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30/11/2006

Le souk et l'hypermarché

La Commission européenne a suspendu le processus d’adhésion de la Turquie à l’Europe. Parce qu’elle s’est rappelée qu’on appelle cette région l’ "Asie mineure" ? Parce qu’elle juge que 70 millions de musulmans seront difficiles à absorber dans l’Union ? Parce que ce pays foule aux pieds le premier des droits des l’homme, qui est la liberté religieuse ? Point du tout : parce que le gouvernement d’Ankara refuse que les navires marchands chypriotes accostent dans des ports turcs.
La géographie, la religion, la culture, les valeurs, tout cela compte peu à côté du transport maritime de marchandises.
Le rapport entre la Turquie et l’Europe ressemble à une âpre négociation entre un souk et un hypermarché. Heureusement qu’il y a des Benoît XVI pour expliquer urbi et orbi que cette relation entre les Turcs et le reste du monde ne se limite pas à des histoires de conteneurs.

29/11/2006

Roule, pataquès !

Scoop bidon, collusion déplorable, fausse exclusivité, manips d’un autre temps. A droite, la campagne présidentielle commence par un joli pataquès ! Je résume. Un porte-flingue de Sarko et quelques directeurs de journaux de province, venus masqués, passent un deal foireux destiné à faire gagner des voix au premier, et des sous aux seconds. Objet : une interview clandestine de Sarkozy, avec embargo jusqu’à la sortie des rotatives. Une indiscrétion fait rater le coup tordu. Hurlement chez quelques confrères frustrés de ne pas être dans la combine. Hold up informatique réussi par un quotidien parisien (Libé). Hurlements chez les conjurés. Les agences balancent le copié-collé en expliquant qu’elles ont "réussi à se procurer le texte". Tant pis, celui-ci est imprimé ! Roulez, roulez, rotatives !
Ah ! J’oubliais le scoop si précieux, objet de ce peu reluisant micmac : Sarkozy sera candidat aux présidentielles. Si.

28/11/2006

Les féministes ont tout faux

Dimanche, Ségolène Royal s’est référée à la féministe révolutionnaire Olympe de Gouges, symbole du combat de la gauche pour le droit des femmes. Or, à l'attention des jeunes générations, il faut peut-être rappeler :
- que la femme votait parfois, avant la Révolution de 1789 (notamment pour constituer les Etats généraux) quand elle était chef de famille ;
- qu’en 1793, Olympe de Gouges a fini décapitée par Robespierre et ses amis "pour avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe" ;
- que ni la IIè République (1848), ni la Commune de Paris (1870), ni le Cartel des Gauche (1924) ni le Front Populaire (1936) n’ont accordé le droit de vote aux femmes, lesquelles étaient soupçonnées d’être trop réactionnaires ;
- que si la femme vote aujourd’hui, c’est grâce au général de Gaulle (1944), qui n’était pas exactement un homme de gauche !

27/11/2006

Sarko la raison, Ségo le rêve

medium_Sego.jpgConversation de table avec Jordi Pujol, ancien président de la généralité de Catalogne, vieux loup de mer de la politique, expert en campagnes électorales : "Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont tous les deux pour la rupture [à l’espagnole, il dit des "rupturistes"]. Sarkozy incarne assez bien la raison, mais il aura beaucoup de mal à faire rêver les électeurs. Ségolène suscite le rêve et l’émotion, mais elle n’est pas encore crédible sur le plan de la raison. Si elle le devient, elle l’emportera." Parole de spécialiste.
De son côté, Angela Merkel écrit, dans la bio que lui consacre Baudouin Bollaert (Au Rocher) : "La politique n’est pas affaire d’émotion". En Allemagne, c’est Sarko qui l’emporterait. Mais en France ?

26/11/2006

Un sacre très, très laïc !

Quel candidat aux présidentielles refuserait de parler à 3.600 responsables catholiques en train de plancher sur la justice ? Sarkozy est venu discuter les propositions des Semaines Sociales de France (samedi), Bayrou et Voynet aussi (dimanche). Seule Ségolène s’est défilée. Officiellement par manque de temps. En réalité, parce qu’elle ne voulait pas donner le sentiment de se rapprocher des cathos avant son sacre laïc, dimanche, par le PS. Elle a eu peur d’entrer à la Mutualité en sentant l’encens !
Déjà, dans sa notice du Who’s Who, elle fait croire qu’elle a fait ses études secondaires au "lycée" d’Epinal, alors qu’elle était interne chez les chanoinesses de l’institution Notre-Dame. Est-ce pour ne pas effaroucher les franc-macs, bouffe-curés, laïcards, anticléricaux et autres libres-penseurs du PS ? Ou aurait-elle un contentieux à régler avec les bonnes sœurs, la Madone du chabichou ?

25/11/2006

Les enfants du petit Larousse

A Toucy, ce soir, dans la grande salle de l’Hôtel de la Ville d’Auxerre - ancienne station de diligence sur la route d’Auxerre où est né Pierre Larousse - un fondu de dicos, Jean-Claude Raimbault, présentait son livre sur Les disparus du XXè siècle. Il parle, bien sûr, des mots du Petit Larousse illustré qui ont disparu ou changé d’usage au gré de l’évolution des mœurs.
Exemple. En 1906, pour illustrer le mot "demander", le petit Larousse suggérait : "demander en mariage". Cent ans plus tard, ses rédacteurs ont choisi : "demander le divorce". De même, dans l’édition de 1906, pour expliquer la mot famille, on indiquait : "famille nombreuse". Un siècle plus tard, on propose : "famille recomposée". Magnifique, non ?

24/11/2006

Un Polonais qui décoiffe

Ce matin, en ouverture des Semaines Sociales de France consacrées à la justice, à la Défense, le polonais Bronislaw Geremek, a rappelé aux 3.600 participants quelques vérités premières :
medium_Geremek.jpg 1. Si les disparités s’accroissent entre riches et pauvres, il ne faut pas oublier que la tendance générale, dans le monde, est au recul de la pauvreté.
2. Comme l’a montré l’Américain John Rawls, certaines inégalités sociales peuvent être utiles à l’amélioration du sort des plus démunis.
3. L’Union européenne (surtout depuis le sommet de Lisbonne) est incontestablement plus "sociale" que les Etats nations qui la composent.
Interpellé, en retour, sur le « non » français au référendum européen de 2005, Geremek s’est contenté d’affirmer avec force : "Eh bien vous avez eu tort !"

23/11/2006

Faut que ça pète

A droite, Chirac est discrédité. A gauche, les éléphants sont morts. Une nouvelle génération arrive, qui, pour se distinguer de la précédente, promet la rupture avec le passé. Dans notre vieux pays incapable de réformer quoi que soit, Ségo et Sarko assurent, l’un et l’autre, qu’ils vont tout casser, nom de Dieu !
Pauvre François Bayrou, obligé, pour ne pas être occulté par ce duo de révolutionnaires débridés, d’en rajouter ! Son livre s’appelle : "Au nom du tiers état". L’un de ses adjoints, François Sauvadet, s’exclamait l’autre jour, à Dijon : "Le peuple est en colère !" Son bras droit Marielle de Sarnez, quelques jours plus tard, voulait "en finir avec l’ordre établi !" Bigre.
Si Bayrou cherche un slogan pour 2007, il reste encore "C’est la lutte finale", "Feu sur le quartier général" ou "La Révolution ou la mort".

22/11/2006

Thomas qui ?

Il y a quelques jours, à Dijon, était lancée la "Ségosphère", une plateforme internet de soutien à Ségolène Royal destinée aux jeunes "qui ne croient plus en la politique" et "qui ont en eux la révolte". Une sorte de fan club branché, plutôt sympa, qui promet de relayer les propositions des jeunes internautes vers la future présidente...
L’initiateur de ce site a 21 ans. Il vient d’adhérer au PS. Il veut "que la jeunesse soit considérée autrement" et faire avancer sur l’internet la "démocratie participative". Il a l’air très bien, ce jeune homme. Il semble sincère, motivé. Et puis, il a l’air d’être vraiment convaincu de la nécessité de soutenir sa candidate préférée.
Il a un drôle de nom. Il s’appelle Thomas Hollande.

21/11/2006

La fête des maires

medium_Mairie.jpg On ne plaisante pas avec les élus locaux : Chirac, Villepin, Sarkozy et une quinzaine de ministre le savent bien, qui rendront visite en grande pompe, aujourd'hui et demain, au congrès de l’Association des maires de France.
Tous expliqueront avec emphase que le maire, plus que jamais, représente la face humaine de l’Etat. Tous feront remarquer que le maire est le seul responsable politique dont la cote soit positive.
Mais aucun ne dira que, sur 36.000 maires, 24.000 ne servent à rien, ou quasi, dirigeant des communes rurales de moins de 700 habitants où leur seul rôle se limite à la recherche de quelques subventions pour refaire un monument aux morts ou un abribus pour les scolaires. Leur seule vraie responsabilité, à ces maires-là, c’est de désigner leurs délégués au… conseil de la Communauté de communes, où se traitent tous les problèmes locaux !

20/11/2006

Du neuf avec des vieux

Au printemps dernier, Ségolène Royal avait lâché à L’Express, hors interview, une confidence capitale : si elle gagne en 2007, elle composera un gouvernement "sans aucun ancien ministre".
Magnifique, Ségo ! Sauf que le jeunisme, c’est bon pour les campagnes électorales, pas pour gérer les affaires du pays. Qu’on se rappelle l’expérience de François Mitterrand en 1981. L’enthousiasme des petits nouveaux, pleins de bonnes idées, faisait plaisir. J’entends encore la ministre des Sports, Edwige Avice, annonçant que le Tour de France se ferait désormais sans publicité ! Qu’est-ce qu’on a ri !
En revanche, la seule grande réforme de structures – la décentralisation – qui soit passée sans encombres, cette année-là, c’est à Gaston Defferre qu’on la doit. Un vieux de la vieille, formé sous la IVème République, qui savait, lui, que la France ne se pilote pas comme un vélosolex.

19/11/2006

Propos à la Frêche

Georges Frêche a encore frappé. Le président de la région Languedoc-Roussillon, éminence locale du PS, a déploré que dans l’équipe de France de foot, il y ait "neuf blacks sur onze", ce qui est "une honte pour ce pays". Dans une conférence de presse, il a corrigé le tir : ce qui est déplorable, à ses yeux, "ce n’est pas qu’il y ait trop de Noirs, mais qu’il n’y ait pas assez de Blancs". Sic.
Qu’un haut responsable du PS traite Jean-Paul II d’ "abruti" et les harkis de "sous-hommes", cela aurait déjà dû pousser les hiérarques socialistes de sa région à se débarrasser, sans barguigner, de ce malotrus raciste et infréquentable.
Et cette fois ? Tenez-vous bien : François Hollande a annoncé qu’il allait saisir la commission des conflits du PS. Ouh la la !

18/11/2006

L'Europe unie

medium_logo_UE.jpg Le 25 mars prochain, on fêtera le 50ème anniversaire de la signature du Traité de Rome. A Bruxelles, pour l'occasion, on a décidé d’imaginer un logo. Réunions, colloques, bureaucratie, traductions, concours, jury international, etc. Résultat : un ensemble de lettres multicolores qui composent le sigle T.O.G.E.T.H.E.R. Le mot anglais !
Mais bien sûr, s’empressent de préciser les commissaires européens, chacun pourra le traduire dans sa propre langue ! Pour célébrer l’union, bravo. Les Français éructent, évidemment. Tout comme les Allemands, qui présideront l’Union Européenne le 25 mars prochain, et qui ont décidé d’ignorer ce logo.
Coût de l’opération : 200.000 euros. Même divisés par 25, cela fait T.O.O.M.U.C.H. !

17/11/2006

Historique pour qui ?

"Historique", le choix de Ségolène comme candidate du PS pour 2007 ? C’est oublier Golda Meir (Israël), Indira Gandhi (Inde), Evita Peron (Argentine), Benazir Bhutto (Pakistan), Mary Robinson (Irlande), Vigdis Finnbogadottir (Islande), Gro Harlem Bruntland (Norvège), Hanna Suchocka (Pologne), Margaret Thatcher (Royaume Uni), Michelle Bachelet (Chili), Angela Merkel (Allemagne), qui ont toutes été beaucoup plus loin en politique - et j'en oublie !
Cela fait aussi sourire, en France, les Arlette Laguillier (LO), Marie-George Buffet (PCF), Dominique Voynet (Verts), Michèle Alliot-Marie (UMP), Françoise de Panafieu (UMP), etc, sans parler de Simone Veil (UMP) et Nicole Fontaine (UDF), ex-présidentes du Parlement européen !
Pour l’instant, restons calmes : ce n’est un événement que dans le cadre archaïque et machiste du Parti socialiste français...

16/11/2006

Sexus politicus

Lu le livre de Deloire et Dubois, Sexus Politicus (Albin Michel), qui fait un malheur en librairie. C’est un vrai document d’investigation, malin et bien écrit. Pas très respectueux, mais c’est la loi du genre. Il manque des noms, visiblement rayés par un avocat, mais il reste suffisamment d’indices pour en découvrir de belles.
Quand on referme l’ouvrage, on se dit qu’il manque, quand même, un chapitre sur les hommes politiques qui ne trompent pas leur femme. Si ! Il y en a !
Mais on pardonne aux auteurs, rien que pour avoir rapporté quelques magnifiques et épouvantables bons mots. Dont cette perle, lâchée naguère dans un cocktail par Edgar Faure, obsédé sexuel notoire, à une jolie dame appuyée contre la cheminée du lieu :
- Si c’est pour moi, pas trop cuit !

15/11/2006

Une idée monumentale

En cherchant bien, on trouve toujours de bonnes idées pour améliorer la conduite des affaires publiques. Ainsi, enfoui dans le rapport d’une commission sénatoriale qui montre que l’Etat ne peut plus assurer la pérennité du patrimoine architectural, il est proposé de ponctionner pour cette tâche… 1 % des bénéfices de la Française des Jeux.
On appréciera la proportion, révélatrice de l’époque : 1 % ! Un petit pourcent prélevé sur la gigantesque montagne d’or (9 milliards d’euros par an) constituée sans efforts sur la crédulité de millions de gogos bernés par de cyniques vendeurs d’espoir opérant pour le compte de l’Etat !
On leur doit bien ça, auxdits gogos : s’ils s’entêtent à plomber bêtement leur avenir, gardons-leur au moins un passé !

14/11/2006

Front commun

Mmes Buffet et Autain, MM. Besancenot et Bové, et quelques autres, se disputent avec fougue l’honneur de conduire, en 2007, le rassemblement des antilibéraux et des altermondialistes. C’est à celui qui s’en prendra avec le plus de virulence "aux libéraux mondialistes à la solde du Medef", à la "mondialisation sauvage" qui produit "chômage de masse, pauvreté, assistanat, travail clandestin et stagnation des salaires", à celui qui défendra le mieux tous les "sacrifiés sur l’autel de la mondialisation, des stock-options, des copains du Medef et des fonds de pension", notamment les ouvriers "rebelles aux restructurations et aux délocalisations" et les fonctionnaires "victimes de la destruction des services publics" !
La lutte finale, quoi. Pour information, toutes ces citations sont tirées du discours prononcé dimanche, au Bourget, par Jean-Marie Le Pen. Bon courage, camarades !

13/11/2006

Les gladiateurs modernes

Intéressante interview de Mgr di Falco par Henri Tincq, dans Le Monde de lundi, sur la télévision triomphante qui, plus que jamais, brutalise les individus et fait commerce, sans vergogne, de leur intimité.
Il a raison, l’évêque de Gap : dans les nouveaux "jeux du cirque" qu’incarnent les médias, les "gladiateurs" modernes sont tous ces gens qui viennent en plateau se faire laminer, insulter, déshabiller, broyer, humilier, ridiculiser : de Koh Lanta à la quotidienne de Jean-Luc Delarue, des invités de Stéphane Bern aux victimes du jeu d’Arthur, des Z’Amours aux candidats de la Nouvelle Star, ces esclaves qui s'ignorent jouent leur dignité et leur intimité dans l’espoir de gagner notoriété et argent. A la fois voyeur et exhibitionniste, impudique et cruel, le peuple rassemblé devant l’écran exige, le pouce vers le bas, du sang et des larmes.
On n’a pas progressé depuis Néron.

12/11/2006

35 heures ? Ca va pas, non ?

L’affaire des propos imprudents tenus par Ségolène Royal sur le temps de travail des enseignants fait l’effet d’un séisme politique : quel est le traître qui a balancé le propos sur l’internet ? L’enregistrement est-il tronqué ? DSK va-t-il profiter de ce coup bas ? Les journaux, les télés, les radios en sont pleins !
Or, la vraie question est : pourquoi l’affaire a-t-elle pris soudain une telle ampleur ? Pourquoi le simple fait de suggérer que les enseignants travaillent davantage ébranle-t-il les fondements de la République ?
Je sais bien que les profs travaillent plus de 18 heures, qu’il y a les copies à corriger, des réunions avec les parents, etc, etc. Mais y a-t-il une autre profession où l’idée de travailler 35 heures est aussi indécent, sulfureux, insensé, scandaleux, monstueux, affolant, explosif ?

10/11/2006

Hans Küng sur Europe 1

Bravo à Jean-Pierre Elkabbach pour avoir invité à son micro le théologien suisse Hans Küng. C’est moins sexy que Brice Hortefeux, Dominique Voynet ou Jean-Paul Huchon, chacun le comprend ! Mais ce que raconte cet ancien ami et rival de Joseph Ratzinger, lequel l’a longuement reçu à Castel Gandolfo l’an dernier, nous change un peu de la bouillie électorale française. Voilà quarante ans que ces deux anciens collègues de l'université de Tübingen traitent de façon contradictoire, voire conflictuelle, les grands sujets de notre époque - l'Eglise, la paix, la liberté, le dialogue interreligieux - et leurs échanges sont particulièrement stimulants.
Mais pourquoi faut-il que l’ami Jean-Pierre, souvent excessif, toujours manichéen, qualifie Hans Küng de "plus grand théologien vivant", et Benoît XVI de "pape d’extrême-droite" ?