Le blog de Bernard Lecomte

Requérir contre Marine Le Pen et ses assistants parlementaires une amende, fût-elle géante, ou même cinq ans de prison, cela peut faire hurler les intéressés, mais ce n’est pas choquant en soi. En revanche, je persiste et je signe : ce n’est pas à un juge, dont la seule légitimité tient au concours qu’il a réussi dans sa jeunesse, de décider à la place du peuple français de l’avenir électoral de ladite Marine Le Pen, favorite des sondages pour la présidentielle de 2027. Cette polémique-là dépasse largement, à juste titre, le cadre partisan. Rendez-vous en février !

Il y a vraiment quelque chose de choquant dans le procès à grand spectacle qui va juger la confusion, entretenue ou non, entre les assistants parlementaires français et européens des élus du Front national entre 2004 et 2016. Que cette confusion pose problème, soit. Mais que de simples juges, qui ne sont élus par personne, s’apprêtent à décider souverainement que Marine Le Pen pourra ou non se présenter au suffrage populaire lors de l’élection présidentielle de 2027, est proprement ahurissant !

La population française, politiquement secouée, se demande ce qui va se passer en cet été 2024. Mais depuis ce mardi soir, l’ensemble de la classe politique se demande, elle, ce qui va se passer en 2027 ! C’est la seule date qui compte pour Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Gabriel Attal, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Laurent Wauquiez et beaucoup d'autres. Si vous ne comprenez pas qui fait quoi, cette semaine, à l’Assemblée nationale, sautez trois ans, vous aurez la réponse !

Qui aurait pu prévoir, il y a encore trois semaines, la désespérante chute de popularité d’Emmanuel Macron ? Les Français sont déjà très inquiets de devoir choisir, le 7 juillet, entre la peste et le choléra, les voilà qui se demandent s’ils auront encore un président à la fin de l’année ! Que fera Macron face à un parlement ingouvernable, à un gouvernement de techniciens, à une Marine Le Pen pressée d’avancer l’échéance de 2027, s’il n’a plus que 20 % de popularité ? Au secours !

Pendant que se déchirent sur les retraites gouvernants aveugles et opposants hirsutes, un homme se lance dans la course présidentielle de 2027 : Bernard Cazeneuve, l’éphémère premier ministre de François Hollande. Son créneau : la gauche d’antan, celle de Jaurès et Blum, social-démocrate, républicaine, pacifiste, propre sur elle, qui ne vocifère pas à l’Assemblée et n’incendie pas les poubelles. Je suggère à Cazeneuve, pour bien se démarquer de Mélenchon, d’intituler son mouvement : "La gauche qui ne casse rien". Pas mal, ça, non ?

Depuis un an, les médias se donnent un mal de chien pour intéresser le public à la présidentielle de 2022. L'épisode Zemmour en est le dernier avatar. Or, imperturbablement, selon tous les sondages, Emmanuel Macron devrait battre Marine Le Pen au second tour de scrutin. D’où la tentation de se projeter sur le coup d’après. On sait déjà qu’en 2027, Edouard Philippe (centre droit) se retrouvera face à Laurent Wauquiez (LR) au premier tour, avant d’affronter au second tour Marion Maréchal-Le Pen (extrême droite), la gauche explosée étant toujours dans les choux. A moins qu'un troisième homme...? Vite, vite, on attend les premiers sondages sur cette hypothèse !