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12/05/2010

La broutille et le ramdam

raymond-domenech-2.jpgObsédante comme une préparation d’artillerie, envahissante au point d'asphysier la totalité des médias, l’annonce de cet événement historique avait pris le pas sur toutes les informations de seconde zone (la crise mondiale qui menace, la récession qui nous pend au nez, l’Angleterre qui passe à droite, l’euro qui flageole, etc). Enfin, alléluia, le sélectionneur Raymond Domenech allait nous donner, en direct sur TF1, la liste des 23 joueurs qui iront disputer la coupe du monde de football. Las ! Catastrophe, séisme, horreur et désolation ! Il a donné 30 noms au lieu de 23 ! Et personne, absolument personne n’a réussi à m’expliquer 1) pourquoi il a fait ça, 2) qu'est-ce que ça change, 3) en quoi une pareille broutille méritait un tel ramdam !

17/04/2010

Pauvre Benoît XVI ! (suite)

 Au hit parade des élucubrations antipapistes véhiculées par la presse, l’article d’un certain Pierre Desjardins, prof de philo, dans Le Monde du 15 avril, bat des records. Jugez-en : 1) Le Vatican, figurez-vous, mène l’attaque contre le New York Times parce que ses propriétaires sont juifs. 2) C’est Benoît XVI, "quand il était cardinal" (!), qui a tenu à lever l’excommunication pesant sur l’évêque Williamson. 3) Le Vatican s’en prend aux juifs pas seulement parce qu’ils sont responsables de la mort du Christ, mais aussi parce qu’ils exigent la démission du pape. 4) Derrière cela, c’est la conception de la femme, associé au mal et au péché par le Vatican, qui est en cause. Etc, etc. Bien placé pour gagner le concours, celui-là…

09/04/2010

Les médias et la "rumeur"

Ils voudraient tant savoir, tous, qui couche avec qui ! De Jean-Michel Aphatie à Pascale Clarke, de Christophe Hondelatte à Jean-Pierre Elkabbach, ils y ont consacré des dizaines d’émissions, d’interviewes, de chroniques, de débats, d’éditoriaux (tout en expliquant, évidemment, que la presse française faisait fi des ragots), tout ça pour rien : la mystérieuse et excitante "rumeur" (à laquelle je n’ai toujours rien compris) a fait la Une des grands médias pendant trois jours, occultant toutes les autres infos, sans que l’on sache, finalement, si Rachida Dati a bien dit quelque chose dans un déjeuner, et Pierre Charon dans un dîner, à propos d’on ne sait qui ! Question provocatrice : et si le grand public, lui, s’en fichait royalement ?

 

26/03/2010

Affaire Zemmour (suite)

Zemmour.JPGDeux choses me frappent dans l’affaire Zemmour. J'observe, d’abord, que la liberté d’expression de ce journaliste est le plus violemment contestée, depuis deux jours, par des "pitbulls" qui sont... ses confrères (comme Claude Askolovitch, mecredi, sur Europe 1), apparemment pressés d’appliquer à la France la liberté de la presse qui règne en Chine ou en Iran. Ensuite, je suis atterré par le niveau du débat : comme le dit le journaliste Jean Lesieur, "naguère les jeunes se demandaient s’il valait mieux avoir tort avec Sartre ou raison avec Aron, maintenant il s’invectivent pour savoir s’il mieux avoir tort avec Stéphane Guillon ou raison avec Eric Zemmour". O tempora, o mores…

19/12/2009

Les médias unanimes

Ce qu’il y a de terrifiant dans les médias, c’est leur unanimisme. A part quelques rares tranches de polémiques artificielles organisées entre gens du même avis, la quasi-totalité des journalistes, en tirs groupés, portent aux nues Ségolène Royal (avant de la ridiculiser), encensent Jacques Chirac (avant de le condamner), lynchent Julien Dray (avant de le réhabiliter), massacrent Jean Sarkozy (avant de souligner sa performance), brocardent Benoît XVI (avant de…le brocarder à nouveau) ou pulvérisent le Dr Delajoux (avant de... on ne sait pas encore) dans un fracas conformiste évidemment suspect qui explique la défiance croissante du public à l’égard de la presse. Et je ne vous dis pas l’explosion univoque des médias, à l’unisson, quand il neige l’hiver !


15/12/2009

Le journalisme a disparu !

Lu avec retard la décapante interview accordé par Marcel Gauchet à L’Express sur les conséquences de la "surmédiatisation" actuelle. Extraits : "Le journalisme au sens classique a disparu… Ce métier se caractérisait par des individualités très fortes, il est devenu anonyme... Le lecteur de prompteur, connu de tous mais dépourvu d’autorité, a déteint sur toute la profession… Cela donne l’impression que tous les journalistes disent la même chose… Le danger, c’est la perte de cette fonction indispensable que le journalisme était le seul à remplir : le contrôle, la critique, l’analyse…Aujourd’hui, on sait ce qui se passe jusqu’à plus soif, ce qui n’est en rien comprendre ce qui se passe…" Mazette, quelle douche froide !

 

20/10/2009

Quelle vague de suicides ?

france telecom.jpgPeu de gens connaissent René Padeu, un inspecteur général honoraire de l’INSEE qui préside la commission de déontologie de la Société française de statistique. Dommage. Le journal La Croix l’a interviewé sur les suicides de France Télécom. Ses réponses sont absolument claires. Le taux moyen de suicides dans la population active française est de 19,6 pour 100.000 habitants (par an). Il y a eu 24 suicides à France Télécom (100.000 salariés) en 19 mois. Conclusion : on se suicide plutôt moins à France Télécom qu’ailleurs. Le statisticien, formel, ajoute : et sensiblement moins qu’il y a quelques années. Terrifiante, l'info, non ?   

24/09/2009

Des pressions sur les journalistes ?

Hold-ups....jpgLe livre Hold-ups, arnaques et trahisons, d’Antonin André et Karim Rissouli (Ed. du Moment), fait un tabac en librairie. Normal : les tricheries internes au PS, qui accablent les dirigeants de ce parti, stupéfient nombre de citoyens écoeurés, surtout à gauche. Mais le livre ne se limite pas à ce sujet désolant. Il faut lire le chapitre sur les incroyables pressions que les mêmes dirigeants socialistes exercent sur les journalistes politiques. Le passage sur Martine Aubry et le journal Le Monde est croustillant. Ce sont bien les mêmes, rappelez-moi, qui dénoncent à longueur de meetings les inqualifiables pressions que Nicolas Sarkozy exerce sur les médias ?


11/09/2009

La défaite du journalisme

L’affaire Valls et l’affaire Hortefeux, c'est exactement le même processus. Séquence n° 1 : volés par un caméraman anonyme, des propos privés un peu limite entre amis et un humour franchouillard pas très glorieux font le buzz sur internet. Séquence n° 2 : la vidéo pirate est reprise aussitôt par la presse, la vraie, alors qu’elle a été diffusée sur la Toile sans précaution, sans intermédiaire, sans mise en perspective, sans rappel historique, sans enquête, sans nuance, sans analyse - en un mot, sans le début du début d’une intervention journalistique. L'émotion est à l'aune de cette démission professionnelle. Le rêve des marchands d’images, qui est de faire une presse sans journalistes, devient réalité. Quand Le Monde fait spectaculairement sa Une avec un buzz aussi dérisoire, c’est toute une profession qui rend les armes.

 

09/09/2009

Un prince du journalisme

Epenoux-vis.JPGChristian d’Epenoux nous a quittés. Il faisait partie de l’équipe des grands reporters de L’Express que j’avais rejoints en 1985 et qui m’avaient appris mon métier : les Christian Hoche, Arlette Marchal, Jacques Renard, Jean Leclerc du Sablon, Alain Louyot et autres, mi-baroudeurs, mi-intellos, ces aristos du journalisme qui n’avaient pas peur de couvrir guerres et révolutions, ni de lire des piles de livres avant d’aller sur le terrain. Christian connaissait l’Afrique comme sa poche. On l’appelait "le Baron", et pas seulement à cause de sa particule. Il était élégant. Elégant dans sa façon de travailler, dans son écriture, dans son comportement, dans ses amitiés. Il est parti brutalement. C’est la première fois qu'il est brutal. Adieu, Baron.

 

07/09/2009

Le cumul vu du PAF

Le débat sur le cumul des mandats en dérange plus d’un. Car il est mené, dans les médias, par des journalistes politiques qui sont, eux-mêmes, de sacrés cumulards : tous les Barbier, Duhamel, Giesbert, Domenach, Zemmour, Joffrin, Aphatie, Hondelatte, Marie Drucker, Demorand, Roselmack, et j’en passe ! L’an dernier, leur doyen Jean-Pierre Elkabbach dirigeait et Europe 1 et la Chaîne parlementaire… Le temps que ces stakhanovistes consacrent à leurs émissions de radio ou de télé, ils ne le passent pas à diriger leur journal ou leur service, de même qu’un parlementaire ne travaille pas à l’élaboration de la loi quand il est dans son département ou sa ville. Et les postes qu’ils cumulent dans les médias sont autant de jobs qui ne peuvent être exercés par des plus jeunes. Je rigole.

04/09/2009

Bon week-end, à lundi !

Les animateurs et journalistes de la télé et de la radio devraient faire un peu gaffe. Déjà, dans un grand froufrou médiatique, la plupart d'entre eux partent bruyamment en vacances vers le 10 juin, laissant leurs malheureux téléspectateurs et leurs auditeurs dépités se colleter, pendant deux mois et demi d’été, les programmes les plus anémiques et les rediffusions les plus éculées. Mais à peine rentrés, en septembre, les voilà qui lancent joyeusement des "Bon week end, à lundi !" dès le jeudi soir (Laurence Ferrari sur TF1, David Pujadas sur France 2, Christophe Hondelatte sur RTL), abandonnant à des "doublures" ou des "jokers" l’immense cohorte de leurs millions d’admirateurs ébaubis qui, eux, travaillent à plein temps…

12/08/2009

Il ne s'est rien passé

L’affaire du petit Gauthier, hier, restera un des événements majeurs de cet été. Toutes les télés, tous les journaux ont dépêché des envoyés spéciaux à Eygalières, dans les Alpilles, pour couvrir cet incroyable fait divers. Je résume l’info : un enfant de 2 ans s’est égaré à quelques centaines de mètres de sa maison de vacances, il a passé la nuit dans un buisson, on a eu peur à cause de la proximité d’un canal, les gendarmes ont retrouvé le bambin au petit matin, il avait une égratignure, il a réclamé son biberon. C'est inoui, non ? Affolement médiatique, conférences de presse, interviewes des proches, ouverture des JT, course aux images fortes, concours d’émotion, etc. On imagine mal ce que cela aurait été s'il s'était passé quelque chose. Vivement que les rédacteurs en chef reviennent de vacances, la semaine prochaine, qu’on reparle enfin du parti socialiste !

07/08/2009

J'ai été licencié

J’ai été licencié. A mon grand âge, cela n’arrive pas tous les jours. Depuis quelques années, j’étais pigiste occasionnel au Journal du Palais (groupe Forumeco) où je publiais, en dernière page, des "portraits" de personnalités bourguignonnes (en bas, colonne de droite sur ce blog). Mais le pdg du groupe a décidé que les pigistes coûtaient trop cher, et qu’il valait mieux s’en passer. Toujours ce vieux fantasme qui titille les patrons de presse : comment réussir à faire des journaux sans journalistes ? J’ai reçu hier mes indemnités de licenciement : 29 euros brut. Une fois déduites quinze retenues sociales diverses et obligatoires, mes indemnités de licenciement se montent donc à 23,27 euros. Je me demande déjà ce que je fais faire de tout cet argent.

30/07/2009

Du mieux dans l'ex-URSS

Il y a même parfois des bonnes nouvelles en provenance de l’ex-URSS. En septembre 2000, on avait retrouvé le cadavre décapité du journaliste ukrainien Guergui Gongadzé, 31 ans, qui avait lancé sur le net un journal d’opposition. Neuf ans plus tard, on a enfin arrêté celui qui est très vraisemblablement son assassin, l’ex-général du KGB Oleksi Poukatch, que personne, jusque là, n’avait osé aller déranger dans sa retraite tranquille. Il faut dire que cet ancien cadre du ministère de l’intérieur avait certainement agi sur ordre, et qu’il va mouiller des tas de gens haut placés à Kiev. En 2005, son chef de l’époque, le ministre Kravchenko, s’était "suicidé" de deux balles dans la tête, la veille de son propre interrogatoire ! Gongadzé n’est peut-être pas mort pour rien…

29/07/2009

Gilets pare-balle

Un journaliste dijonnais m’envoie une coupure de presse qui montre la dégradation des relations entre le pouvoir politique et les médias, notamment au niveau local. C’est le Bien Public qui rapporte cette citation du tout puissant patron de la région Bourgogne, François Patriat, parlant de la presse, le mois dernier, dans une réunion de la CGPME locale : "Il y a des journalistes qui devraient porter des gilets pare-balles tellement j’ai envie de tirer dedans !" Qu’on permette à un ancien grand reporter de signaler respectueusement au président de sa région que les journalistes portent parfois, en effet, des gilets pare-balle, mais que c’est rarement pour couvrir les petits débats politiciens qui déterminent, au cœur de la France profonde, l’évolution de la fiscalité régionale…

 

17/07/2009

Information et communication

Trouvé dans le Bien Public à propos du film Jeux de pouvoir cette citation, qui est, paraît-il, un dicton en vigueur dans la presse britannique : "L'information, c'est ce que l'on ne veut pas que vous imprimiez. Le reste, c'est de la communication". Voilà, c'est simple, c'est clair. Mais que c'est loin, que c'est vieux, que c'est utopique, cette idée que l'information ne doit pas se plier aux usages, aux habitudes, aux convenances, au "politiquement off", aux petites combines, aux échanges de bon procédés, aux menaces de représailles, au désir de plaire au plus grand nombre, au souci de ne fâcher personne ! Je colle cette citation à mon mur, à côté de celle d'Yvan Audouard : "Il n'y a rien qui fasse autant saigner qu'une coupure de presse". Et, bien sûr, celle de Jacques Maritain, fondamentale : "C'est dans l'invisible que se produit l'essentiel".

06/06/2009

Un dîner à Metz

jean_miot_1b.jpgDiner avec Jean Miot au "Magasin des Vivres", à Metz, en marge du Salon du livre. L'ami Jean a tout dirigé : le Figaro, l'AFP, la Fédération nationale de la presse française, etc, etc. Et le jury du Prix de l'Humour politique. A 70 ans, l'ancien bras droit de Robert Hersantl a gardé intacte sa passion pour la presse, dont il a fait un livre (photo ci-jointe). Et pour la bouffe. L'animal est gastronome émérite et oenologue patenté. Un repas avec lui chez Christophe et Delphine Dufossé, dans le cadre somptueux de la "Citadelle", tient du rituel quasi religieux : c'est une cérémonie, une prière complexe, une communion silencieuse, une méditation en plusieurs temps, l'esquisse d'une epectase...

 

29/05/2009

Sur une péniche parisienne

Lesieur.jpgFête sympathique et un peu nostalgique, hier soir, sur une péniche parisienne, pour les 60 ans de Jean Lesieur, un des patrons de France 24, vieux complice de la grande époque de L'Express. La soirée a rassemblé une pléiade de copains d'avant : Alain Louyot, Thierry Wolton, Marc Epstein, Kosta Christitch, Isabelle Laffont, Bernard de la Villardière, Jean-Marc Gonin, François d'Alançon et bien d'autres. Les carrières vont et viennent, dans cet univers médiatique impitoyable qui, de génération en génération, perd ses principes et ses valeurs. Laudator temporis acti, certes, mais quand même. Deu merci, il reste des amitiés fortes et fidèles. Bon anniversaire, Jean !

 

15/05/2009

La vie des autres

Le numéro 20.000 du Monde présente les "unes" des principaux événements depuis le début de la Ve République : de Gaulle à l'Elysée, la mort de Kennedy, la conquête de la lune, etc. Surprise : entre l'élection de Jean Paul II (1978) et la démission de Gorbatchev (1991), il manque vaguement quelque chose : la chute du Mur de Berlin ! Un détail, sans doute. Un épiphénomène. Cela me rappelle ce que l'éditeur Claude Durand nous avait dit, à Jean-Christophe Rufin et moi, le jour où nous lui avions proposé d'écrire à quatre mains un gros récit épique de la chute du Mur de la honte : "Les Français ne considèrent pas cela comme leur histoire". Il avait raison, hélas. Et on s'étonne du manque d'intérêt, chez nous, pour les européennes !