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02/10/2007

La trahison des médias

b1c6dc6c308b8e29eee1bd8409e88efd.jpgIl faut lire le dernier livre de Pierre Servent, La trahison des médias (Bourrin Editeur). Encore un journaliste confirmé, expérimenté, irréprochable, qui constate la terrible régression de ce métier dans une société médiatique arrogante et mercantile qui méprise la vérité, qui ignore la connaissance, qui se moque de l'exactitude, qui se gausse de tout scrupule, qui nivelle tout par le bas et refuse toute hiérarchisation des valeurs. Ses observations recoupent celles de Daniel Carton dans Bien entendu, c'est off (Albin Michel, 2003) ou celles que j'ai regroupées moi-même dans Paris n'est pas la France (Lattès, 2006). Mais les jeunes journalistes ont-ils encore le temps de lire ?

30/09/2007

Sarko y était !

La dérive s'accentue. Le mal contamine les meilleurs. Ainsi Catherine Matausch, excellente journaliste de France 3, a-t-elle rapporté hier dans son journal de la mi-journée, que Nicolas Sarkozy s'était rendu au congrès des sapeurs-pompiers, à Clermond-Ferrand. On sait que "les relations entre les pompiers et le Samu sont difficiles", dit-elle, mais "Nicolas Sarkozy a rassuré les pompiers". Fin de l'info. Vive Sarko. Et tant pis pour les dizaines de milliers de téléspectateurs qui auraient bien aimé savoir ce qu'il a dit ! Les "relations difficiles" entre les pompiers et le Samu, cela intéresse réellement, concrètement, des millions de gens. Mais qu'importe le fond du problème : l'important aux yeux des journalistes, c'est que Sarkozy y était, et qu'il a parlé !

28/09/2007

Les deux infos du jour

Le monde va mal. L’actualité nous presse. Depuis ce matin, deux sujets dramatiques, vitaux, essentiels, nourrissent l’ensemble des médias, et non des moindres : une lettre de vacances d’Isabelle Balkany à sa copine Cécilia Sarkozy, que les journaux ont présentée comme une mystérieuse lettre d’amour envoyée à Sarko ; et une engueulade qui a opposé hier le présentateur de France 2 William Leymergie à l’un de ses collaborateurs, comme il s’en passe quotidiennement dans toutes les entreprises du monde.
Les "journalistes" qui révèlent, relaient, développent et commentent ces informations débiles se rendent-ils compte qu’ils sont les fossoyeurs de la presse ?

03/06/2007

Le triomphe du mensonge

Aux Pays-Bas, le groupe Endémol a fait croire au monde entier qu’au cours d’une émission de télé réalité, The Big Donor Show, un mort en souffrance allait réellement donner son rein à un malade sélectionné par les téléspectateurs. Tout était faux.
En France, moins macabre mais tout aussi pervers, l’animateur Patrick Sébastien s’est transformé en ex-taulard repenti, Joseph Lubsky, accordant à la chaîne des interviews bidon, tout cela pour mieux vendre le polar qu’il vient d'écrire.
Dans tous les cas, le jeu consiste instrumentaliser, contourner et décrédibiliser les journalistes, dernière digue protégeant les téléspectateurs du mensonge généralisé. Or la digue est en train de craquer. Rappelons-nous, récemment, le faux JT belge annonçant la partition du pays…
C'est grave, docteur, pas vrai ?

02/06/2007

Tout change sauf la presse

Est-ce parce que la campagne législative est déjà pliée que les médias pédalent dans la semoule ? Ou parce que les journalistes peinent à renouveler leurs poncifs dévastateurs, que la présidentielle de mai 2006 a rendu caducs ? Voyons, que disaient-ils, déjà, il y a juste un an ?
- que les Français, désabusés, ne s’intéressaient plus à la politique ;
- que Le Pen était aussi dangereux, sinon davantage, qu’en 2002 ;
- que le candidat du PS en 2007 serait Fabius, Strauss-Kahn ou Jospin ;
- que Sarko était un excité, limite facho, qui faisait peur aux Français ;
- qu’il n’avait d’ailleurs aucune chance vu que Chirac se représenterait…
Le scrutin du 6 mai a balayé tout cela. Beaucoup de choses, en France, sont remises en question. Sauf dans la presse.

11/05/2007

Sale temps pour la presse

Le FN, le PCF, les écolos, les éléphants : le paysage politique après l’élection de 2007 est jonché de cadavres. Mais les grands perdants de cette présidentielle, ce sont les journalistes : asphyxiés par les sondages en cascade, distancés dans l’info par l’internet, ringardisés par les "blogueurs", interdits d’antenne en cas de collusion présumée, transformés en passeurs de plats dans les grands débats télévisés, pris pour des porte-micros par les dircoms du Segoland ou du Sarkoland, hués par les manifestants de la gare du Nord, traités de carpettes ou de godillots par la plupart des candidats, accusés d'obéir aux ordres de leurs "commanditaires", les journalistes - pour la plupart d’entre eux - ont couvert l’événement au sprint et derrière un écran, c’est-à-dire sans avoir le temps de réfléchir et coupés de la réalité sociale ! Sale temps pour la presse…

03/03/2007

Blog dans l'coin

medium_BL_Cover.jpg Interviewé, ce matin, sur France 3 Bourgogne, sur la blogosphère, à l'occasion de la sortie de mon Blog à part. En fait, si l’on excepte les faux sites réalisés par de jeunes militants roulant pour Sarko ou pour Ségo, il y a essentiellement, sur le net, deux sortes de blogs : les milliers de journaux intimes plus ou moins éphémères, nombrilistes ou mythos, destinés aux copines de classe, pleins de photos de vacances et de fautes d’orthographe ; et les blogs de journalistes ou assimilés (Assouline, Aphatie, Barbier, Le Pers, Gachet, etc) qui étouffent dans une presse politiquement correcte, hyper formatée où la polémique et l’humour ont de plus en plus de mal à percer.
Ceux-là défrichent un nouveau territoire médiatique que, déjà, de bonnes âmes veulent légaliser, surveiller, encarter, labelliser, etc. Ho ! Ces espaces de liberté viennent à peine de s’ouvrir : laissez les vivre !

18/02/2007

La presse dans le collimateur

Difficile de défendre la presse, en cette période de dérapages quotidiens et d'hyper-sensibilité du public ! Deux exemples :
- Tous les journaux ont titré, en Une, sur la note des RG sur Bruno Rebelle, preuve que Sarkozy utilisait à son profit une "police politique" de nature totalitaire, etc, etc. Avez-vous lu, en Une des mêmes journaux, que la note des RG datait du gouvernement Jospin, que Rebelle avait finalement retiré sa plainte pour violation de la vie privée, et que l’indiscrétion venait d’un syndicaliste des RG militant à l’extrême-gauche ?
- Tous les journaux ont commenté l’interpellation de Sarkozy, sur TF1, le 5 février, devant 8 millions de téléspectateurs, par un rebeu victime de violences racistes de la part de CRS. Or, les accusations du type, qui n’a bizarrement pas porté plainte, n’ont pas résisté à l’enquête : tout porte à croire que c'était du pipeau. Qui l’a dit aux 8 millions de braves gens qui furent, à juste titre, indignés par ses propos gravissimes ?

14/02/2007

Aux ordres, les journalistes ?

Les journalistes français sont-ils indépendants ? Seulement 30 % de la population répond par l’affirmative. Selon le sondage annuel Sofres-La Croix, près des 2/3 des Français soupçonnent les journalistes de céder aux "pressions des partis politiques et du pouvoir" et aux "pressions de l’argent". Effrayant constat qui explique, en partie, la faiblesse de la presse et la crise de la démocratie dans notre pays.
La faute aux journalistes ? Evidemment. Il n’y a qu’eux pour expliquer que cela n’est pas si grave ! Ils savent bien, eux, allons, qu'ils ne sont pas aux ordres. Joli tacle de Dominique Quinio, directrice de La Croix :
"La vocation des journalistes est d’assurer la médiation entre ceux qui savent déjà et ceux qui ne savent pas encore. Apparemment, ils sont considérés comme plus proches des premiers que des seconds."

06/02/2007

Dehors les journalistes !

C'est à une formidable "nuit du 4 août" que l'on assite dans les médias où les journalistes, valeureux aristocrates de la planète médiatique, ont décidé de s’effacer définitivement derrière leur propre public. L’émission "J’ai une question à vous poser", qui a brillamment réussi sa première hier soir, a fait la preuve que les "vraies gens" posent de "vraies questions" aux candidats, pas comme tous ces journaleux qui leur servent la soupe (vous verrez qu’un "vrai téléspectateur" finira par demander à Ségolène si elle vit, oui ou non, avec Hollande) ou à ces pseudo-experts qui pérorent dans l’erreur (malheureux Alain Duhamel qui a fait le plus beau loupé de sa carrière, cet automne, en omettant Ségolène dans son livre sur les futurs candidats aux présidentielles !).
Rendez la parole au peuple ! Les éditorialistes à la lanterne ! Pour faire de la bonne information, allez, dehors, les journalistes !
Suis-je le seul à penser que cette dérive est, à terme, catastrophique ?

27/01/2007

Mort d'un journaliste

Un journaliste nous a quittés. Un vrai. Un modèle. Un qui savait écrire, qui savait regarder, qui savait écouter. Un qui allait voir sur place, qui prenait son temps, qui osait dire qu’il ne savait pas…
Il s’appelait Ryszard Kapuscinski. Il était polonais. Je l’ai connu après son Imperium, un livre-reportage sur l’URSS. Mi-Custine, mi-Albert Londres, il préparait tous ses reportages avec minutie - tant il est vrai que le talent d’un journaliste, c’est d’abord le travail qu’il fournit en amont, sa connaissance personnelle du sujet, sa culture générale.
Aujourd’hui, nos patrons de presse virent systématiquement les journalistes de plus de cinquante ans : à quoi bon l’expérience, la culture, le caractère ? Mais nos patrons de presse ont-ils même entendu parler de Ryszard Kapuscinski ?

03/12/2006

Des nouvelles de province ?

Retour sur les réactions un peu méprisantes de la presse parisienne – notamment Libération – quand Sarkozy a voulu réserver à la presse régionale, mercredi, l’annonce de sa candidature. Question : les journaux nationaux peuvent-ils comprendre que s’ils méprisaient moins l’actualité locale, ils gagneraient beaucoup de lecteurs dans les régions ?
Exemple : le nouveau Salon du Livre de Dijon, visité ce week-end par plusieurs dizaines de milliers d’amoureux des livres, n’avait été annoncé par aucun journal national (à l’exception de Marianne), et son énorme succès populaire (malgré une fâcheuse grève des transports) ne sera évoqué, naturellement, par aucun d’entre eux.
Devinette : sachant que Dijon, chef-lieu de la Côte d'Or, compte une université de 28.000 étudiants, combien un journal comme Libération diffuse d'exemplaires, chaque jour, dans ce département ? La réponse est : 800. Cherchez l'erreur.

14/10/2006

Bedos entre Giscard et Poutine

Beau rappel des principes déontologiques, ce matin, chez Dominique Souchier, à propos de l’horrible assassinat de notre consœur moscovite Anna Politkovskaïa. Pour Hervé Chabalier, de l'agence CAPA, le journalisme est "d’abord un métier d’engagement qui implique une prise de risque face au pouvoir, la gravité du risque dépendant de la nature du pouvoir". En Russie, ce risque est maximum. Anna, comme d’autres avant elle, l’a payé de sa vie.
Tiens, justement : à propos d’Anna Politkovskaïa, jeudi soir, sur Canal+, l’ineffable Guy Bedos a pulvérisé les limites de l’indécence en disant, sans rire : "C’est comme moi, sous Giscard, je croisais des journalistes de la télé qui ne m’invitaient pas sur leurs plateaux et qui me disaient en baissant la tête : Tu comprends, j’ai une femme et des enfants !"
Bedos devrait aller faire sa Revue de presse à Moscou. Pour voir.