Le blog de Bernard Lecomte

Le débat politique touche le fond. Il se limite dorénavant à un mot (François Bayrou, Bernard Arnault, Sophie Binet) voire à un geste (Elon Musk) ou un "like" (le patron du groupe Ebra). Le concept est simple : on place le mot, ou le geste, ou le "like" au milieu de l’écran, et on s’étripe sur les plateaux pendant deux jours, à coup d’invectives, de menaces et d’insultes. Surtout ne pas réfléchir ! Ne pas aborder le réel ! Parce que le réel, c’est complexe, c’est nuancé, faut avoir fait des études, faut lire des livres, et tout ça, c’est dépassé…

L’info est révélatrice de ce qui se passe en Russie. L’hôpital psychiatrique régional de Kostroma, au nord de Moscou, portera désormais le nom du Pr Andreï Snejnevski, académicien et héros du travail socialiste. Snejnevski, de sinistre mémoire, c’est le psychiatre qui a envoyé dans les asiles du Goulag, sous Brejnev, les dissidents Boukovski, GorbanevskaIa, Grigorenko, etc. Que ce triste personnage soit publiquement glorifié par l’ancien agent du KGB Vladimir Poutine, voilà qui en dit long sur la Russie d’aujourd’hui.

Prenez une question politique fondamentale : faut-il ralentir l’immigration ? revoir le statut des délinquants mineurs ? repousser l’âge de la retraite ? La France est le seul pays où la question devient aussitôt : y a-t-il un espace entre les divergences internes du PS, hors NFP, qui puisse compenser la réticence du RN à dissoudre à nouveau ce gouvernement minoritaire sans que LR se détache du socle central et du Modem ? Vous comprenez pourquoi le retard de notre pays sur le reste du monde ne cesse de s’accroitre ?

François Bayrou sur l’immigration, hier, sur LCI : "Une famille d’immigrés qui débarque dans un village, cela engendre de la solidarité et de la convivialité ; trente familles, cela engendre de l’insécurité et du rejet. C’est une question de proportion". Enfin un peu de bon sens ! Ce n’est pas l’étranger qui pose problème, c’est le sentiment de "submersion". C’est tellement simple ! Tous ceux qui connaissent un peu la France seront évidemment d’accord avec ça. Ceux qui ne dépassent jamais le périphérique, non.

Ce qui frappe, chez Trump, c’est la pauvreté du vocabulaire. Cet homme-là utilise environ 200 mots courants, ce qui le rend compréhensible à tout public, certes, mais trahit aussi une inquiétante pauvreté intellectuelle. En France, une étude du Cepremag révèle que les députés de LFI sont coutumiers des interventions en 150 mots, dont nombre d’insultes, interjections, outrances et hurlements divers – pour être lisibles sur Tik-tok, paraît-il. Trump, LFI, même pauvreté sémantique ! Faut-il rappeler que le langage, dans sa richesse, a pour première fonction d’éviter de se taper dessus ?

A peine sacré président, Donald Trump a connu son premier échec. Il avait dit et répété qu’il réglerait l’affaire ukrainienne en 24 heures, il parle maintenant… de six mois ! Car Poutine se fiche bien des rodomontades de l’Américain quand il exige, comme préalable à toute entente, la "dénazification" de l’Ukraine. La quoi ? Trump est incapable de comprendre ce que cela veut dire. Comment va-t-il réagir quand Poutine lui imposera, avant toute discussion, de placer un dirigeant prorusse à la place de Zelensky ?

Mais pourquoi tant de bonnes initiatives, en France, virent au désastre administratif et politique ? Voyez le Pass culture. Une bonne idée au départ, une gabegie bureaucratique à l’arrivée. Son coût est passé de 92 millions d’euros en 2021 à… 244 millions en 2024 ! Sa gestion, financée par nos impôts, est exorbitante. Pire : les jeunes s’en servent pour se payer des mangas et des jeux vidéo. Enfin, on découvre qu’il sert à la Fête de l’Huma, mais que le spectacle du Puy-du-Fou en est exclu ! Encore un beau gâchis dont personne ne sera responsable…

Breaking news ! Les Français font de moins en moins d’enfants, ce qui va poser de sacrés problèmes financiers à l’heure où le pays est endetté jusqu’à l’os. En voilà un scoop ! Il suffit de regarder la courbe démographique depuis dix ans pour le constater. Mais c’est ainsi : il faut environ dix ans, en France, pour que les sujets les plus cruciaux émergent enfin sur les bancs de l’Assemblée et sur les plateaux télé : la lutte contre l’insécurité, la régulation de l’immigration, le droit du sol à Mayotte, le financement des retraites, et maintenant la dénatalité. Ho ! On se réveille ?

Au début, c’est simple : il y aura bientôt, en France, 2 fois plus d’inactifs que d’actifs. Si on veut éviter de baisser le montant des retraites, dans un pays endetté jusqu’à la garde, il faut augmenter le temps de travail. Jusque-là, un enfant de dix ans peut comprendre. Mais notre classe politique française est telle que tout se complique ensuite, jusqu’à ce que l’augmentation de l’âge de la retraite devienne, deux ans après une loi mal fagotée, l’enjeu principal de la censure annoncée du gouvernement Bayrou ! Etonnez-vous que 92 % des Français ne supportent plus leurs dirigeants politiques !

L’année littéraire 2024 est à peine achevée que se profile la rentrée littéraire 2025. Editeurs, libraires et journaux multiplient les bilans. Le mien, en cette fin 2024, est mitigé. Je note qu’une fois de plus, le journal Le Monde manque à ma revue de presse. Une histoire des relations secrètes entre le Vatican et la France, l’Eglise et l’Etat, la République et la religion, cela n’intéresse pas Le Monde. Je remercie d’autant plus Le Figaro, Le Point, Le Fig Mag, La Vie, L’Opinion, la Croix, le JDD, le Bien Public et tous les médias nationaux ou régionaux qui ont bien voulu informer leurs lecteurs de l’existence d’un tel livre…

Au début, on n’y croit pas. Et puis viennent les images, effarantes. Il y a vraiment eu, l’autre soir, des scènes de joie dans les rues de Paris, Lyon, Marseille, Rennes, où des jeunes décérébrés ont salué en sabrant le champagne la mort de Jean-Marie Le Pen ! Quelques centaines de militants incultes ont signifié l’abandon d’une valeur fondamentale de l’humanité, toutes civilisations confondues : le respect dû à un mort, fût-il votre ennemi. Je plains sincèrement les parents de ces jeunes crétins quand, à leur tour, ils verront la mort venir…

Prudemment, j’ai allumé ma télé. Je suis tombé sur les dirigeants du Parti socialiste qui, au sortir de je ne sais quelle réunion, tenaient exactement le même discours, au mot près, à la virgule près, qu’ils tiennent depuis le mois de juillet : "convictions", "concessions", "censure", etc. Rien de nouveau sous le soleil. Selon le sondage du Figaro de samedi, 86 % des Français pensent que le gouvernement Bayrou va être renversé. Allez, on éteint la télé et on retourne à l’écriture…