Le blog de Bernard Lecomte

On aime ou on n’aime pas Rachida Dati, mais on ne peut lui contester un sacré sens politique. Sa proposition de faire payer les millions de touristes qui visitent Notre-Dame de Paris n’est pas nouvelle, mais elle tombe à pic : deux mois avant la réouverture de la cathédrale, et deux ans avant… les municipales de Paris ! Comment ne pas applaudir à l’idée de voler ainsi au secours du petit patrimoine religieux qui se dégrade en France ? Une idée qui séduit beaucoup de monde, même si elle pose de multiples questions juridiques, pratiques et spirituelles…

Comme c’est curieux : Anne Hidalgo, figurez-vous, lance une croisade furibarde contre la réforme du mode de scrutin électoral à Paris, Lyon et Marseille ! Le fait que sa seule chance de conserver la mairie de Paris tienne à ce scrutin indirect et fort peu transparent y serait-il pour quelque chose ? Elle a fait 1,75 % à Paris aux présidentielles, elle a un bilan catastrophique : un scrutin au suffrage universel direct la ferait battre à plate couture. Alors, oui, on comprend qu’elle milite farouchement contre la réforme…

Vu la composition du nouveau gouvernement ? Le Maire, Darmanin, Lecornu, Dati, Vautrin… La majorité, rajeunie, s’est clairement déplacée sur sa droite, à l’image de la population française. Les héritiers de Sarkozy, Raffarin, Juppé, Borloo et  Bayrou composent désormais une majorité qui ressemble étonnamment à l’UMP de naguère. A un détail près : les LR, ou ce qu’il en reste. Eric Ciotti pense-t-il sérieusement qu’il va davantage séduire les Français que Rachida Dati, qu’il a sèchement exlue de ses rangs ? Qui, de Ciotti ou de Dati, va grignoter l'électorat du RN ?

Faut-il que je ressorte ici mon blog du 31 août dernier où j’annonçais que si le président Macron était incapable de mettre fin à la rivalité infantile entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani, il perdrait toute chance de remporter les municipales à Paris ? On se pince pour y croire, mais c’est pourtant ce qui s’est passé. A sept semaines du scrutin, la seule ville que le parti de Macron devait remporter haut la main – et qui devait faire oublier son cruel effacement dans le reste du pays – voit s’affronter Anne Hidalgo (PS) et Rachida Dati (LR) ! J’ai souvent dénoncé ici l’amateurisme politique de la "macronie", mais là, c’est le pompon !

Si l’opposition a contesté fermement la politique menée par Christiane Taubira, c’est, affirme celle-ci, "parce qu’elle est noire". Si les juges s’en prennent aux dépenses inconsidérées de Rachida Dati quand elle était garde des sceaux, c’est "parce qu’elle est arabe" (sic). Si une grande partie des parents d’élèves s’inquiètent de la réforme des collèges de Najat Vallaud-Belkacem, c’est "parce qu’elle s'appelle Belkacem" (c'est la position officielle du PS). Jusque-là, la discussion démocratique consistait à confronter des arguments et comprenait le droit de critiquer les ministres sans s'intéresser à la couleur de leur peau. Celle-ci serait-elle donc le nouveau critère de la raison républicaine ? Voilà qui me met dans une colère noire.

 Valérie a le blues. D’abord, la "première dame" a dû renoncer, par prudence, à faire de la télé sur D8 ; ensuite elle a lu, comme nous, que 67 % des Français avaient une mauvaise opinion d’elle – ce qui, évidemment, n’arrange pas ses affaires avec François. Pourtant celui-ci, pour éviter d’en rajouter, a soigneusement évité tout contact avec la rusée Ségolène à New York, la ville de tous les dangers ! Pendant ce temps-là, Nicolas, qui coule des jours heureux avec Carla, est rassuré : sa turbulente amie Rachida a levé un doute en révélant qu’aucun des frères Sarkozy n’était le père de la petite Zohra…

Mais jusqu'où iront-ils ? Ho ! Les médias sont comme les banques : à un moment, les hommes ne peuvent plus rien pour arrêter les emballements d’un système qui les dépasse. Que les radios continuent de gloser, ce matin, sur l’accouchement de Rachida Dati est insensé. Le pire étant qu’en privé, tous les journalistes que je connais sont eux-mêmes révulsés par ces excès de pipolisation exacerbée ! Il faut dire qu’ils ont été relancés, hier, par la sortie de Ségolène Royal contre Rachda Dati dans le JDD – la même Ségolène qui avait convoqué les médias, naguère, dès le lendemain de son accouchement, dans sa chambre d’hôpital : elle n’avait pas attendu huit jours, mais huit heures pour reprendre le travail !

L’affaire du mariage annulé pour cause de non-virginité me met mal à l’aise. Parce que les plus virulents à condamner le jugement de Lille sont exactement les mêmes qui contestent que l’islam pose des problèmes spécifiques à la société française. Parce que c’est la coutume islamique qu’il faut dénoncer dans cette affaire et non la loi de la République, dont on n’a pas beaucoup dit qu’elle avait été appliquée correctement, et que c’est le contraire qui eût été scandaleux. Parce que Rachida Dati, qui sait de quoi elle parle quand elle dit que la mariée s’est en bien sortie grâce à cette annulation, a été vilipendée par des tas de beaux esprits qui voient ça de leur fenêtre. Parce que l’émotion l’ayant emporté sur la raison, la pauvre fille va se retrouver remariée de force à ce mari dont, à l’évidence, elle ne voulait pour rien au monde. Qu’on aménage la loi pour éviter de la voir détournée par des usages archaïques, bon, mais pas au prix de la liberté de cette femme !