Le blog de Bernard Lecomte

Cette nouvelle-là, gageons que vous ne la lirez nulle part. On a retrouvé le tombeau de saint Philippe. A Pamukkale, l’ancienne Hierapolis, en Turquie. Une mission archéologique italienne, sur place depuis 1957 (!), a retrouvé le chemin que les pèlerins parcouraient jadis pour aller prier sur la tombe de l’apôtre, puis les vestiges de la basilique qui y fut érigée. Oui, je sais, les restes d’un des douze fondateurs de notre civilisation, tout le monde s’en tape. Et pourtant, quand je vois le prix que certains sont prêts à mettre pour un bouton de guêtre de Napoléon, une corde de guitare d’Elvis Presley ou une petite culotte de Madonna…

Le melon commence à me courir. Pourquoi, depuis ce printemps, ne trouve-t-on plus de bons melons ? Pourquoi les melons qu’on achète ici, au centre de la France, au cœur d’un pays fier de sa gastronomie et lui-même producteur de melons, sont-ils tous aussi fades que si c’était de la courge ? Pourquoi un 30 juillet, donc en pleine saison, à l’Intermarché de Charny, ces sympathiques cucurbitacées ont-elles un vieux goût de flotte ? Question subsidiaire : pourquoi ces banals melons sortant de je ne sais quel entrepôt frigorifique, sans sucre ni parfum, coûtent-ils 3,30 euros la pièce ? Si vous avez la réponse…

Bien vu, le petit répertoire du verbiage politicien dressé par Jean-Claude Guillebaud dans le dernier numéro de La Vie. Je le résume. Quand un homme politique vous dit qu’il entend "faire en sorte que", c’est qu’il ne sait pas comment le faire. Quand un candidat s’engage à "créer les conditions de", idem, il sait qu’il n’arrivera à rien. Et quand on abuse de l’expression "d’une certaine manière" c’est qu’on ignore quelle est la bonne manière. J’ajouterai, pour ma part, l’expression "j’ai envie de dire", qui fait comprendre qu’en réalité on parle un peu au hasard. JCG écrit que ce verbiage est le "messager du rien". J'achète.  

Marre de la politique. Retour à l’essentiel. Nous avons récolté aujourd’hui les dernières groseilles. D’habitude, on les déguste direct au dessert en les mélangeant à des framboises, mais la pluie et le froid ont quasiment tari le framboisier. Le mauvais temps a aussi ralenti le mûrissement des mirabelles. Heureusement, les fraisiers plantés en novembre continuent de donner, eux, pour le grand bonheur des merles, tandis que les poires s’annoncent en nombre, comme les noix et les mûres. Et on pourra toujours compter sur les pommiers, à partir de septembre : des valeurs sures, les pommiers ! 

J’ai connu et aimé la Norvège pendant quelques mois, il y a fort longtemps. J’en avais même appris la langue. C’est un pays magnifique, tranquille, cultivé, ouvert sur le monde. C’est une monarchie beaucoup plus démocratique que bien des républiques. Je suis sûr que les Norvégiens, journalistes compris, vont réagir à leur malheur avec dignité et retenue. Qu’ils n’en oublient pas, quand même : qu’une police incapable d’intervenir rapidement dans un lieu aussi proche de la capitale du pays, cela exige un vrai débat ; qu’un cinglé total qui tue par haine de l’autre ne mérite pas qu’on prenne au sérieux ses explications...

Encore un mot sur les primaires du PS : tant qu’elle sera bêtement traitée à coup de sondages débiles, cette pré-campagne présidentielle restera une banale course de petits chevaux sans intérêt. Si les journalistes politiques faisaient leur métier, ils constateraient que, mine de rien, Martine Aubry séduit les bobos, les femmes, les homos, les intellos et les chrétiens de gauche, tandis que François Hollande bénéficie, grosso modo, du soutien des cadres du parti, des parlementaires, des élus locaux et des francs-maçons. Difficile de mesurer tout cela. Mais, vu ainsi, c’est un peu plus intéressant, non ?

François Hollande affirme qu’il est victime d’une "manipulation politique". Faut-il rappeler que le lien entre l’ex-premier secrétaire du PS et l’affaire DSK-Banon a été révélé dans un livre intitulé Sexus Politicus paru en… 2006 ? Or, à cette époque, Hollande ne faisait même pas partie des candidats potentiels du PS aux présidentielles ! Que la justice veuille savoir qui était au courant, à la tête du PS, d’une tentative de viol présumée d’un de ses dirigeants, c’est un tout petit peu normal, non ? Et si certains journaux s’en délectent, ce n’est pas le fait de la CIA, du KGB ni de l’UMP ! Il faudrait que les dirigeants du PS se défassent de leur habitude de crier au complot…

Martine Aubry, à Avignon, a promis d'augmenter de 30 à 50 % le budget de la culture. Ben tiens. Hop. Abracadabra. Et, surtout, vous pensez, bien sûr, sans augmenter les impôts ! Ce n'est pas compliqué, une campagne électorale : on promet à toutes les catégories de leur donner plus d'argent. Aux cultureux à Avignon, aux viticulteurs à Montpellier, aux ostréiculteurs à Oléron, etc, etc. Attention, hein, on dénonce aussi, d'un ton indigné, l’endettement gravissime de notre pays. Mais ça, c’est pas pareil, c’est la faute à Sarkozy. Qui n’a même pas été fichu, lui, quel scandale, d’augmenter le budget de la culture, hop, de 30 à 50 % !

Anne, la mère de Tristane, a décidé de dire la vérité au juge : elle aussi a eu une aventure sexuelle avec Dominique, son ancien camarade de parti. C’est aussi pour cela qu’elle avait dissuadé Tristane de porter plainte contre Dominique après que celui-ci eut tenté d’agresser la jeune fille dans sa garçonnière. Anne s’en veut d’avoir alors demandé à Brigitte, la deuxième femme de Dominique, elle-même marraine de Tristane, de convaincre celle-ci de ne rien dire. François, qui dirigeait le parti à l’époque, va devoir expliquer au juge pourquoi il avait choisi de régler l'affaire en interne. Pendant ce temps, au Cap Nègre, Carla entame son cinquième mois de grossesse…

Rapide incursion, ce matin, dans l’actualité… pour entendre que toute la gauche éructe contre François Fillon qui a dénoncé la grosse bourde d’Eva Joly à propos du 14 juillet. Personne n’est dupe, évidemment. Le PS, pour récupérer les voix d’Eva Joly en 2012, devra en faire un ministre de la République, ce qui va poser, dans ces conditions, un léger problème ! Alors on vocifère et tonitrue, ouh ! ouh ! pour étouffer le bruit de la grosse bourde : Fillon est contre les femmes, contre les Scandinaves, contre les binationaux, ouh ! Encore heureux qu’Eva Joly ne soit pas noire ou homosexuelle, le Cran et ActUp exigeraient aussi la démission immédiate du premier ministre ! Que c’est triste, la politique, l’été… 

Eva Joly veut supprimer le défilé du 14 juillet, cette manifestation militariste d’un autre âge. Bon. Mais il faut qu’elle soit cohérente. Il lui reste encore, avant 2012,  à interdire le Tour de France, emblème du capitalisme franchouillard ; à raser les châteaux de la Loire, résurgence populiste de la féodalité inégalitaire ; à supprimer la fête de Noël, odieux symbole de l’obscurantisme religieux ; à censurer la Marseillaise, ce chant guerrier sanguinaire ; et à interdire les aventures d’Astérix le Gaulois, ce manifeste impérialiste et réactionnaire !

Bizarre, cette histoire de "rumeurs" que Martine Aubry dénonce aussi spectaculairement. Pourquoi s’en fait-elle le relais ? Elle sait bien, pourtant, que les rumeurs sont inévitables dans toute présidentielle, et qu’elle ne fait ainsi que les propager : tiens, j’ignorais pour ma part qu’on la traitait d’ancienne alcoolique ! Et si elle cherchait à enfumer toutes les infos plus ou moins vraies venant de sa ville de Lille ? Que son compagnon soit islamiste, c’est une rumeur, certes ; mais qu’elle ait ouvert, là-bas, une piscine réservée aux femmes musulmanes, ce n’en est pas une, si ?

"On ne naît pas femme, on le devient". Qui aurait pensé que cette ânerie de Simone de Beauvoir deviendrait vérité officielle ? Car l’insidieuse théorie du gender figure désormais dans les manuels scolaires ! Ainsi lit-on dans le manuel Hachette des Sciences de la Vie et de la Terre : "Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin". Ben tiens. Bientôt vous entendrez ce dialogue branché entre nos enfants : "Ton bébé, ce sera un garçon ou une fille ?" "Je ne sais pas, je préfère le laisser libre de choisir…"

L’affaire Banon confirme deux choses. D'abord qu’il y a, aujourd’hui, deux sortes de journalistes : ceux qui intègrent normalement internet à leurs investigations, évidemment avec un minimum de discernement, et les autres, qui découvrent tout avec deux mois de retard - notamment les gravissimes accusations de Tristane Danon, dont ce blog a parlé, comme d'autres, dès le mois de mai ! Par ailleurs, l'affaire confirme aussi le machisme de tous ces beaux esprits qui soupçonnent à haute voix la jeune Tristane de faire la promo de son livre ou de jouer le jeu de l’UMP : exactement comme pour Nafissatou Diallo, vous allez voir que c’est DSK qui va passer pour la victime !

Pendant l'été, on souffle un peu : le blog redeviendra quotidien en septembre !

Un moment de vraie amitié, en politique, c’est rarissime. Hier, au Sénat, pour sa cravate de commandeur de la légion d’honneur, l’ami Roger Chinaud (qui fut député du XVIIIè arrondissement de Paris et vice-président du Sénat) avait rassemblé la "génération Giscard", celle de 1974, soit quelque deux cents personnes heureuses de cet intermède. Il y avait là Raffarin, Longuet, Soisson, Bussereau, Augier, Novelli, Juppé, Blanc, Barrot, Raincourt, Lehideux et quelques dizaines de parlementaires, anciens ministres, journalistes, compagnons des bons et des mauvais jours. Une parenthèse chaleureuse dans un monde de brutes. Merci Roger !

Anne et Dominique respirent. Ils peuvent à nouveau fréquenter les grands restaurants de New York depuis que Cyrus, le procureur, a découvert que la jeune Nafissatu était une menteuse. A Paris, Martine et Ségolène sont convaincues que Dominique ne se présentera pas aux élections, surtout depuis que Tristane a déposé plainte contre lui pour tentative de viol. Quant à François, il s’inquiète : Tristane va-t-elle le trahir et révéler que c’est lui, en 2003, qui l’a dissuadée d’attaquer Dominique en justice ? Dans son palais de l'Elysée, Nicolas se frotte les mains...

L’affaire DSK les rend fous. Tous les journalistes qui, du matin au soir, évoquent son retour en vue des présidentielles, ont-ils déjà oublié les torrents de révélations scabreuses qui ont suivi son incarcération new-yorkaise, des accusations de la députée Aurélie Filipetti au récit de Tristane Banon chez Ardisson ? Ont-ils zappé les gravissimes accusations qui pèsent toujours sur lui, même si la vie compliquée de la "victime" plombe le dossier de l’accusation jusqu’à faire envisager la relaxe ? Le lapsus de Martine Aubry se réjouissant que "Dominique" soit libre "dans son pays", c’est-à-dire outre-Atlantique, est révélateur…

Devinette. Qui a prononcé, mercredi, la phrase suivante : "Pour que le bon raisin puisse mûrir, il faut non seulement du soleil mais encore de la pluie, le jour et la nuit. Pour que parvienne à maturité un vin de qualité, il faut le foulage, le temps nécessaire à la fermentation, le soin attentif qui sert au processus de la maturation. Le vin fin est caractérisé non seulement par sa douceur, mais aussi par la richesse de ses nuances, l'arôme varié qui s'est développé au cours du processus de maturation et de fermentation..." Réponse : Benoît XVI, dans une homélie. Prosit !

L’anecdote fait beaucoup rire en Bourgogne. Mercredi, à Chablis, on baptisait au vin blanc la section de l’Yonne du Nouveau Centre. Ils étaient tous là, de Patrick Gendraud à Hervé Morin, d'André Villiers à Alain Drouhin, attendant la venue du grand chef régional du Nouveau centre, président du groupe parlementaire et député du département voisin : François Sauvadet. Les petites phrases fusaient, encensant Jean-Louis Borloo et, surtout, critiquant Nicolas Sarkozy et son gouvernement… quand le grand chef Sauvadet se décommanda d’un coup de fil : il ne pouvait pas venir, il était nommé ministre ! C'est pas rigolo, la politique ?