Le blog de Bernard Lecomte

La France est-elle en crise ? Non. La politique, les institutions, les partis, oui ; la France, non. Les médias sont hystériques ; la population, pas du tout. A 82 %, les Français se fichent des magouilles parlementaires et des piapias partisans. Le sort des Cazeneuve, Bayrou, Castets, Faure, Bertrand ou Bardella les indiffère. Seuls les journalistes se passionnent pour les excès de LFI, les fractures du NFP, les bisbilles du PS, les calculs du RN. Vous vous rappelez le général de Gaulle expliquant que le régime des partis, en France, serait une catastrophe ?

Le journal Le Monde, à son tour, va-t-il être taxé d’extrême droite ? L’enquête Ipsos qu’il publie ce vendredi révèle deux ou trois vérités vertigineuses : d’abord, 74 % des Français jugent que LFI est bien un parti d’extrême gauche (dont 69 % des électeurs socialistes) ; 72 % l’estiment "dangereux pour la démocratie" ; 83 % ont une opinion défavorable de Jean-Luc Mélenchon (dont 68 % très défavorable) ; 7,5 % seulement des électeurs voteraient aujourd’hui pour LFI. Des chiffres d’autant plus instructifs que LFI ne cesse d’exiger que l’on respecte la "volonté du peuple" !

Marre des éléments de langage débités au mot près, à la virgule près, par les élus LFI qui défilent jour en nuit sur les écrans ! Bien plus intéressante est la lecture du blog de Jean-Luc Mélenchon, surtout quand il y menace clairement les hésitants du PS de les faire battre aux prochaines élections : ils changeront de ton "par réalisme", se moque le grand chef du NFP. Très instructive aussi la façon dont il entend instrumentaliser Lucie Castets dans les mois à venir. Dans le vide politique actuel,  Mélenchon, lui, est un vrai pro.

Le Canard Enchaîné va-t-il être taxé d’extrême droite ? Le journal satirique raconte, cette semaine, comment les élus LFI se croient au-dessus des lois. A la Réunion, c’est le député Ratenon, arrêté par les gendarmes, qui refuse un test d’alcoolémie en excipant de son immunité parlementaire. A Marseille, le même jour, c’est le député Delogu, qui se fait prendre en train de remonter une voie de bus à contre-sens. Ce sont les dignes émules de leur chef, l’ex-député Mélenchon, qui hurlait : "La République, c’est moi !"

Les stars des chaines d’info, les Praud, les Brunet, sont rentrées de vacances… trop tôt ! La situation politique est toujours bloquée ! D’où l’incroyable déferlement de piapias médiatiques dont la médiocrité fait peur : ce triste festival de blablas répétitifs, d’inepties simplistes, de poncifs approximatifs et d’insultes minables est rythmé par la même demi-douzaine de Raquel Garrido et d’Aymeric Caron qui rabâchent toujours les mêmes arguments tronqués, incultes, fallacieux voire haineux. Vivement les Jeux paralympiques !

Avez-vous remarqué que ce sont les mêmes qui expliquent que le cœur de la démocratie française est désormais le Parlement, mais qui se font fort, une fois à Matignon, de gouverner par décrets ? Les mêmes qui s’en remettent à la sacro-sainte volonté du peuple, mais qui ignorent totalement les 11 millions d’électeurs du RN ? Les mêmes qui se réclament du suffrage universel et qui veulent destituer l’actuel président largement élu, il y a deux ans, par la nation ? Les mêmes qui sacralisent le Parlement et qui appellent à descendre dans la rue le 7 septembre ?

Quand j’entends la pétulante Mathilde Panot (LFI) promettre solennellement à Assa Traoré de faire voter une loi anti-flics qui prendra le nom de son frère Adama Traoré, je me dis qu’on est mal barrés. Et que la gauche française n’a aucune chance de redevenir cette "gauche de gouvernement" qu’elle a longtemps été, tant que le sort électoral des Olivier Faure, Jérôme Guedj, François Hollande et autres Boris Vallaud dépendra de cette extrême-gauche et de son grand chef Jean-Luc Mélenchon.