Le blog de Bernard Lecomte

François Bayrou est pour moi une vieille connaissance (comme Barnier). Il a 73 ans (comme Barnier). Il est cultivé, sympathique, droit et honnête (comme Barnier). Il a ses racines en province (comme Barnier). Son inspiration est à la fois européenne, gaulliste, centriste et catholique (comme Barnier). Il va devoir donner un budget au pays (comme Barnier). Il va se heurter à des opposants populistes, simplistes et bien décidés à le faire tomber (comme Barnier). Pour le reste, l’avenir n’est écrit nulle part…

Surréaliste, ce mercredi, la réunion des commissions des finances de l Assemblée et du Sénat où les deux ministres concernés présentaient la « loi spéciale » destinée à ce que l’Etat puisse payer ses fonctionnaires et lever l’impôt malgré l’absence de budget ! On aurait dit que tous ces parlementaires affolés n’ont pas compris que la censure, en annulant le budget 2025, plongeait dans le chaos les agriculteurs, la défense nationale, les gendarmes, les habitants de la Nouvelle-Calédonie, etc, etc. He ! Ho ! Les élus ! On se réveille ?

Ce qui me frappe, dans le débat sur la censure du gouvernement, c’est qu’à aucun moment on n’entend les journalistes poser aux politiques la question la plus angoissante de l'heure : et la guerre qui menace l’Europe ? Or la reconduction obligée du budget 2024 reviendra à effacer les 3,3 milliards d’euros d’augmentation prévus pour notre défense nationale en 2025. On va donc baisser de 6,5 % la loi de programmation militaire, et la classe politique, du NFP au RN, s’en tamponne complètement ! Vous entendez Poutine qui rigole ?

Michel Barnier va-t-il être débarqué par une motion de censure conjointe du NFP et du RN ? Les médias trépignent, à l’unisson, devant cette perspective imminente qui plongerait la France dans une crise dramatique : plus de gouvernement, plus de budget, défiance des marchés, crise financière et sociale, etc. Qui a intérêt à précipiter la France dans le chaos ? Personne – à part le futur candidat Jean-Luc Mélenchon, bien sûr. Or ce constat raisonnable, frappé au coin du bon sens, n’est pas du tout, mais pas du tout dans l’air du temps !

Il aura donc fallu trois jours de polémique politicienne pour que la Présidence de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat acceptent finalement de ne pas augmenter leur budget cette année. Incroyable ! Parmi les centaines de technocrates, consultants, experts et autres communicants qui conseillent le pouvoir, il ne s’en est trouvé aucun pour faire remarquer que les élus de la nation devaient montrer l’exemple, même symboliquement, quand le budget exige que chaque Français se serre la ceinture ?

Pardon d’insister, mais je reviens concrètement sur la hausse du budget de l’Assemblée nationale, qui va permettre, pour compenser l’inflation, d’augmenter le salaire du député de ma circonscription de l’Yonne, Daniel Grenon, qui est actuellement de 7.637,39 euros brut par mois. Rappelons que ce député, que personne ne connaît, a été éjecté du groupe RN pour propos racistes, mais n’a pas démissionné pour autant de son mandat : il ne représente donc que lui-même. A titre de comparaison, dans mon coin, le revenu moyen est de 1.800 euros… par foyer ! Il n’y a pas quelque chose qui choque, là ?

Il fallait s’y attendre. Dans la Tribune Dimanche, on constate que tous les leaders politiques reculent dans l’opinion : - 8 pour Attal, - 6 pour Darmanin, - 7 pour O. Faure, etc. Le peuple s’escagasse. Et voilà qu’on apprend, ce matin, que les budgets de l’Elysée, de l’Assemblée nationale et du Sénat vont augmenter respectivement de 3, 10 et 6 millions d’euros – au moment où l’on demande à toute la nation de se serrer la ceinture pour compenser l’endettement du pays ! Quand on vous dit que les élus et les technocrates qui les entourent sont coupés du peuple !

Depuis hier soir, il suffit d’allumer la télé pour voir des politiques, des syndicalistes, des associatifs et des journalistes, de gauche et de droite, dénoncer sévèrement les augmentations d’impôts suggérées par Michel Barnier pour lutter contre l’endettement dramatique de la France. Question : combien, parmi tous ces gens qui tempêtent et menacent, avaient dénoncé les baisses d’impôts successives qui, depuis 2017, ont provoqué cet endettement catastrophique ? Si la mémoire ne me fait pas défaut, la réponse est : pas un seul, zéro, aucun, walou, personne !

Ce n’est pas compliqué, la politique ! Le Premier ministre décide que l’Etat devra économiser cette année 60 milliards d’euros. C’est le sort de la nation qui est en jeu. Dans un premier temps, tout le monde applaudit cette volonté courageuse de faire des économies. Dans un second temps, chaque catégorie sociale hurlera à la mort quand elle se sentira concernée, de près ou de loin, par cet objectif. Les économies, c’est toujours pour les autres. Rien de nouveau sous le soleil.

Voici un truc destiné à tous ceux qui prétendent n'avoir jamais le temps de lire : quand vous regardez un débat politique à la télé, dès que vous entendez une personne exiger de l’Etat qu’il verse une somme quelconque sans expliquer où il va la prendre, hop, coupez le poste et ouvrez un livre ! Ma méthode est d’autant plus infaillible qu’aujourd’hui, tous les porte-parole de l’opposition, syndicalistes, responsables associatifs et représentants professionnels passent leur temps à exiger des milliards de  l’Etat sans se préoccuper de leur provenance ! Alors, hop, à chaque fois, fermez la télé ! Je vous souhaite une bonne lecture…

Je reprends mon blog et qu’est-ce que je lis dans mon journal, en cette rentrée sociale 2020 ? Il paraît que le gaz va coûter environ 0,9 % moins cher ? Il semblerait que le Smic soit augmenté de 1,2 % ? Je lis aussi que les soins optiques et dentaires, désormais, seront entièrement remboursés par la Sécu ? Que pour deux tranches d’assujettis à l’impôt sur le revenu, celui-ci va baisser respectivement de 180 et 350 euros ? Et que les petites retraites, de nouveau indexées sur l'inflation, vont augmenter, elles aussi ? C'est insupportable. La réponse est non. D’ailleurs, les médias vous mentent. Macron est le président des riches. On ne lâche rien !

Vous vous rappelez ce rapport sénatorial qui révèle qu’en France, les pouvoirs publics dépensent 17 milliards d’euros, chaque année, pour le sport ? Une somme qui stupéfie les Anglais ou les Américains. Une somme insensée, surtout, quand les hôpitaux publics et les commissariats tombent en ruine ! Mais voilà : la seule idée de transférer de l’Etat aux fédérations sportives la gestion de quelque 1.574 conseillers techniques sportifs (CTS) payés 70.000 euro par an, a déclenché un tollé général ! A cinq ans des JO, vous n’y pensez pas ! Les hôpitaux publics et les commissariats attendront…

Attention, question taboue ! Pourquoi est-ce l’Etat, en France, qui finance le sport, activité catégorielle s’il en est ? Pourquoi est-ce au contribuable, même s’il n’est pas sportif, de subventionner les fédérations sportives, les clubs, les compétitions, les stades, les piscines - et non aux grands intérêts privés, et Dieu sait qu’il y en a dans le sport ! Un rapport vite enterré, en 2016, chiffrait la dépense publique (Etat, régions, municipalités) en faveur du sport à… 16,8 milliards d’euros ! Par an ! Combien d’hôpitaux, de maternités, de commissariats ou de prisons pourrait-on construire avec une somme pareille ?

Et maintenant ? Maintenant que la France a perdu son crédit aux yeux du monde, que Macron n’a plus aucune chance de réformer l’Europe, que l'image de Paris est durablement abîmée, que la fin de l’année touristique est gravement plombée, que le commerce a dégringolé un peu partout en France, que le budget 2019 est d’ores et déjà compromis, que le retour de la croissance est remis aux calendes et que les mesures annoncées par le gouvernement vont encore creuser la dette, quelqu’un sait-il comment arrêter cet immense gâchis ? Marine ? Jean-Luc ? Des idées ?

Les "Gaulois réfractaires au changement" ont encore frappé. Cette semaine, c’est au tour des sportifs français de pétitionner bruyamment contre la baisse du budget de fonctionnement de leur ministère de tutelle, qui passe de 481 à 451 millions d’euros, soit une diminution de 30 millions d’euros. Rappelons que la seule dette publique de la France est de 2.300 milliards d’euros. Signalons aussi que cette baisse est inférieure à trois ans de salaire d’un Thiago Silva au PSG ! Et si le mouvement sportif s’organisait un peu mieux, au lieu de tout attendre d’un Etat en faillite ?

Sur cinq colonnes à la Une, Le Monde titre : "Social : Macron se refuse à tout changement de cap". Egalement en Une et sur cinq colonnes, le Figaro titre : « Santé, emploi, retraites… Le big bang social de Macron ». Faudrait savoir. On ne touche à rien… ou on change tout ? Difficile, devant un kiosque, de se faire une idée globale du discours prononcé hier par Macron à Montpellier ! "Aura-t-il le cran ?", titre de son côté Le Point, qui rappelle que la France représente 1 % de la population mondiale et… 15 % des prestations sociales mondiales ! Le cran de quoi faire ? De ne toucher à rien ou de changer de cap ?

Entendu ce matin sur Europe 1 Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes (sic), rassurer les permanents des associations féministes et assimilées que son ministère entretient à grands coups d’argent public : leurs subventions "ne seront pas diminuées d’un euro" ! On croit rêver : ainsi tout le monde doit se serrer la ceinture, y compris les militaires qui se battent au Mali, y compris les pauvres qui touchent l’Aide personnelle au logement (APL), mais pas les militants antisexistes et autres porte-parole autoproclamés des droits des femmes ? Il n’y a pas un problème de discrimination, là ?