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31/10/2006

Le sang des Hongrois

En ces temps d’euroscepticisme, peut-être faut-il rappeler que la répression de l’insurrection de Budapest par les chars soviétiques, en novembre 1956, donna l’impulsion décisive à la création du Marché commun, ancêtre de l’Union européenne.
Dans un article intitulé Le sang des Hongrois, Albert Camus évoquait l’Europe en appelant à "ne jamais trahir, chez nous et ailleurs, ce pour quoi les combattants hongrois sont morts, à ne jamais justifier, fût-ce indirectement, ce qui les a tués. Nous aurons bien du mal à être dignes de tant de sacrifices. Mais nous devons l’essayer dans une Europe enfin unie, en oubliant nos querelles, en faisant justice de nos propres fautes, en multipliant nos créations et notre solidarité".
C'est cette solidarité qui allait encore, trente ans plus tard, en Pologne, faire avancer l’Europe et la liberté…

10/10/2006

La paix, c'est fragile !

Suite du colloque de Clermont-Ferrand sur le Traité de Rome. Entre l'assassinat d'Anna Politkovskaïa à Moscou et la menace nucléaire en Corée du Nord, une question vient naturellement à l'esprit : les Européens - notamment les Français - sont-ils bien conscients de vivre depuis 50 ans sur un extraordinaire ilôt de paix et de prospérité ? Pensent-ils, surtout, que cela s'est fait tout seul ? Ou, pire, que la paix en Europe est un acquis définitif ?
Les 340 lycéens présents au colloque ont écouté ce discours-là avec attention. Il faudrait adapter et populariser, pour tous ces jeunes, la formule de Kennedy : "Ne vous demandez pas ce que l'Europe peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l'Europe !"

09/10/2006

Quid du Traité de Rome ?

Intéressant colloque sur le Traité de Rome, à Clermont-Ferrand, à l’initiative de la Conférence des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE). Heureusement qu’il reste encore quelques cathos pour se préoccuper de l’état de l’Union européenne à quelques mois du 50ème anniversaire du traité, le 25 mars prochain.
Le plus passionnant, dans ces rencontres, ce sont les témoignages des représentants venus des différents pays membres : à les entendre, leur adhésion - en fonction des époques et des situations nationales - aura été un formidable passeport pour la paix, pour le développement, pour la démocratie ou pour la justice.
Au fond, tout le reste est secondaire.

28/09/2006

Des nouvelles du pape ?

Etonnant, le manque d’intérêt des dirigeants et des médias français pour les suites du séisme provoqué par la désormais célèbre conférence du pape à Ratisbonne. A titre de comparaison, la chaîne Al Jazira a retransmis intégralement, en direct, l’audience historique accordée lundi par Benoît XVI à vingt-deux ambassadeurs de pays musulmans, qui s’est terminée par des applaudissements nourris.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Baroso, a vivement regretté le silence des dirigeants occidentaux après ce qui a été présenté chez nous – un comble – comme une maladresse du pape. Face à cette dérobade collective, demande Baroso, sur qui les musulmans modérés vont-ils s'appuyer pour défendre le principe de raison auprès de leurs coreligionnaires extrémistes ?

27/09/2006

Bienvenue aux Bulgares et aux Roumains !

J’ai honte. L’entrée des Bulgares et des Roumains dans l’Union européenne aurait dû être saluée par les hommes politiques et les médias français avec des cris de joie et des salves d’applaudissements, et non par des réserves corporatistes, des contorsions minables et des précautions hypocrites : "Est-ce bien raisonnable ?" "Ces gens-là sont-ils fiables ?" "Avions-nous bien été prévenus ?"
D’abord, si la population a l’impression de tomber de l’armoire, c’est précisément la faute de tous ces parlementaires et éditorialistes qui se sont gardé d’aborder le sujet depuis la signature par la France, en avril 2005, du traité qui prévoit l’entrée de ces deux pays le 1er janvier 2007.
Ensuite, quand on se rappelle que ces Européens-là ont subi pendant plusieurs décennies la double dictature de Todor Jivkov (en Bulgarie) et Nicolae Ceausescu (en Roumanie), la moindre des choses est de leur tendre la main au lieu de les traiter comme des lépreux !

25/09/2006

Ségolène a 53 ans

Bon anniversaire, Ségolène ! 53 ans, déjà ! Pourtant elle fait bien jeunette, la pimpante Madame Royal, au milieu de son troupeau d’éléphants cacochymes. Mais bon : dans notre vieux pays, c’est l’âge auquel, souvent, on commence une carrière politique nationale…
Or , il faut la mettre en garde, la jeune et sémillante candidate à la présidence ! Si elle est élue, elle va être surprise de rencontrer, lors de son premier Conseil européen, le chef du gouvernement espagnol (46 ans), le premier ministre d’Estonie (50 ans), la chancelière allemande (52 ans), les premiers ministres de Finlande (51 ans), de Grèce (50 ans), de Hongrie (45 ans), de Lettonie (40 ans), du Luxembourg (51 ans), des Pays-Bas (50 ans), du Portugal (49 ans), de Slovaquie (42 ans), de Slovénie (41 ans), de Suède (41 ans), de République tchèque (50 ans), etc.
Sûr que ça va la changer de Chirac et de Jospin !

09/09/2006

Les racines chrétiennes de l'Europe

Le pape a été accueilli ce samedi, à Munich, par Angela Merkel, chancelière d’Allemagne. Pour cette fille de pasteur protestant, la constitution européenne devrait être un "contrat lié au christianisme et à Dieu, car le christianisme a formé l’Europe de manière décisive". Un langage qui ne choque personne outre-Rhin, mais qui ne passe pas en France. Au propre comme au figuré : vous avez entendu les médias aborder ce sujet, vous ?
Moi, je suis bourguignon. Quand je rentre d’une réunion organisée dans le sud de ma région, je passe successivement au large de Cluny, Taizé, Citeaux, Fontenay, Vézelay et Pontigny avant de regagner mon village, qui s’appelle Saint-Denis. Et je m'interroge : ceux qui n'admettent pas que l'Europe aient des "racines chrétiennes" n'ont donc jamais visité la France ?

15/08/2006

Chirac s'en fiche

Lu avec intérêt le livre de Bernard Billaud, ancien dircab de Chirac, intitulé D’un Chirac l’autre (Editions de Fallois). Le chef de l’Etat n’y apparaît pas, sur le long terme, comme un modèle de solidité idéologique et de constance intellectuelle.
Ainsi, cette note de 1979 où Chirac, maire de Paris, défend farouchement le principe de la reconnaissance par la France du génocide arménien, et qui se termine royalement par : "Je me fiche des Turcs !". Pas mal. Sauf que c’est le même homme, président de la République, qui a plombé le référendum européen du 29 mai 2005 en prônant mordicus, contre l'avis de 70 % de ses compatriotes, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
On recherche une note signée JC et se terminant par "Je me fiche des électeurs !".

01/08/2006

La PAC, c'est le bouquet !

Si vous empruntez la petite route qui relie La Ferté-Loupière à Saint-Romain-le-Preux, aux confins de la Puisaye, dans l’Yonne, ne ratez pas le champ en jachère qui suit, sur la droite, le dernier virage avant la nationale. Arrêtez-vous sur le bas-côté, entrez dans la prairie et composez donc un joli bouquet de fleurs des champs. En toute liberté. Gratos. Centaurées, cosmos, eschositzias, œillets, lavatères, soucis, zinnias : servez-vous ! Ad libitum !
Voilà une initiative qui rassure sur l’avenir du genre humain. Au lieu de laisser dauber les méchantes langues sur les subventions européennes qu’ils touchent pour ne pas cultiver leurs terres, les agriculteurs d’ici transforment leurs jachères obligatoires en tapis de fleurs multicolores, vivantes et libres de droit. Histoire de montrer que l’argent de la PAC ne profite pas qu’à eux. Astucieux, non ?

09/07/2006

Trieste, une leçon de science po

A tous ceux qui se fichent de la politique, je conseille d’aller visiter Trieste. Cette cité qui ressemble un peu à Marseille tint sa richesse de ce qu’elle fut naguère le seul port austro-hongrois sur la Méditerranée, ouverte à tous les vents européens. A la chute de l’empire, les irrédentistes (autonomistes) italiens la réduisirent au statut de ville frontière : fin de la prospérité. Au temps du communisme, elle fut acculée à la muraille infranchissable qui isolait l’Europe de l’est de l’Europe de l’ouest : quatre décennies d'étouffement. Après le démembrement de la Yougoslavie, l’entrée de la Slovénie voisine dans l’Union européenne lui valut un retour aux échanges et au développement.
Depuis deux ans, Trieste est à nouveau une ville ouverte aux camions, aux bateaux, aux touristes, aux artistes, aux jeunes venus de tous les horizons. Cela se voit à l’œil nu. Comme une leçon de science politique à la portée du premier vacancier venu.

20/06/2006

L'Europe ? Quelle Europe ?

Le dernier Conseil européen n’a pas suscité beaucoup de comptes-rendus dans les médias. Seul l’anniversaire du référendum du 29 mai, quinze jours plus tôt, avait donné lieu à quelques papiers nostalgiques regrettant le "non" français au projet de constitution européenne. On a peu entendu les promoteurs du "non". On attend toujours que Mme Buffet, M. Le Pen, M. Fabius et M. de Villiers nous sortent leur "plan B" pour l’Europe.
C'est désolant. Les Français se contrefichent des conséquences de leur vote de l’an dernier. Ils se moquent qu'à Bruxelles, l’influence française soit réduite à néant dans des domaines aussi importants que la coopération policière, la recherche scientifique ou la politique énergétique. Ils ignorent superbement les 15 pays qui ont approuvé, eux, le projet de constitution européenne et qui ne voient pas pourquoi ils subiraient les aléas de la politique hexagonale.
Les Français, il est vrai, ne peuvent pas s'occuper de tout : hier, le pays entier s’est passionné pour un match de foot opposant la Suisse et le Togo. On a les passions qu’on peut.