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08/02/2010

Bourgogne : le vote des libraires

En Bourgogne, les libraires ne voteront pas pour la liste Patriat. Les socialistes se sont fait élire en 2004 en promettant la gratuité des livres scolaires. Ils ont tenu leur promesse : ce ne sont plus les parents d’élèves, mais les lycées qui achètent directement les manuels. Ils se les procurent auprès de centrales d’achat moins chères que les libraires locaux, comme leur commande la législation sur les marchés publics. Le résultat est doublement catastrophique : d’abord, les libraires bourguignons ont perdu entre 30 et 40 % de leur chiffre d’affaire, quelques-uns ont fermé boutique, beaucoup d’autres sont au bord de la faillite ; ensuite, plus grave, on ne voit quasiment plus aucun adolescent bourguignon, à l’automne, entrer dans une librairie !

Commentaires

Cher Monsieur Lecomte,
Il m'arrive de lire votre blog et je suis au regret de constater, malgré vos spécialités papiste et soissonesque, que l'esprit, qu'il soit divin et/ou chablisien, ne vous visite pas chaque matin.
Je peux en effet vous assurer que c'est mensonge de dire que tous les libraires bourguignons ont perdu 30 à 40% de leurs chiffre d'affaires en raison de la gratuité des livres scolaires. En revanche, et peut-être cela ne vous intéresse-t-il pas, je peux vous affirmer que les familles bourguignonnes ayant des enfants au lycée ont gagné environ 160 euros par an de pouvoir d'achat.
Pour en revenir aux libraires, et j'ai envie de dire les vrais libraires, ceux qui ne confondent pas Victor Hugo et Jacob Delafon (et ils sont encore nombreux en Bourgogne), n'ont pas oublié que nous avons mis en oeuvre une autre mesure qui s'appelle le prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne. Je n'oublierai jamais le bilan qui a été fait de la première édition de ce prix. Quand des enseignants sont venus témoigner que de jeunes apprentis, pour qui les livres étaient jusque là des objets « interdits », qui n'en avaient jamais pris un entre leurs mains, avaient lu 3, 4, 5 ou même les 10 livres de la sélection, soyez certain que j'étais un homme heureux.
Alors que vous avez été le serviteur zélé d'une droite détestable, qui avait complètement délaissé les lycées pour ne se préoccuper que de la formation professionnelle par alternance, celle qui enrichit les organisations patronales et fait en sorte que les jeunes n'atteignent pas un niveau de qualification trop élevé, je trouve un peu osé votre angle d'attaque. Comme j'avais trouvé peu élégant le livre que vous aviez écrit à votre départ du conseil régional, peu élégant et déjà mensonger sur les compétences des fonctionnaires territoriaux.
Je suis un ardent défenseur des possibilités qui sont faites aux journalistes de pouvoir, à un moment donné de leur vie, s'engager dans la vie citoyenne et revenir ensuite à leur métier. Mais j'oserai vous rappeler que le journaliste, s'il n'a aucune obligation d'être objectif, se doit d'être honnête.
Philippe Baumel
Vice-Président du Conseil régional en charge des Lycées

Écrit par : philippe baumel | 08/02/2010

Cher Philippe Baumel,
Je vous remercie de votre réponse et de l'intérêt que vous portez à mes billets d'humeur. Je vous félicite aussi d'assumer, sur le sujet des libraires, une politique qui n'était pas la vôtre : il se dit au CRB que vous auriez préféré la formule du "chèque livres" qui eût été bien mieux perçue, en effet, par les professionnels. Vous me dites l'économie que la gratuité des livres scolaires fait faire aux parents d'élèves : ni moi ni personne ne la conteste. Vous me parlez du Prix des lycéens et apprentis de Bourogne : je consacrerai peut-être un jour un blog à ce prix, et j'en dirai tout le bien que j'en pense. Mais vous ne me répondez pas sur le sujet de mon blog, qui est le manque à gagner des libraires dans cette affaire. Sur ce sujet précis, je ne fais que traduire ce que j'entends depuis trois ans dans la bouche de tous les libraires bourguignons que je fréquente, et qui sont tous de "vrais" libraires (je ne sais pas ce qu'est un "faux" libraire). Sur le chiffre d'affaires cité, vous me traitez de "menteur", ce qui n'est pas gentil : cela m'oblige à vous renvoyer au rapport du Centre Régional du Livre (dont je suis administrateur) sur le sujet qui vous confirmera ce chiffre.
Quant à me traiter en sus de "serviteur zélé d'une droite détestable", ou de journaliste qui "se doit d'être honnête", ce qui laisse entendre que je ne le suis pas, je préfère ne pas répondre et mettre ces excès de langage sur le compte d'une campagne régionale difficile qui, je le sais de lointaine expérience, altère parfois la sérénité de ses protagonistes.
Bien cordialement,
BL

Écrit par : Bernard Lecomte | 08/02/2010

Ok avec Mr Baumel : "angle d'attaque osé" dit-il; j'aurais dit :"mesquin".
Mr Lecomte, je vous imagine avec votre "bâton de pèlerin"( qui décidément ne vous quitte jamais) aller confesser tous les libraires de Bourgogne, ruinés et que les ventes inattendues de "La Princesse de Clève" n'ont pas réussi à combler le manque à gagner consécutif à cette mesure scélérate.
Il vous reste encore 1 bon mois pour maintenant aller faire le tour des 30 CFA et vous renseigner sur la provenance des boîtes à outils; votre perspicacité viendra ensuite certainement à bout d'une petite enquête auprès de ceux qui se sont chargés de la rénovation des 900 logements étudiants; et puis non! pour vous faire gagner du temps, je vous fais une confidence: la Région les a fait bosser au noir... Mais, ça reste entre nous; comme restera sans doute entre nous cette réaction qui m'a permis de me défouler et que je ne vous vois" pas cap" de publier.
écrit par J Claude Guiguet. 8-02-2010

Écrit par : Guiguet J Claude | 08/02/2010

Eh bien !...

Il y a de l'ambiance en Bourgogne ...Ca "sent" les futures élections !

Et puis, charme de nos provinces francaises, un doux endormissement les reprendra...
Propice à la poussée des cèpes, à la culture de la vigne, des champs et à la lecture assidue de la rubrique nécrologique du journal local...

Écrit par : lusardi | 09/02/2010

Cher Monsieur Guiguet,
Pourquoi ne serais-je "pas cap" d'offrir en lecture votre message aux habitués de ce blog ? Je vous remercie, au contraire, de votre contribution au débat. Je souligne simplement que je n'ai jamais critiqué l'offre par le Conseil régional des "boîtes à outils" aux CFA, que je trouve positive, et sur lesquelles je n'ai pas besoin "d'aller me renseigner", ayant quand même dirigé l'information du Conseil régional pendant trois ans ! Quant à trouver "mesquin" mon petit texte défendant la profession de libraire - un métier de plus en plus difficile, et de plus en plus menacé - nous attribuerons cet excès à l'excitation d'une campagne électorale régionale dont je me tiens, pour ma part, soigneusement éloigné...
Bien à vous
BL

Écrit par : Bernard Lecomte | 09/02/2010

Mais non Mr Lecomte, les boîtes à outils c'était pour rire...
Plus sérieusement, si j'ai dit que votre"angle d'attaque" était mesquin, c'est parce que j'ai estimé que le rapport entre la gratuité des livres scolaires et les difficultés des libraires (que je comprends... mais pas "tous" les libraires), que ce rapport est loin d'être évident. Ou alors, pour faire bonne mesure, il faut que vous commenciez par faire un lien avec les rayons "livres" de plus en plus importants dans les grandes surfaces.
Puis il faut que vous continuiez en parlant de la place qui est faite à la culture dans les programmes TV.,de l'importance des lettres et de la littérature dans le système éducatif français..
Enfin que vous finissiez par nous dire ce que vous pensez de l'exemple donné par le premier personnage de l'état en campagne, traitant de "sadique" et "d'imbécile" celui qui avait osé" mettre dans le programme d'interroger les concurrents sur la Princesse de Clèves"(sic), ajoutant que lui même avait" souffert sur elle"(resic).
Pour ce qui est des "vrais libraires", j'en connais au moins un; il est toujours de bon conseil car les les livres de sa librairie, il les a pratiquement tous lus; je ne pense pas qu'il souffre de ne pas avoir à proposer à sa clientèle le manuel de math de la classe de seconde. En tout cas, il ne m'a pas dit qu'il ne voterait pas Patriat.

Écrit par : Guiguet J Claude | 09/02/2010

Ayant un fils au lycée à cette époque, je crois me souvenir avoir bénéficié pour la première fois de la gratuité des livres scolaires à la rentrée scolaire 2005-2006. Cette année-là, de mémoire, elle ne concernait que les élèves de seconde. Elle a été généralisée au cours des deux années suivantes, c'est-à-dire que la totalité des lycéens bourguignons ont eu leurs livres gratuitement à la rentrée 2007-2008. Depuis, les achats de livres ne sont plus que des réapprovisionnements, des renouvellements de livres endommagés ou perdus. Je ne comprends donc pas très bien la chute de 30 à 40 % du chiffre d'affaires des libraires (sans doute l'auteur a-t-il voulu parler des libraires qui "faisaient" dans le livre scolaire, ceux dont M. Baumel dit qu'il leur arrive de confondre Jacob Delafon et Victor Hugo). Que quelques libraires aient fermé leurs portes en Bourgogne depuis cinq ans, je n'en doute pas un instant. Mon épicier a fermé ses portes aussi, pareil pour mon tailleur... Et je pense, comme M. Guiguet que c'est dû aux grandes surfaces, pas au conseil régional.
Allez, je vais aller au fond de ma pensée : si 5 libraires (ou 4, ou 6) ont mis la clé sous la porte en Bourgogne depuis 2005, c'est tout à fait regrettable. Mais si l'on met en regard l'aide à l'achat des livres scolaires accordée à des dizaines de milliers de familles bourguignonnes, ça relativise beaucoup l'information. D'ailleurs, je ne sais même pas si cinq libraires bourguignons ont fermé. Personnellement, j'en fréquent régulièrement deux, l'un à Chalon, l'autre à Auxerre, j'ai discuté un peu avec eux et ils ne m'ont pas paru hostile au fait de voter pour Patriat le mois prochain. Je tiens à préciser que ce sont de "vrais" libraires, qui LISENT la plupart des livres qu'ils vendent, qui me DONNENT DES CONSEILS quand je les interroge. Ce ne sont pas des marchands qui se contentent de mettre une signature au bas d'un bon de commande et d'encaisser le chèque pour 200 exemplaires du cours de maths de chez Hatier. En réalité, le débat qui commence à s'instaurer sur ce blog me semble un peu faussé car l'auteur de l'article initial met derrière le mot "libraire" une signification qui n'est pas tout à fait la même que la mienne. Peut-être tout simplement parce que, du point de vue politique (en raison de ses activités passées au conseil régional sous un autre régime que celui de Patriat), cette confusion l'arrange; peut-être aussi en raison de son activité actuelle qui consiste à fabriquer des livres qu'il est contraint de vendre partout, chez les marchands de livres comme chez les libraires...

Écrit par : rachida darty | 14/02/2010

Il est temps, il me semble que les libraires s'expriment dans ce débat. Je le fais en mon nom personnel, même si je suis Présidente de l'Association des Librairies de Bourgogne, car je n'ai pas consulté mes confrères.
Tout d'abord, rappelons que les libraires n'étaient pas opposés du tout à la gratuité des livres au lycée; Ils auraient simplement préféré que cela se passe, comme dans de nombreuses régions, par un principe d'aide aux parents et dans les librairies (chèques lire ou carte).
En passant par une subvention aux lycées, cela a favorisé l'achat chez les grossistes ou à des taux de remises qui ne permettent plus aux libraires de vivre correctement ni de payer leurs employés.

Certaines librairies avient une grosse activité scolaire et ont beaucoup souffert, cetaines ont fermé. Il est difficile d'établir sur l'ensemble de la Bourgogne la perte de chiffre d'affaire, sachant que cela dépendait de la part de scolaire dans leur activité (cela allant de 5 à 60% selon les cas) à quoi s'ajoutait le fait que ne venant plus pour le scolaire, certains ne sont plus venu du tout ! et que cela a renforcé la "chute".

Il faut savoir que ce sont surtout les "vrais libraires" comme tout le monde se plait à les appeler qui travaillaient le scolaire : d'abord parce que c'est un vrai métier et pas si facile que ça, ensuite parce que les "vendeurs de livres" estimaient que le scolaire était mal rémunéré (la remise aux libraires en scolaire est plus faible que pour les autres livres).
Mais pour ces "vrais libraires" ce socle de travail scolaire permettait de bien faire son métier : proposer des petits éditeurs, avoir du fond et pas seulement les nouveautés dont tout le monde parle, avoir du personnel qualifié pour conseiller et faire découvrir de nouveaux auteurs. Et c'est encore un peu plus difficile, sans le scolaire.
Ces points rétablis, je voudrais également préciser qu'en tant que libraire, je n'apprécie pas d'être "prise en otage" dans un débat politique de quelque bord qu'il soit. J'irai voter, comme tous les autres citoyens, selon mes convictions et certainement pas par corporatisme.
George Bassan
Librairie Obliques
Auxerre

Écrit par : George Bassan | 17/02/2010

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