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03/06/2008

La mariée n'était pas vierge

L’affaire du mariage annulé pour cause de non-virginité me met mal à l’aise. Parce que les plus virulents à condamner le jugement de Lille sont exactement les mêmes qui contestent que l’islam pose des problèmes spécifiques à la société française. Parce que c’est la coutume islamique qu’il faut dénoncer dans cette affaire et non la loi de la République, dont on n’a pas beaucoup dit qu’elle avait été appliquée correctement, et que c’est le contraire qui eût été scandaleux. Parce que Rachida Dati, qui sait de quoi elle parle quand elle dit que la mariée s’est en bien sortie grâce à cette annulation, a été vilipendée par des tas de beaux esprits qui voient ça de leur fenêtre. Parce que l’émotion l’ayant emporté sur la raison, la pauvre fille va se retrouver remariée de force à ce mari dont, à l’évidence, elle ne voulait pour rien au monde. Qu’on aménage la loi pour éviter de la voir détournée par des usages archaïques, bon, mais pas au prix de la liberté de cette femme !

12/04/2008

Le pape à Ground Zero

f0dea18e97806ba8a74076245a2bb414.jpgInterviewé par l’AFP sur la prochaine visite du pape à Ground Zero, le 20 avril. A propos du terrorisme, il n’y a pas vraiment de différence entre Jean-Paul II et Benoît XVI : condamnation absolue, et appel au rapprochement interreligieux, notamment avec l’islam. La différence, elle est entre le monde de Jean-Paul II et celui de Benoît XVI. Rappelez-vous en mai 1981, lorsque Jean-Paul II fut victime d’un terroriste turc nommé Ali Agça : le monde entier, à commencer par les Etats-Unis, a regardé du côté de Moscou et du KGB. C’était encore le temps de la guerre froide. Mais peut-on imaginer les conséquences cataclysmiques d’un attentat perpétré contre le pape, aujourd’hui, par un jeune militant islamiste ?

07/10/2006

Fanatisme et autocensure

1. Décider de censurer une exposition d’art (à Londres) ou un opéra de Mozart (à Berlin) au cas où des fanatiques s’en offusqueraient, c’est une lâcheté désolante et un vrai recul de la liberté.
2. Décider de publier spectaculairement des caricatures de Mahomet dans un journal occidental en sachant qu’elles vont entraîner des réactions violentes, c’est de la provocation inutile.
3. Décider de ne plus faire exploser la tête de Mahomet à la fin d’une fête de village traditionnelle (en Espagne) ou dans un carnaval (en Allemagne), c’est de la sagesse.
Le jeu, subtil, consiste à conjuguer fermeté et tolérance, liberté d’expression et respect de l’autre. Et à ne pas tout mélanger.

02/10/2006

BHL a raison !

Bravo à BHL pour ses propos décapants, ce matin, sur Europe 1, à propos de l’affaire Redeker. Je résume :
- Quand il y a menace sur la liberté d’un homme parce ce qu’il a publié une réflexion sur l'islam dans un article de journal, dit Bernard-Henri Lévy, il faut le soutenir sans réserves, et non chipoter sur le fait qu’il aurait dû être "prudent" (comme la Ligue des Droits de l'homme, ou... Gilles de Robien, qu’on a connu mieux inspiré).
- Se taire, prôner le principe de "précaution", voire renvoyer dos à dos la victime et ses bourreaux (comme l'a fait le MRAP), voilà ce qui est criminel, car ces atermoiements et ces arguties constituent un dramatique lâchage des musulmans modérés, lesquels prennent eux-mêmes des risques en effectuant un travail critique sur leur propre religion.
Ceux-là vont-ils lutter longtemps si nous-mêmes capitulons devant la première menace extrémiste ?

15/09/2006

Mais qu'a dit le pape ?

Tempête dans les médias, ce vendredi matin, autour de Benoît XVI : une centaine d’articles, selon Google, traitent des réactions du monde musulman aux propos tenus par le pape mardi à l’université de Ratisbonne. Et chacun de commenter soudain un discours papal… que personne n’a lu ! Un discours important, très structuré, très précis, sur la violence et la religion, la foi et la raison, le fanatisme et le djihad, qui a fait la une de l'Herald Tribune et de nombreux journaux européens, mais qui est passé totalement inaperçu chez nous. Il faut dire que sur les 3.000 journalistes qui accompagnaient le pape en Bavière, il n’y avait que 8 Français. Résultat : quelques lignes dans Le Monde et dans Le Figaro, un commentaire dans La Croix, et c’est tout. Rien sur les radios, rien sur les télés.
Les médias français ne pouvaient pas s’intéresser, mardi, au discours du pape sur l’islam et la violence : ils étaient entièrement consacrés, ce jour-là, à commémorer l’attaque d’Al-Qaïda contre le World Trade Center...