Le blog de Bernard Lecomte

C’est la nouvelle du jour. En d’autres temps, elle aurait fait la Une de tous les journaux. Donald Trump a nommé à la tête du renseignement américain une femme nommée Tulsi Gabbard, une hawaïenne de 43 ans, ex-démocrate ralliée à Trump cet été, et qui est surtout… ouvertement pro-Poutine ! Que cette femme soit notamment chargée de la confrontation avec le FSB et le GRU fait dresser les cheveux sur la tête à tous les spécialistes de l’espionnage. Et aussi, on s’en doute, aux Ukrainiens…

On ne comprend rien à l’actualité russe si on ignore que Poutine, depuis son passage au KGB, croit réellement que tous les déboires rencontrés par son pays sont dus à l’action des services secrets américains : la chute du Mur de Berlin (1989), l’éclatement de l’URSS (1991), l’entrée des Baltes dans l’Otan (2004), le massacre de Beslan (2004), les manifs antirusses en Géorgie (2008), la révolution de Maïdan à Kiev (2014), la contestation des élections en Biélorussie (2020), tout a été fomenté par la CIA, tout ! Il le pense vraiment, et cette paranoïa très spécifique explique bien des choses…

A-t-on bien mesuré, en France, l’énormité du dérapage de Donald Trump face à Vladimir Poutine, lundi, à Helsinki ? Un président américain qui explique qu’il n’a pas plus confiance dans ses propres services secrets qu’en la parole du président de la Russie – ce qui est déjà hallucinant – sur un dossier qui accuse la Russie d’avoir pesé sur l’élection présidentielle américaine ! On comprend que Poutine, ancien officier du KGB, se soit délecté de cet aveu absolument insensé. Question : Trump est-il réellement bête comme ses pieds ? Ou bien, comme le bruit court depuis longtemps outre-Atlantique, est-il "tenu" par les services secrets russes ?