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21/08/2006

Gauchet tire à vue

Les esprits libres sont plus intéressants, allez savoir pourquoi, que les plumes engagées, serviles ou fanatiques. L’interview de Marcel Gauchet, dans Le Point de cette semaine, est un régal. Le rédacteur en chef de la revue Le Débat considère ainsi que Chirac, "homme très sympathique mais totalement déconnecté de la réalité depuis trente ans", est un "naufrageur" ; Bayrou est "le traître du mélodrame" ; Sarkozy, parce qu’il est avocat et non énarque, est "le seul qui écoute ce qu’on lui dit" ; Villepin, s'il a "tout pour plaire", incarne la "malédiction française" ; Le Pen est "le candidat qui n’a même plus besoin de parler" ; Jospin, Fabius et DSK et Lang sont des "survivants" ; Besancenot, Laguiller et Buffet représentent "le vieux bolchevisme jacobin à la française", et José Bové, "l’écologisme version bobo". Quant à Ségolène, son succès tient à "l’idée selon laquelle on a tout essayé sauf les femmes". Mortel.

05/08/2006

Candidats... au Goncourt ?

Etonnant, cette manie de tous les candidats à l’Elysée de montrer qu’ils savent écrire avant de se présenter devant les électeurs, et de publier un opus, plus ou moins digeste, dans les mois qui précèdent l’élection ! Or, il y a un hic. C’est le désopilant article L-52 du code électoral, qui fait obligation à tout candidat aux présidentielles d’inscrire dans son compte de campagne toutes les dépenses engagées "à son profit" et "en vue de l’élection" pendant l’année qui précède le scrutin. Sauf à publier un livre de cuisine exotique, un annuaire de paléontologie ou une biographie de Sénèque, tous les candidats devront se plier à cette règle draconienne.
Règle fictive, oui ! Loi bidon, réservée aux petits élus ! Chirac et Jospin avaient-ils inscrit dans leur compte de campagne, en 2002, les livres de leurs épouses, pourtant publiés "à leur profit" et "en vue de l’élection" ? Non. Et alors ? Vous imaginez, six mois après sa victoire, le nouveau chef de l’Etat invalidé par un juge pour avoir vendu trop de livres ?

27/06/2006

Le mystère Fabius

Dans son fief du Grand-Quevilly, ce week-end, Laurent Fabius a fustigé les candidats socialistes à l’investiture présidentielle qui mènent "une campagne de confusion" et qui manquent de "convictions claires". Il n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier ceux qui ont "l’œil rivé sur les sondages" et qui, pour mieux coller aux aspirations populaires, tiennent "un discours en zigzag". "Ne confondons pas le politique et le médiatique !", s’est enflammé l’ancien premier ministre de Mitterrand. Le même qui, sans scrupules, l’an dernier, a fait voter "non" au référendum sur l’Europe...
Allez savoir pourquoi Fabius reste, dans l’opinion, le plus mal placé des candidats du PS dans la course à l’Elysée ! C'est le mystère de cet homme aux convictions claires dont chacun sait qu’il ne supporte pas les zigzags, méprise les sondages et déteste le médiatique !