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11/07/2008

Qu'as-tu lu, l'élu ?

Pourquoi les libraires et les éditeurs sont généralement mal vus, en province, par les hommes politiques ? Parce que libraires et éditeurs sont bien placés pour savoir que 80 % des élus locaux ne lisent jamais un livre (il y a heureusement des exceptions : en Bourgogne, j’ai les noms !) et que la culture est le cadet de leurs soucis. Surtout la littérature, qui, c’est clair, ne rapporte pas une voix aux élections. Contrairement au sport, qui a la faveur des subventions publiques : des millions d’euros sont déversés chaque année dans les stades, quasiment rien dans les livres - vous savez, ces vieux trucs en papier avec une couverture et des choses écrites à l’intérieur ! Et pourtant, avoir lu la Bible, la Constitution de 1958, Victor Hugo et les Mémoires du général de Gaulle, quand on fait de la politique, je vous jure que ce n’est pas complètement inutile.

10/07/2008

Père, pardonnez-leur...

Si j'avais le temps, j'ouvrirais ici même une rubrique régulière, de préférence hebdomadaire, sur l’inculture abyssale qui caractérise désormais les médias français en matière religieuse. Dans son blog d’aujourd’hui, le rédacteur en chef de l’Express Renaud Revel cite, dans un propos sarcastique et biscornu, l’archevêque de Paris "André 23" (sic). Quelqu'un pourrait-il expliquer à l’éminent confrère que l’archevêque s’appelle André Vingt-Trois, c’est son nom, c'est comme ça, et qu’il n’y a pas eu à Paris, comme pour les papes, une série de 23 archevêques prénommés André ! L'info de l'Express est titrée "Le pape, combien de bataillons ?". Caramba, encore raté : Staline avait demandé "combien de divisions". J'infligerais bien à l'auteur de cette double bourde deux pater et trois ave, mais j'ai peur de n'être pas compris...

09/07/2008

Le déshonneur ET la guerre

Sarko, ami de la Corse, connaissait pourtant ce vieux dicton de l’Ile de beauté : "Si tu sors ton flingue, tire, ou tu es mort !" Le président aurait dû écouter les vieux soviétologues. Face à un géant totalitaire, il ne faut pas être faible : la dictature repose sur un rapport de forces, et ne se maintient que parce qu’on en a peur. Les cocos chinois, en faisant les gros yeux, ont escamoté la question du boycott des JO, vite remplacée par celle de la cérémonie d’ouverture. Celle-ci aurait pu être symbolique, mais la désolante division des Européens l’a rendue inopérante, et fatale pour le petit chef provisoire de cette armée désunie : qu’il y aille ou non, au fond, n’avait plus d'importance. Dans ce contexte, autant ne pas y aller. Pour l’honneur. Rappelons-nous Churchill à propos de Munich, en 1938 : "Ils ont accepté le déshonneur pour éviter la guerre, ils auront le déshonneur ET la guerre".

07/07/2008

L'élitisme, voilà l'ennemi !

La gauche et la culture, parlons-en. En arrivant à la tête de Dijon, en 2001, le socialiste François Rebsamen avait déclaré que l’Auditorium (une salle de niveau international) était une réalisation "élitiste". En arrivant à la tête de la région Bourgogne, en 2004, le socialiste François Patriat avait estimé que le chœur régional Arsys Bourgogne (de qualité européenne) était une création "élitiste". En arrivant à la tête de la municipalité de Montbard, en 2008, la socialiste Christelle Sylvestre a déclaré que le nouveau musée consacré à Buffon (l’enfant du pays) était "élitiste" (elle préférerait évoquer, tenez-vous bien, le passé industrieux de la cité !). Quant au nouveau maire de Sens, le radical de gauche Daniel Paris, il vient de déclarer que l’hébergement par la ville de l’ensemble baroque La Fenice était de nature "élitiste". Camarades prolétariens, s’il vous plaît, arrêtez d’assassiner Mozart !

06/07/2008

Paris et le désert français

Il y a trois ans, j’ai publié chez Lattès un pamphlet intitulé Paris n’est pas la France. Depuis, j’ai fondé une maison d’édition régionale… et je crois que cette seule expérience va nourrir le deuxième tome de mon livre, tant le mépris des journalistes parisiens pour ce qui se fait en province est indécrottable, irrépressible, insondable ! Quel plumitif de Libération ou de l'Express va s’abaisser à signaler la sortie d’un livre aux Editions de Bourgogne ? Qu’un auteur bourguignon publie une excellente bio d’Alfred Grévin (le Plantu des années 1860, fondateur du musée éponyme) ou de Paul Bert (le Montebourg des années 1880, inventeur de la laïcité à la française), voilà qui n’entre pas dans le schéma intellectuel des confrères parisiens - trop occupés, sans doute, à rendre compte des livres importants : sur Sarko, sur Ségo, sur Carla ! C’est vrai que ces livres-là, on n’a pas besoin de les lire pour en parler…

05/07/2008

Le couac de Segolène

On ne tire pas sur une ambulance, d’accord, ce n’est pas bien, mais enfin, quand même, le couac de Ségo est époustouflant ! Au moment où, dans ce monde de brutes, une jeune femme politique sortie de l’enfer resplendit de clarté et de dignité sur tous les écrans de télé et dans le cœur de millions de Français, gauche et droite exceptionnellement confondus, voilà qu’une autre madone télévisuelle, candidate à diriger la nation, grogne misérablement dans son coin que son rival de l’an dernier, Sarko, n’est pour rien dans cette affaire, nananère et scrongneugneu. Manque d’élégance, d’abord. Manque de sens politique, ensuite. Manque de grandeur, surtout. Or, pour incarner un pays, une nation, un idéal, une espérance, il faut de la grandeur. Voyez Ingrid.

04/07/2008

Trois infos agaçantes

29f1111bc2e6425623894a5e7eb6685f.jpgDans la débauche d’articles et de commentaires qui ont suivi la libération d’Ingrid Betancourt, sujet "politiquement correct" s’il en est (demandez à Delanoë), les journalistes enthousiastes ont dû parfois déglutir avant de donner trois infos incontournables (demandez à Audrey Pulvar) :
- Indrig est une catholique très croyante, et elle a d’abord remercié Dieu et la Vierge Marie pour sa liberté ;
- sa libération est due essentiellement à une armée bien entraînée, avec de vrais militaires, aux ordres d'un président d'une rare fermeté ;
- et puis, il a bien fallu le dire, mais si, Sarkozy est un peu pour quelque chose dans cette belle victoire sur la barbarie…

03/07/2008

Ingrid libérée

...J’ai Germaine au téléphone, Germaine, vous m’entendez ? Oui, je voulais vous dire que j’ai appris la nouvelle en écoutant la radio, tout à l’heure, et que j’en ai pleuré. Vous avez pleuré, Germaine, vous étiez émue ? Oui j’étais émue et, franchement, j’ai pleuré. J’ai Manuel en ligne, vous êtes là Manuel ? Je suis là. Vous aussi, vous voulez nous dire que vous avez ressenti une grande émotion ? Oui, vous savez, je voyais les portraits d’Ingrid et je me disais que c’était très dur pour cette jeune femme courageuse... Jeanne, vous êtes là ? Oui, je voulais vous dire que j’étais très contente qu’elle ait retrouvé sa famille, c’est important la famille ! Pierre, vous êtes en ligne, vous parlez espagnol, je crois ? Oui, je suis très ému de la libération d’Ingrid, vraiment ! Merci, Pierre, pour votre témoignage…

02/07/2008

Le degré zéro de l'info

Le degré zéro de l'info, c'est cette actu brûlante, disséquée, reproduite à l'envi et débattue sur les sites les plus sérieux, du Monde à Rue89, à savoir la vidéo de l’échange qui précéda l’interview de Sarko sur France 3 lundi soir. Six minutes de rien. De moins que rien. D'abord, Sarko s'étonne que le technicien de France 3 ne réponde pas au salut du chef de l'Etat - comme quoi le militant est mal élevé, bon, ce n'est pas original. Ensuite Sarko appelle Gérard Leclerc "Monsieur Clerc", car il sait, lui, que le chef du service politique de France 3 est le frère de Julien Clerc. Enfin il suggère qu’on aborde dans l’interview le drame de Carcassonne, ce qui permettra, en effet, de faire de l’info sur un vrai sujet. Parce que cette vidéo volée qui fait tant de buzz pour rien, franchement, c’est - pour paraphraser Hugo - la fiente du débat démocratique.

01/07/2008

Petites phrases

Il y a vingt ans, Raymond Barre se voyait décerner le prix de l’humour politique avec cette phrase historique : "Quand le moment est venu, l’heure est arrivée". Il y a dix ans, Bernard Kouchner, ministre de la santé, était primé pour cette sentence définitive : "La contraception doit avoir ses règles". Cette année, c’est Borloo qui a reçu le prix pour avoir dit : "Sarkozy est le seul qui a été obligé de passer par l’Elysée pour faire premier ministre". Moi j’aurais hésité entre la déclaration de Bayrou au soir de sa défaite aux municipales : "Je vous le promets, nous aurons d’autres victoires !" (mais il est vrai qu’il plagiait involontairement la phrase de Ségolène au soir des présidentielles de 2007), et celle de Bernard Laporte, superbe, irréprochable : "Je voulais voir les Antilles de vive voix !"

29/06/2008

Europe, Europe, Europe !

J’ai bien aimé entendre le politologue Olivier Duhamel s’énerver franchement, ce matin, sur Europe 1, dans l'émission Médiapolis, contre l’immense majorité des élus et des journalistes français qui se fichent complètement de l’Europe. Et qui n'avaient absolument pas prévu le "non" au référendum irlandais. Tiens, les journalistes, si on en parlait ? Et l’animateur Michel Field d’interviewer Jean Quatremer, correspondant permanent de Libération auprès de l'Union européenne, lui-même très sévère sur la tragique absence des médias français à Bruxelles. L’un des invités demande alors pourquoi on interviewe le gars de Libé et pas celui d’Europe 1. Et d’ailleurs, la station Europe 1 a-t-elle un correspondant à Bruxelles ? Avec un nom pareil, ce serait un comble ! Le silence interminable qui suivit la boutade fut très, très pénible…

28/06/2008

Télé : la ruse de Sarko

Je rigole en écoutant tous les commentateurs s’épuiser à disséquer l’annonce par Sarkozy qu’il nommera lui-même le pdg de France Télévision. Aucun, semble-t-il, n'a flairé la ruse du chef. Je peux, moi, vous révéler la vérité. Suivez mon raisonnement : Sarko, c'est connu, n'est bon que si on lui résiste ; or la télé privée est dirigée par des gens qui sont tous des copains à lui ; reste la télé publique, mais le CSA étant entièrement à droite, il ne peut nommer qu’un homme de droite à sa tête ; le président a donc imaginé de contourner le CSA pour nommer… un homme de gauche ! Un opposant, un vrai, un pur et dur ! Un qui le critique franchement, un Hollande, un Besancenot, un Noah, un qui l'exècre et que lui-même, si possible, ne peut pas sentir : Sarkozy retrouvera alors le punch des débuts, il sera étincelant et sera triomphalement réélu en 2012. Cqfd.

27/06/2008

Loiseau des vignes

4c07df414a2da890d12251a3d5ddc911.jpgDéjeuné avec Dominique Loiseau dans son nouveau restaurant de Beaune. Voilà une femme attachante, une battante, une inventive. Non seulement elle a surmonté le drame épouvantable que fut le suicide de son mari Bernard (en 2003) en reprenant les rênes d'un groupe imposant (8 M € de CA), mais elle s’est battue pour conserver sa troisième étoile à Saulieu (grâce à son chef Patrick Bertron), tout en ouvrant un nouveau restaurant à Beaune, Loiseau des Vignes, où l’on sert les grands crus… au verre ! "Au restaurant, les gens ne choisissent pas tous le même plat, pourquoi devraient-ils boire le même vin ?" Il suffisait d'y penser. Dominique a le regard de ceux qui ont connu le pire, et le sourire de ceux qui vous offrent le meilleur.

26/06/2008

Bientôt la rentrée

Mardi, sur le campus de l’université de Dijon, intéressante table ronde du Centre régional du Livre (CRL) sur le thème "Comment préparer la rentrée littéraire ?" à destination des professionnels (éditeurs, critiques, diffuseurs, libraires, bibliothécaires, etc). Comment gérer la brutale parution des 676 romans qui vont déferler à partir du 14 août, sachant que, rien que pour les lire, il faudrait consacrer tous les jours d’une année, à raison de deux romans lus par jour ! Cette spécificité française, qui touche à l’absurde, a beaucoup de détracteurs, mais aussi quelques défenseurs : que 676 textes aient été jugés bons à être publiés est, en soi, le signe d’une société créatrice et talentueuse ! C’est vrai. Sauf qu'environ 500 de ces nouveaux romans ne seront achetés par personne et finiront au pilon en novembre…

24/06/2008

Un moment de bonheur

77d55455527edf993ccd7be0d3d4df19.jpgDimanche soir, concert "Musique et Vin" au château du Clos de Vougeot. L’endroit est, avec Vézelay et Cluny, une des trois plus belles vitrines de la Bourgogne. Une sorte d’écrin exceptionnel, préservé et magique qui valorise l’art, transcende l’homme, élève l’âme. Quelques brillantissimes solistes du Metropolitan Opera de New-York (David Chan, Nick Eanet, Deborah Hoffman) y ont interprété en virtuoses des pièces de Mozart, Glück, Saint-Saens ou Kodaly, enchantant le célèbre cellier cistercien avant qu’une dégustation enharmonique de quelques grands bourgognes couronne ce moment de pur bonheur. Le corton et l’échézeaux qui suivent Mozart, c’est encore du Mozart.

23/06/2008

Paradoxes jubilatoires

Il y a, dans l’actualité, des paradoxes jubilatoires et terriblement révélateurs. Ainsi, avez-vous noté la passion avec laquelle tous les élus verts et écolos de notre beau pays défendent soudain les bases militaires qu’ils ont vouées aux gémonies depuis des décennies ? L’acharnement avec lequel tous les idéologues de l’anti-publicité protestent contre la suppression de la pub sur France Télévision ? L’obstination avec laquelle nombre d’artistes engagés à gauche exigent des sanctions contre ces salauds de jeunes qui pompent gratuitement leurs œuvres sur internet ?
Et le quasi-boycott des économistes qui tentent désespérément d’expliquer que la hausse du prix du pétrole est le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement climatique ?

22/06/2008

On a failli parler d'Europe

Lu dans mon quotidien local, ce week-end, une interview de Pierre Pribetitch, député européen et élu dijonnais fort respectable, sur les conséquences du "non" irlandais. Enfin on va comprendre ce qui nous attend, nous autres, qui sommes autant Bourguignons qu’Européens, et comment on va tenter de conjurer cette crise dramatique. Pribetitch annonce : "Nous allons poursuivre la pédagogie et montrer quels sont les apports de l'Europe et en quoi elle appuie le développement des territoires." Bravo ! Enfin ! Alors, quelle pédagogie va-t-on poursuivre ? Quels sont-ils, ces apports ? Las ! L’interview passe très vite aux passionnantes bisbilles internes du PS, Pribetitch ayant signé un texte en faveur de Delanoë alors qu’il est adjoint de Rebsamen qui défend Royal, etc, etc, etc. Comme d'hab. Les Français sont incorrigibles.

21/06/2008

Les députés tirent la langue

Qui a eu l’idée bizarre d’inscrire le souci des langues régionales dans l’article 1 de la Constitution ? A quoi bon inscrire dans la Loi fondamentale de la République (qui stipule par ailleurs dès son article 2 que sa langue est le français) l’appartenance des langues régionales au "patrimoine" français ? Régionaliste je suis, mais je sais aussi les dangers que la mondialisation fait peser sur un pays comme le nôtre, lequel se fondrait vite dans un grand machin mercantile et américanisé s’il n’avait quelques atouts : son histoire, ses paysages, ses vins, sa gastronomie, et, avant tout, sa langue. Tout ce qui affaibli la langue française, pilier de notre unité nationale, est suspect. Je propose donc, au lieu de sacraliser ainsi le basque, le catalan et le corse, d'introduire dans la Constitution l'obligation d'enseigner l'orthographe dans toutes les écoles de la République !

20/06/2008

Les raisons du "non" irlandais

Le sondage "Eurobaromètre" révélé ce matin par le Irish Times confirme, en pire, mon blog d’hier. D’abord, 40 % des votants irlandais avouent qu’ils n’ont rien compris à ce qu’on leur demandait. 40 % ! Toutes nos félicitations aux hommes politiques, aux journalistes et aux communicants ! Ensuite, si les électeurs irlandais ont voté "non", c’est parce qu’ils avaient trois craintes majeures : que leurs impôts augmentent (84 %), que le pays perde sa neutralité (83 %), et, tenez-vous bien, qu’on les force à légaliser l’avortement, le mariage gay et l’euthanasie (59 %). Voilà l’image que l’Europe donne d’elle-même aujourd’hui : hausses fiscales, manque de fiablité militaire et mariage homosexuel ! Et voilà pourquoi nous serons incapables de faire front uni, demain, face à l’hégémonie des Américains, des Chinois et des Indiens !

18/06/2008

La démocratie, façon Ubu

Les Irlandais ont donc choisi, clairement, par 53 % des voix (soit 862 000 voix contre 752 000), de faire revenir tous les Européens au traité de Nice. Le seul hic, c’est que la proportion d’électeurs irlandais sachant ce qu’est le traité de Nice doit évoluer entre 0,001 et 0,002 %. Est-ce bien là ce qu’on appelle la démocratie ? La place et l'influence de l’Europe dans le monde peuvent-il dépendre d’un vote aussi débile ? "La stupidité n'a pas le droit de gouverner le monde", disait Renan. On peut être un vrai démocrate – c’est mon cas, je le jure – et se demander, par exemple, en voyant des dizaines de milliers de crétins hurler dans un stade de foot, par quel miracle ces gens-là deviendraient intelligents en entrant dans un bureau de vote. Est-ce bien démocratique de leur demander de juger, en conscience, un texte juridique de 300 pages rigoureusement illisibles ? Franchement ?