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25/05/2008

On retravaille en septembre

Marre de la célébration quotidienne, obligatoire et hystérique du cinéma à Cannes, avec ses messes profanes (on monte vers l’autel, on s’incline devant les idoles, etc) et ses défilés d’acteurs en nœud pap expliquant que leur dernier film est formidable. Heureusement, ça s’arrête ce soir. Mais aussitôt, hélas, les médias nous imposeront un autre rituel tout aussi religieux : Roland Garros ! Quinze jours d’adoration devant un écran ocre quasi immobile, quinze jours de productivité réduite dans toutes les entreprises ! Puis on aura à peine rangé les petites balles jaunes que l’Euro 2008 de football, puis, juste derrière, le Tour de France mobiliseront toutes les attentions médiatiques, juste avant que démarrent les Jeux Olympiques ! Allez, on reprendra le boulot à la rentrée !
La hausse du prix du pétrole ? Quelle hausse du prix du pétrole ?

10/05/2008

Réponse à Guy Birenbaum

Cher Guy Birenbaum,
J’ai bien reçu votre réponse. Je prends acte que vous ne voulez pas "interdire" Eric Zemmour sur le service public, et je m’en réjouis. Mais vous avez quand même déclaré, au micro de Rire et Chansons, qu’on pouvait se demander si la redevance télé servait bien à diffuser des gens comme Zemmour… ce qui, avouez-le, est un peu la même chose. Allez, disons que vous n’avez pas pu résister à une formule choc, vindicative, excessive : je ne crois pas, en effet, à vous écouter souvent, notamment sur RTL, que vous soyez partisan de l’importation en France du système nord-coréen de télévision. Je sais bien que le plaisir de la polémique, parfois, est de griller un feu rouge idéologique, ici ou là, en lousdé, et qu’on tuerait père et mère, parfois, pour un bon mot. Mais faites gaffe quand même. Sans rancune.

08/05/2008

Trostky chez les "people"

842c96ed7fe86af3e62178481281688d.jpgAprès cette "sacrée Arlette", après "ce bon vieux Georges", voici "Olivier, gendre idéal". Besancenot sera chez Drucker dimanche : pour les médias, on dirait que c’est l’événement de la semaine. Alors que Philippe Bouvard l’avait déjà invité aux "Grosses Têtes", et que le jeune trotskiste est déjà passé dans toutes les émissions de télé imaginables ! Il faut croire que Drucker a un excellent service de presse. La seule question est de savoir si le leader de la LCR sera interrogé sur son programme politique aussi radical qu’insensé, qui amènerait à faire de la France, en quelques mois, une deuxième Corée du Nord. Et Drucker, il ferait quoi, comme métier, en Corée du Nord ?

06/05/2008

Après Elkabbach, Ardisson ?

Si vous passez par Europe1, rue François 1er, mettez un gilet pare-balles : ça flingue sec dans les couloirs ! Mais tendez l’oreille, aussi, et vous aurez les réponses aux questions que tout le monde se pose. Pourquoi Jean-Pierre Elkabbach n’a pas démissionné après l’affaire Sevran ? "Parce qu’il gagne environ 70.000 euros par mois, et qu’à son âge, il a peur de manquer". Pourquoi sa rédaction, déboussolée et humiliée, a renoncé à voter une motion de défiance contre lui ? Parce que si Elkabbach s’en va, le représentant de Lagardère Active, Didier Quillot, a l’intention de le remplacer par Thierry Ardisson, ce qui tétanise, visiblement, l’ensemble des journalistes !
Conclusion pratique : si Europe1 annonce soudain la mort de Thierry Ardisson, n'en croyez rien.

05/05/2008

Mai 68, suite et fin

La grandiose commémoration de mai 68 s’achève, à peine commencée. Trois ou quatre témoignages en boucle (Cohn-Bendit, July, Weber), de vieilles photos en noir et blanc, 71 livres fort peu vendus, et basta. Je résume l’événement : un fonctionnaire de police trop zélé a donné à plusieurs groupuscules gauchistes partisans du communisme au Vietnam l’occasion de quelques manifs antipolicières violentes (une soixantaine d’heures au total) et d’un sympathique défoulement estudiantin, sociétal et sexuel, avant que les syndicats institutionnels ne récupèrent le truc pour forcer un gouvernement gaulliste paniqué à augmenter le SMIC de 35 %. Tout ça pour ça. On va voir si le cinquantenaire de mai 1958 - une date autrement plus importante pour notre pays - donne lieu à autant de fastes médiatiques…

02/05/2008

Ce bon vieux Georges !

La télé lave plus blanc. Après cette sacrée Arlette, ce bon vieux Georges : l’émission consacrée à Georges Marchais, hier soir, sur France 2, fut un nouvel exemple de révisionnisme télévisuel par omission nostalgique. Qu’il était sympa et malin, le chef du Parti communiste français ! Demandez à Duhamel et Elkabbach ! Un homme proche du peuple, roublard, d’une mauvaise foi délicieuse, qui avait compris, avant les méchants gaullistes et les horribles énarques, que la télé était un formidable outil de communication ! Pas un mot sur le soutien au système le plus mensonger de l’Histoire, l’archaïsme criminel d’une idéologie brutale et totalitaire, les fusées SS-20 pointées sur l’Europe occidentale, le goulag et les hôpitaux psychiatriques, la condamnation de Soljenitsyne et Sakharov, etc, etc. Nostalgie, quand tu nous tiens !

01/05/2008

Sacrée Arlette !

Rarement la tradition ouvrière du 1er mai n’aura paru aussi décalée par rapport à la société réelle, celle du week-end, de la bagnole et du muguet. Le comble fut, ce matin, sur RTL, l’interview d’Arlette Laguillier par Marc-Olivier Fogiel, sur un ton bisounours, façon Mère Denis : merveilleuse Arlette qui vous êtes si longtemps battue "pour vos idées" ! Des "idées" dont on ne garde bien de parler, faut pas déconner : l’appropriation collective des moyens de production par la violence armée, façon Trostsky, non mais ça va pas la tête ? En fin d’émission, allez, un peu de nostalgie, on entonne l’Internationale en riant. Sympa, Arlette. Chiche, demain, on invite le vieux Le Pen et on chante Maréchal nous voilà ! Faut dédramatiser toutes ces vieilles choses…

30/04/2008

Enquête sur les "médiacrates"

87868717e21b4ec518ea5f3ee44086eb.jpgParmi les livres qui analysent la crise de la presse en France, celui de Jean Nouailhac, intitulé Les Médiacrates (éd. L'Archipel), est impressionnant de précision et de justesse. Une citation parmi d’autres : "La plus grande partie de la presse française ne reflète que l’état d’esprit de ceux qui la font. (…) Tout ce qui dégrade la culture raccourcit le chemin qui mène à la servitude. ( …) Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques décorés du nom d’artistes, court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là même qui contribuent à sa dégradation". Le nom de l’auteur de ces lignes dira peut-être quelque chose aux jeunes journalistes : il s’agit d’Albert Camus.

29/04/2008

Plantu sauve l'honneur

En publiant son dessin d’Elkabbach dans Le Monde d'hier, Plantu a sauvé l’honneur de la presse. Dans cette désolante affaire, le divorce est frappant entre la liberté de ton de la blogosphère bruyante et hilare, et l’époustouflante discrétion de la presse classique sur la faute professionnelle du patron d’Europe 1 - lequel, dans un monde normal, aurait dû évidemment démissionner. Je ne parle pas des Morandini, Durand, Ruquier, Duquesne et autres excellents confrères d’Europe 1, tous décrédibilisés et contraints à avaler leurs micros et leurs chapeaux, mais des rédacteurs en chef des autres médias traditionnels - lesquels figurent parmi les 250 invités potentiels du beau Jean-Pierre, et font donc, depuis une semaine, comme s’ils n’avaient rien entendu. Au nom d’une éthique que je n’arrive pas bien à cerner…

26/04/2008

Elkabbach est mort !

Jean-Pierre Elkabbach est mort. Journalistiquement, bien sûr. Sur internet, des centaines de milliers d’internautes se passent et commentent l’annonce prématurée de la mort de Pascal Sevran sur ordre du patron d’Europe 1 qui n’avait pas recoupé son info. Une faute énorme, évidemment, qui décrédibilise la station pour longtemps, de la part d’un directeur qui attaquait récemment tous les sites et les blogs coupables de diffuser des infos non vérifiées ! Un stagiaire, un chroniqueur, un chef de service, un rédacteur en chef aurait été viré. Pour moins que cela, Olivier Mazerolle avait démissionné de la direction de France 2. Elkabbach, lui, reste impassible, accroché à son fauteuil. Pour combien de temps ? Vous le saurez en écoutant RTL...

25/04/2008

La voix de la France

Pour regrouper les chaînes françaises émettant vers le reste du monde (France24, RFI, TV5) la marque "France Monde" était bien trouvée. Sauf que l’avocat Gilbert Collard, au nom d’une obscure ONG qui a France et Monde dans son intitulé, exige 15 millions d’euros à la holding publique dirigée par Alain de Pouzilhac (c’est-à-dire au contribuable) pour céder ce nom pourtant banal. 15 millions d’euros ! Y en a qui se mouchent pas du pied, comme on disait jadis dans ma campagne. Aux dernières nouvelles, la "voix de la France" s’appellera donc "Audiovisuel extérieur de la France". Un nom aussi fort, aussi poetique, c’est sûr, personne ne le revendiquera. Pourquoi pas "Organisme mondial télévisuel commun" ou "Emissions françaises horizon universel lointain francophone" ?

17/04/2008

Zemmour à Dijon

77d5575a726a74d6eab637e32002970b.jpgBelle rencontre, hier, à Dijon, entre Eric Zemmour et une centaine d’amoureux du livre réunis par le Club des Ecrivains de Bourgogne. Journaliste depuis vingt ans, Zemmour est aussi un écrivain – lire, pour s’en convaincre, le début de son récent Petit Frère (éd. Denoël). Mais c’est la télé, où il excelle dans le rôle d'empêcheur de penser en rond, qui lui a donné sa notoriété. Sur la politique, le féminisme, le communautarisme, mai 68 ou l’humanitaire, Zemmour tient un discours libre, stimulant et courageux qui énerve le tout Paris politico-médiatique – lequel n’attend de lui qu’un écart, une erreur, pour écrabouiller l’infâme sous les horions du conformisme "politiquement correct".

14/04/2008

"Le Monde" à son tour...

Le Monde en grève, ce n’est pas banal. C’est la première fois que le journal qui a le plus abondamment relayé les grèves des autres depuis la guerre, subit lui-même la colère de ses propres troupes. Il y a de quoi. Un plan de 130 licenciements, dont 2/3 dans la rédac, cela fait, in fine, 25 % de journalistes en moins. De deux choses l’une : ou bien un quart des journalistes du Monde se les roulait tranquillement à l'ombre des rotatives, ou bien la qualité du journal va sérieusement s’en ressentir. Le Monde découvre brutalement ce que la quasi-totalité des journaux ont déjà vécu : le rêve, chez les actionnaires, les financiers, les contrôleurs de gestion, d’un journal sans journalistes. C’est vrai que les journalistes, c’est cher, c’est chiant, ça ne rapporte que des ennuis et même, parfois, ça se met en grève !

10/04/2008

Le Tibet, mai 68, Carla...

Retour de Rome. Dans les médias, rien, absolument rien de changé depuis cinq jours : chez Marie Drucker, les Tibétains et une rétrospective des différents boycottages des Jeux Olympiques ; chez Frédéric Taddéi, un débat sur l’anniversaire de Mai 68. Dans ma boîte aux lettres, L’Express du jour titre sur Carla Bruni, ce qu’il fait désormais toutes les trois semaines. Cela devient pénible, mais il paraît que c'est payant. Un des rédacteurs en chef de L’Express, Renaud Revel, se justifiait sans complexes, la semaine dernière, sur le plateau de Mireille Dumas : "La presse a besoin de survivre, surtout dans un contexte difficile... Le people, c’est vital pour nous !" Triste aveu : Carla fait vendre du papier, alors allons-y, faisons du Carla ! Puisque c'est vital !

21/03/2008

Morano Sarko Sado Maso

Que fait un ministre à peine nommé au gouvernement ? Il se précipite à la télé pour s’y faire humilier ! Nadine Morano, nommée secrétaire d’Etat à la Famille, n’avait-elle rien de plus urgent que d’accepter, hier, quelques heures après sa nomination, d’aller se faire houspiller au "Grand Journal" de Canal + ? Comme on pouvait s’y attendre, elle s’y est fait aussitôt brocarder par Michel Denizot, insulter par Robert Ménard, charrier par Bruno Solo, ringardiser par Miss Meteo, ridiculiser par Jean-Michel Aphatie : sa défaite aux municipales à Toul, la discrétion de la France face à la Chine, ses divergences avec ses collègues du gouvernement sur l'euthanasie, la faiblesse de Sarko face aux pressions d'Omar Bongo, elle a tout pris en pleine figure. En souriant, obligée. Et en attendant, sans doute d’aller chez Fogiel s’en reprendre une ?

19/03/2008

Sarko-Anquetil, Bayrou-Poulidor

Les médias traitent les scrutins électoraux comme des étapes du Tour de France. Avant le départ, les spéculations : celui-ci est en forme, celui-là doit conforter son maillot vert, celui-là est suspecté de dopage. Pendant l’étape, les rebondissements : un tel est sorti du peloton, un autre a raté le coche, un troisième fait la course en tête. Puis l’arrivée, les commentaires : le vainqueur lève les bras, les vaincus font la gueule, tous disent des banalités dans les micros. Et les répercussions sur le classement général, c’est-à-dire le baromètre des sondages ! Sarko-Anquetil regagne un point, Bayrou-Poulidor dégringole, Ségo-Longo joue la montre. Tout cela est facile, peinard, ludique. On se fiche de se tromper : qui a jamais reproché à un journaliste de ne pas avoir prévu le vainqueur de l’étape ? Cela n’a aucune importance, ce n'est qu'un jeu.

06/03/2008

Du neuf dans le sexe

J’adore les covers de magazine comme celle du Nouvel Obs d’aujourd'hui : "Exclusif : La nouvelle sexualité des Français". Du neuf dans le sexe, et exclusif en plus, c’est le top de l’info... depuis Cromagnon ! Cela me rappelle cette blague de garçon de bain : un groupe de copains de régiment s’amuse à énumérer les différentes façons de faire l’amour : "J’en connais 18 !" dit l’un. "25 !" renchérit un autre. "29 !" lance un troisième. Puis une grosse voix met tout le monde d’accord : "52 !!!", déclenchant les applaudissements de tous… à l’exception d’un petit timide qui, interrogé à son tour, explique piteusement qu’il n’en connaît qu’une : la dame allongée sur le dos, et le monsieur, dessus, qui… A ce moment, il est coupé par une grosse voix : "53 !!!"

03/03/2008

Mai 68, c'est si vieux !

ca52aeee277c9779af839f68a2bf260a.jpgLes émissions sur mai 68 défilent. Hier, c’était le tour de Serge Moatti sur France 5. Des poncifs éculés sur un motif poussiéreux. J’ai le souvenir d’un débat public sur ce thème, le 7 mai 2001, à Varsovie, pour lequel j’avais donné un coup de main à mon ami Adam Michnik. Il y avait là Bronislaw Geremek, Petr Uh, Alexander Smolar, et surtout, pour la première fois réunis, Alain Madelin et Daniel Cohn-Bendit, qui furent tous les deux étincelants (photo ci-dessus). Cette "première" fut un grand moment, dont les plateaux télé actuels sont de bien tristes resucées. Les centaines de gens qui avaient fait le déplacement de Varsovie, en 2001, s’en souviennent encore. Il ne manquait qu’une catégorie de participants : les médias français. Aucun n’avait daigné envoyer le moindre correspondant !

26/02/2008

Arrêtez le concours !

Traiter un abruti de "pauv’con", assurément, ce n’est pas bien, surtout quand on est chef de l’Etat. Mais que cette affaire fasse encore la une des journaux, des interviewes, des éditos, c’est insensé. Et qu’on en fasse un argument politique en faveur de Bayrou (qui, il y a peu, dénonçait les "conneries" politiques et voulait "donner un coup de pied au cul" au système) ou de Ségolène (qui vient d’adouber à Montpellier un président de région viré du PS pour sa grossièreté à l’égard des harkis et des blacks), c’est atterrant. Arrêtez le concours de médiocrité ! Sortez de cette actualité débilitante, faite de SMS volés, d’interviewes retouchées, de vidéos piratées, de débats fabriqués, de petites phrases montées, de photos floutées ! Stop !!!

21/02/2008

Christine au bûcher !

On a le droit d’aimer ou de ne pas aimer Christine Ockrent, mais tous les professionnels de la presse savent qu’elle est compétente, intelligente et bosseuse. Peu de journalistes pouvaient prétendre, comme elle, à diriger la nouvelle holding regroupant France 24, TV5-Monde et Radio France Internationale. En tout cas aucun des camarades délégués de l’Intersyndicale de TV5, du SNJ-CGT de France 3, de la CFDT-Médias ou de la SDJ de RFI, qui lui font le même procès en sorcellerie qu’ils avaient fait, l’an dernier, à Béatrice Schönberg. L’une vit avec Kouchner, l’autre avec Borloo, et alors ? Dites, les syndicalistes, et si, une bonne fois pour toutes, on se fichait complètement de savoir qui couche avec qui ?