Le blog de Bernard Lecomte

Il y a encore dix ans, le voyage historique du pape en Irak aurait donné lieu, sur les chaines de télé, à plusieurs directs exceptionnels (à Mossoul, notamment) et à quelques beaux plateaux d’experts (sur C dans l’Air, par exemple). Oui, mais ça, c’était avant : c'était quand les responsables des chaines d’info osaient encore sortir de leur train-train (vaccination, violences urbaines, politique) ; quand les médias n’étaient pas encore tétanisés par ce que Jacques Julliard, dans le Figaro, nomme "la haine du christianisme" ; et, surtout, quand les journalistes de moins de 50 ans savaient encore la différence entre le sunnisme et le chiisme…

Il y a deux façons de changer la carte du monde. La plus répandue, c’est de laisser agir les cinglés, les crétins, les barbares, les nuques raides et les incultes qui, livrés à eux-mêmes, décapitent et égorgent sans scrupule, incendient et rasent des villages, ou bien descendent des avions de ligne - comme en Irak, au Nigeria ou en Ukraine. Et puis, ô miracle, il y a la méthode écossaise, appelée aussi "civilisée" : respecter les règles communes, débattre pacifiquement, voter, et accepter le résultat du vote. Si les adversaires de l’Occident et les détracteurs de l’Europe pouvaient y réfléchir… 

Ce qu’a lâché George W Bush lors de son interview sur la chaîne ABC, lundi, est proprement confondant : il n’était pas "préparé pour la guerre", avoue-t-il, et ses services spéciaux "ont été défaillants" quant aux fameuses armes de destruction massives qui ont justifié la guerre en Irak. Le journaliste lui demande : "Et si vous aviez su en 2003 qu'aucune arme de destriction massive n'existait en Irak, seriez-vous entré en guerre ?" Réponse du président sortant : "C'est une question intéressante". Vertigineuse, l'irresponsabilité et l'ncompétence de ce type. Avec un président aussi nul, les Américains n'auraient jamais su que le Lusitania avait été coulé par les Allemands en 1915. Et que les Japonais avaient attaqué Pearl Harbor en 1941.