Le blog de Bernard Lecomte

Jacques Julliard nous a quittés. Il avait 90 ans. Je l’avais connu dans les années 1980, je crois qu’il m’aimait bien. Je lisais toutes ses chroniques, qui alliaient l’engagement, l’honnêteté, la connaissance et, surtout, le bon sens. Or, dans un monde médiatique de plus en plus clivant, violent et simpliste, faire preuve de culture et de bon sens est devenu un acte courageux. Julliard, grande conscience de la gauche d’hier, n’hésitait pas à fustiger la gauche d’aujourd’hui. Sa plume va manquer au débat public – ou à ce qu’il en reste.

Ce n’est pas pour donner un conseil, loin de moi cette prétention, mais si j’étais la jeune Najat Vallaud-Belkacem, je ne rejetterais pas d’un revers de main, comme ça, hop, les réserves de Pierre Nora, Elisabeth Badinter, Régis Debray, Jack Lang, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Claude Hagège, Jean d’Ormesson, Michel Onfray ou Luc Ferry, tous opposés à sa réforme des collèges. Je ne les traiterais pas non plus de "pseudo-intellectuels". Si Hollande, Valls et les idéologues du PS pensent qu’on peut ignorer superbement l’avis de tous ces gens-là sur un sujet aussi crucial, ou les considérer comme un ramassis de racistes et de sexistes, c’est qu’ils sont devenus fous.

 Lu dans le Bien Public une longue interview de Cyril Hanouna, sacré "animateur préféré des Français", qui confie solennellement au journaliste : "Je n'aime pas l'intelligentsia !" Bigre. Dès ce soir, je vais me brancher sur D8 pour en savoir plus. Que reproche exactement Cyril Hanouna à Michel Serres et Eric Orsenna ? En quoi est-il en désaccord avec Alain Finkielkraut et Jean d'Ormesson ? Le dernier livre de BHL lui aurait-il déplu ? Hélène Carrère d'Encausse l'aurait-elle étrillé dans son dernier livre ? Michel Onfray aurait-il critiqué sa façon de présenter "Touche pas à mon poste" ?

 Retour en Bourgogne, hier, après avoir commenté sur BFM-TV les premiers pas du pape. Tombé sur Ce soir ou jamais où Frédéric Taddéi questionnait sur l’élection papale une demi-douzaine d’intellos parisiens (tous athées, c’est plus facile pour débattre) : fascinant, le mépris abyssal affiché par les Gabriel Matzneff, Claude Hagège et autres Paul Ariès à l’égard du milliard de catholiques des quatre coins du monde – des sous-hommes, des gogos, des naïfs restés au Moyen âge – qui ont applaudi l’élection de leur nouveau pape ! Sur quel Olympe vivent ces demi-dieux pour être aussi prétentieux ? Et, soit dit en passant, pour débiter autant de contrevérités en aussi peu de temps ?