Le blog de Bernard Lecomte

J’ai du mal à comprendre les personnes qui refusent avec indignation le principe du "pass vaccinal" sous prétexte de "discrimination". Mais de quelle "discrimination" s’agit-il ? Un exemple tout simple : je n’ai pas le permis moto, c’est mon choix, ma liberté, mais le fait que je ne puisse pas rouler à moto est-il une insupportable "discrimination" à mon égard ? Un tel "pass" serait le meilleur moyen de rouvrir prochainement les cinémas, les théâtres et les restaurants – en les réservant, bien sûr, à ceux qui ne risquent pas de contaminer leurs voisins ! C’est le bon sens, non ? Je pense de travers ? J'ai raté une info ?

A l’heure où on dénonce avec vigueur l’homophobie, l’islamophobie, la transphobie et la grossophobie, je tiens à m’insurger contre une discrimination intolérable qui s’étend dangereusement, de nos jours, notamment dans les trains et dans les avions : la grandophobie. A l’évidence, les transports en communs seront bientôt conçus pour les petits Chinois en visite sur leurs terres occidentales, et pas pour les Français blancs, hétéros, sexagénaires et mesurant plus d’1m90. Jusqu’où ira cette très fâcheuse évolution ? Faudra-t-il que l’ONU s’en saisisse ? Moi, victime, je suis prêt à témoigner !  

Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Je suis atterré par la polémique ouverte par le ministre Vidalies qui a eu l’imprudence d’expliquer à haute voix, d’un air honteux, ce que les policiers anti-terroristes font depuis toujours : à la sortie d’une gare, entre une jeune femme blonde en mini-jupe et talons hauts, et un barbu en djellaba et taqiyah portant un lourd sac de sport, ben oui, ils choisissent de contrôler plutôt le second ! Il n’y a que sur un plateau de télévision, bien au chaud, que cela s’appelle de la discrimination ! Toutes ces postures faciles, ces faux débats et ces invectives artificielles commencent à me gonfler grave.

 Parmi les dernières "petites phrases" de l’année, je donne la palme à celle de la ministre Dominique Bertinotti à propos du mariage gay, à l’Assemblée nationale, le 18 décembre 2012 : "Quand une différence fait qu’on ne peut avoir les mêmes droits, j’appelle cela une discrimination". Magnifique exemple d’aveuglement idéologique. On discriminerait donc les enfants de 5 ans en leur interdisant de boire du chablis ? Les assassins récidivistes en les privant de liberté ? Les tire-au-flanc en les forçant à bosser ? Les cardiaques en les excluant du marathon de New York ? Les Bourguignons en ne leur facilitant pas les bains de mer ?

 En voilà encore une proposition qu’elle est pas démago : une certaine Association nationale des Directeurs des Ressources humaines (?) a soumis au ministre du Travail l’idée de supprimer carrément trois jours fériés "chrétiens" (par ex : Pentecôte, Ascension et Noël) en échange de trois autres que chaque salarié choisirait selon sa "diversité". Ben oui, les gars, mais il faudrait aussi penser à supprimer le Jour de l’An (les Français juifs, orthodoxes ou d’origine chinoise ont d’autres calendriers), le 1er Mai (fêter le "travail" est une insulte pour les 10 % de chômeurs) et le 8 Mai (qui n’est pas une "victoire" pour les immigrés allemands, italiens ou japonais). Autant d’intolérables discriminations !

Amis du "politiquement correct", bonjour. Vous vous rappelez qu’après le soulèvement des banlieues en 2005, de bons esprits avaient inventé le "CV anonyme" : un CV sans photo, pour cacher que vous avez la peau noire et une cagoule, et sans nom, pour qu’on ne sache pas que vous vous appelez Mouloud. Eh bien, ce défi au bon sens est un fiasco car, tenez-vous bien, les employeurs étaient plus indulgents avec les fautes d’orthographe quand le candidat était noir ou arabe !  Résultat : le CV anonyme condamne les jeunes de banlieue, sauf exceptions, à ne jamais décrocher un entretien d’embauche. Rigolo, non ?