Le blog de Bernard Lecomte

Le chef du gouvernement israélien est-il coupable de "crimes de guerre" ? Cela se discute. Et de "génocide" ? Non. Les mots ont un sens. Les militants pro-palestiniens – y compris en France les députés LFI – qui dénoncent à l’envi le "génocide" commis par Israël à Gaza sont soit incultes soit malhonnêtes. Leur but est de retirer aux juifs leur statut de peuple victime de la Shoah – qui était bien, pour le coup, un "génocide". Israël, peuple "génocidaire" à l’égal des nazis ? Non, cent fois non. Camus, décidément, avait raison : "Mal nommer les choses… "

Aucune envie d’écrire sur une actualité aussi mortifère. Entre la possible extension du conflit israélo-palestinien et la brusque multiplication des actes de terrorisme chez nous, en Europe, c’est comme si une tempête s’était abattue sur notre monde, un déferlement de hurlements, de fantasmes et de menaces, où la haine paraît inextinguible. Comment imposer la paix là-bas, au Proche Orient ? Comment défendre notre civilisation, ici, contre tous ceux qui refusent l’intelligence et le droit ?

Qui peut nier l'évidence ? L’ONU est rigoureusement incapable d’empêcher la Russie de violer les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, voire, demain, de la Moldavie ou de la Géorgie... L’ONU est totalement impuissante quand l’Azerbaïdjan décide de rayer brutalement de la carte un territoire arménien… Si l’ONU ne peut plus rien garantir à personne, comment imaginer mettre d'accord, un jour, Israéliens et Palestiniens ? C’est tout le système installé en juin 1945 qu’il faut revoir si l’on veut éviter que la force, dans le monde, l’emporte définitivement sur le droit. Il y a urgence.

L’événement de la semaine s’est produit lundi, à l’ONU. Pour le départ du secrétaire général Kofi Annan, le East-Western Divan Orchestra a donné un concert sous la direction de Daniel Barenboïm, son chef et fondateur. Dans cet ensemble atypique, qui joua un jour pour Jean-Paul II, il y a, entre autres, des musiciens juifs et arabes originaires de Palestine.
Entre Mozart et Brahms, Barenboïm a fait un petit discours : "Mesdames et Messieurs, vous avez vu jouer, assis devant moi, des Egyptiens, des Israéliens, des Libanais, des Syriens : c’est la première fois dans cette enceinte, je crois, que des citoyens de ces pays s’expriment ainsi à l’unisson !" Rires et applaudissement dans la salle.
Pendant une heure, la musique a couvert le fracas des bombes. Un vrai conte de Noël.