découvert Kapuscinski dans Ebene, ce voyage hallucinant fait de multiples reportages dans les coins les plus perdus de l'Afrique... Ou comment un reporter polonais peu connu a pu rencontrer ceux qui ont fait une partie de l'histoire africaine.
il travaillait peut-être à l'ancienne comme le souligne Pierre Assouline, mais cela signifie surtout qu'il prenait le temps et qu'on le lui donnait, de rester plus de 48 h dans un pays pour pouvoir enquêter. Ce qui est devenu aujourd'hui totalement impensable pour les "grandes" rédactions.

Écrit par : dominique artus | 29/01/2007

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