Le blog de Bernard Lecomte

Sacré Robert Ménard ! Non sans courage, le maire de Béziers pose une vraie question. La justice peut-elle forcer un maire à marier un Algérien repris de justice condamné à rentrer dans son pays par une OQTF, et dont tout porte à croire qu’il se marie pour bénéficier, dans trois ans, de la nationalité française ? La loi s'applique à tous, certes. Mais, précisément, imagine-t-on le maire de Béziers condamné à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende (c’est ce qu’il risque) et le futur marié, lui, échapper à la décision d’expulsion ?

Un soir, à la télé, le très provocateur maire de Béziers émet une idée en deux propositions : 1) D’après ses propres statistiques ethniques… 2) 64 % des petits écoliers de sa ville sont d’origine musulmane. La première proposition stupéfie le petit monde médiatico-politique parisien qui s’insurge avec fracas sur l’illégalité de la démarche du sulfureux maire de Béziers. Mais la grande majorité des Français entendent, eux, la seconde proposition : près des deux tiers des enfants des maternelles d’une ville moyenne de la France profonde s’appellent Mouloud ou Fatima. Vouloir simplement réfléchir à la profonde mutation sociale et culturelle que ce chiffre révèle, est-ce de l’islamophobie ?

Si le dénommé Robert Ménard n’avait pas fondé Reporters sans Frontières, ce professionnel de la provoc, transfuge de la bienpensance, n’aurait pas déclenché une telle tempête politico-médiatique. La preuve : je n’ai entendu personne, depuis hier, condamner les instituts de sondage qui utilisent, faut-il le rappeler, la même méthode très approximative des prénoms supposés musulmans. Convoquer Hitler et Pétain - pulvérisé, le point Godwin ! - dans ce stupéfiant happening moraliste fascine nos voisins anglo-saxons qui étudient librement, chez eux, les statistiques ethniques ou religieuses. Nous, comme toujours, nous dressons des bûchers en jetant des anathèmes. Pas sûr que cela fasse avancer le schmilblic.

En établissant des statistiques ethniques dans les écoles de sa ville de Béziers, le maire Robert Ménard n'a fait que reprendre la technique - très approximative - utilisée par l’institut de sondage IFOP quand on lui commande des chiffres sur le "vote musulman" : il pointe les prénoms, sachant qu’un catho appelle rarement son fis Mouloud, et qu’une femme voilée se prénomme rarement Marie-Bénédicte. Pour tourner la loi, l’IFOP a inventé le concept de "potentiellement musulman", car la République interdit de compter les "musulmans" au sens strict. Ce qui explique, au passage, l’incurie des démographes, chercheurs et sociologues français sur le sujet de l’immigration…