Le blog de Bernard Lecomte

Enfin du beau, du grand, du consensuel, du respect, de la joie ! La cérémonie d’ouverture des JO a été magnifique. Bon, on se demandera longtemps pourquoi les auteurs ont tenu à montrer que la France était "anticléricale" et "anticapitaliste" (sic), que leur spectacle était un "anti-Puy-du-Fou" (sic) et à exhiber Philippe Katerine nu comme un ver au milieu des drag-queens. Fautes de gout, militantisme infantile, désir de choquer le reste du monde ? Oublions ces scories ridicules. Ce fut un grand moment !

La cancel culture progresse à bas bruit. Depuis que la Commission européenne a édité en 2018 un Règlement général sur la protection des données (RGPD), les catholiques européens qui veulent quitter l’Eglise – ce qui est évidemment leur droit – vont pouvoir forcer les évêques à faire disparaître (cancel) leur nom des registres de baptême (et pas seulement d’y mentionner qu’ils ont quitté l’Eglise). Désormais, on efface les archives, le passé, l’histoire : ces baptêmes n’ont pas eu lieu, c’est clair ? Le wokisme n’a pas de limites…

Pour présider sa 25è édition, le "Printemps des poètes" a choisi un véritable écrivain – et non une sympathique comédienne  comme d'hab. Intelligent, sensible, cultivé et talentueux, Sylvain Tesson est un très bon choix. Mais voilà qu’une pétition signée par 600 "poètes" inconnus refuse à grands cris la nomination de cette "icône réactionnaire" qui fait, disent-ils, le jeu de "l’extrême-droite" ! Faut-il souligner que ce groupuscule wokiste – dont aucun, à l’évidence, n’a lu les livres de Tesson – fait reculer les limites du sectarisme, de l’inculture et de la bêtise ?

Avec effroi, je lis dans mon journal qu’au nom de cette étrange idéologie woke venue des USA qui prône la non-discrimination des LGBTQIAAP+, des militants proches des écolos imposent désormais aux examens de certaines universités (comme Lyon-2), une écriture originale et confuse, très élitiste, dite "non binaire", pleine de points médians, de "mix", de "iel", de "touz", de "aelle" et d’ "autrim" à des étudiants déconcertés qui, même bigenres ou post-binaires, avaient déjà beaucoup de mal avec la règle d'accord du participe passé...

A l’université de Groningen, aux Pays-Bas, un jeune metteur en scène irlandais devait monter En attendant Godot, la célébrissime pièce de Samuel Beckett. Mais la direction de l’université a mis son veto. Motif : les cinq rôles de la pièce sont masculins, et joués, naturellement, par des hommes, comme le voulait l'auteur. Celui-ci n’avait pas prévu qu'il serait un jour interdit par des militants LGBT. Censuré, Beckett ! Pas de femme sur scène, pas de Godot ! Ce pourrait être un gag, une provoc absurde, une bêtise de néo-féministes incultes. C’est, hélas, bien plus grave : et si Poutine avait raison ?

La politique serait très ennuyeuse s’il n’y avait les maires EELV, leurs haines et leurs lubies : les sapins de Noël, le burkini, le Tour de France, les toasts au saumon, etc. Je lis qu’à Lyon, les élus écolos ont inventé un nouveau motif de castagne : les pistes cyclables "non genrées", et donc "inclusives". Ne me demandez pas ce que recouvrent ces mots étranges : des pistes interdites aux vélos d’homme ? des pistes où l’on ne peut pédaler qu’en jupe ? Mystère. Les élus écolos sont champions pour lancer d’invraisemblables polémiques là où tout le monde, en fait, est d’accord…

Les groupuscules woke ont encore frappé. Après s’en être pris à Noël, cette fête si scandaleusement discriminatoire pour les populations non chrétiennes, voilà qu’ils s’attaquent à la Fête des mères, cette véritable agression à l'encontre des enfants qui vivent avec leur père. Nombre d’écoles, déjà, l’ont rebaptisée "Fête des gens qu’on aime", ce qui choque beaucoup moins, c’est sûr. Mais la formule n’est-elle pas encore un peu discriminante ? Je propose, moi, de célébrer la "Fête des gens qu’on aime – ou pas". Qui présente l'avantage incontestable de ne pas traumatiser les enfants qui n’aiment personne !

Et pendant ce temps-là, à bas bruit, la France continue d’être gangrenée par la culture woke venue d’Amérique… J’apprends qu’un des plus célèbres romans de Joseph Conrad, Le Nègre du Narcisse, paru en 1897, va être réédité par Gallimard sous un nouveau titre moins "offensant" (sic) : Les enfants de la mer (comme le Manga du même nom). Scandale dans le monde de la culture ? Non : indifférence générale ! Il serait pourtant intéressant de demander à l’éditeur pourquoi il a si peur du mot "nègre" sur la couverture d’un grand classique : qui l’a menacé, exactement, et de quelles représailles ?

C’est le journal Il Giornale qui a tiré la sonnette d'alarme. A Bruxelles, la commissaire à l’Egalité a concocté un guide interne (photo) et préparé des stages de formation pour mieux "refléter la diversité" dans la communication de l’Union européenne. Exemple : éviter de prononcer le prénom "Marie" ou le mot "Noël" (en sus des fadaises woke qui interdisent désormais de commencer ses discours par "Mesdames et Messieurs" pour ne pas discriminer les bi et les trans). Interdire Marie, censurer Noël ! C’est ainsi, en biffant tout ce qui a fait la culture bimillénaire de l’Europe, qu’un continent se suicide.

On sait qu'un virus appelé "Cancel culture" se répand dans les universités françaises qui refusent de se vacciner contre l'idéologie "woke". Or, ce nouveau variant américain vient de contaminer un dictionnaire jusque-là très sérieux, Le Petit Robert, lequel vient d’adopter les pronoms iel-s ou ielle-s qui, assurent les militants LGBTQ++, abolissent le masculin et le féminin. On se demande pourquoi les rédacteurs de ce dictionnaire n’ont pas été jusqu'au bout de leur démarche en combattant le sexisme odieux qui le caractérise : il eût été logique qu'ils décident de doubler leur titre en s’appelant désormais "La Petite Roberte", non ?

L’info, lue dans Livres Hebdo, ne provient pas de Kaboul, mais de l’Ontario (Canada). Dans 30 écoles de ce pays, des "cérémonies de purification par la flamme" (sic) visent à brûler 5.000 livres pour la jeunesse – dont plusieurs albums de Tintin, d’Astérix et de Lucky Lucke – auxquels il est reproché de "sexualiser les femmes, de fausses représentations, de dénuder les torses, d'appropriation culturelle ou de langage non acceptable" (sic). Vous avez bien lu : nous ne sommes pas en Afghanistan, mais au Canada. On n’y applique pas la charia, mais la cancel culture, qui proscrit par le feu, désormais, toute œuvre contenant le mot "indien". Petits joueurs, les talibans !

Je lis dans Livres Hebdo que les néo-féministes qui relaient chez nous la "woke culture" venue d’Outre Atlantique, s’en prennent… aux salons du livre ! Au motif que l’on drague davantage dans ces sympathiques manifestations festives que dans les couloirs aseptisés des maisons d’édition, ces championnes de l’ordre moral et du puritanisme veulent imposer une "charte" (!) où les organisateurs de salons s’engageraient à interdire la drague, le flirt, les sourires coquins, les dédicaces osées, les soirées alcoolisées et la mixité dans les hôtels. Et aussi, je suppose, les romans qui parlent d'amour ?

A chaque jour son actualité "woke". Cette fois, c’est un éditeur hollandais, Blossom Books, qui publie une édition de la Divine comédie de Dante, où il a supprimé carrément le nom de Mahomet cité dans L’Enfer, le début du célèbre poème. Motif officiel de cette ahurissante correction d'auteur : "éviter que le livre soit inutilement blessant" (sic). S’il faut dorénavant expurger le nom de Mahomet de tous les grandes œuvres de la littérature mondiale, on n’est pas sortis de l’auberge. Franchement, tout cela fait peur, non ?