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21/04/2008

Qui produit de la richesse ?

Je reviens sur la question du travail. "En France, disait l’autre jour l’ancienne ministre espagnole Ana Palacio, il y a un tiers de fonctionnaires, un tiers d’emplois subventionnés, un tiers d’emplois privés." Les emplois privés, bien sûr, n’étant pas tous productifs ! Cela me rappelle le calcul dont l’économiste Christian Saint-Etienne avait fait un livre, chez Lattès, il y a dix ans : si l’on soustrait de la population française les mineurs, les retraités, les chômeurs, les malades, les agents du secteur public et les salariés occupés à administrer leurs concitoyens, on peut estimer qu’environ 5 % des Français font réellement progresser la richesse globale de leur pays !

20/04/2008

Travailler... pour gagner moins ?

Demander respectueusement aux chômeurs de plus de 57 ans de bien vouloir imaginer, sans les déranger, qu’ils puissent recommencer à travailler un jour, ce n’est évidemment pas scandaleux. La question cruciale, en France, c’est bien le travail. Selon l’institut Harris Interactive, non seulement les Français ont davantage de jours de congé que tous leurs contemporains, mais ils sont, au monde, les moins disposés à accepter d’en céder à leur employeur ! Ce qu’avait confirmé le récent pataquès du lundi de Pentecôte... Mais dans cette catégorie des "55-64 ans" (où j’ai tous mes amis, et pour cause), il y a un léger problème, dont personne ne parle : les chômeurs de cet âge, indemnisés jusqu’à leur retraite sur la base de leurs derniers salaires, n’ont aucune chance de trouver un job qui leur rapporte autant que les Assedic !

19/04/2008

Loin des barricades de mai

Un peu d'intelligence dans ce monde de brutes. Hier soir, on remettait son épée d'académicienne à Chantal Delsol, récemment élue à l’Académie des Sciences morales et politiques. Dans le cadre superbe et suranné du Grand Salon de la vieille Sorbonne, rue des Ecoles, devant deux cents amis venus fêter la sympathique impétrante, on s’est rappelé que la France compte encore, mine de rien, beaucoup d’épigones de Montesquieu, d’admirateurs de Tocqueville, de lecteurs de Hannah Arendt, de disciples de Raymond Aron. Le libéralisme politique n’est pas très tendance, évidemment, surtout en pleine commémoration de mai 68. Accueillie par le philosophe Raymond Boudon, Chantal Delsol a longuement cité une dizaine de ses maîtres, grands profs, grands esprits… dont aucun, sauf erreur de ma part, n’est jamais passé à la télévision. Aucun.

18/04/2008

DSK is back

Eblouissant DSK, ce matin, sur Europe 1. Superbe remise en perspective de nos égoïsmes minuscules. Elkabbach : "Des millions de gens risquent de mourir de faim, quelles conséquences pour nous ?" Strauss-Kahn : "D’abord, quelles conséquences pour eux !" Mortel pour ses amis du PS et leurs relais médiatiques, englués dans les bisbilles picrocholines et les polémiques infinitésimales. Mortel pour les réactions de matamores indignés des Fabius et autres Royal dès que l’Etat français, endetté jusqu’à l’os, fait mine de réduire d’un demi-point telle ou telle dépense publique. Pousser la candidature de DSK au FMI fut une des meilleures idées de Sarko. Sauf, peut-être, pour lui-même, en 2012 !

17/04/2008

Zemmour à Dijon

77d5575a726a74d6eab637e32002970b.jpgBelle rencontre, hier, à Dijon, entre Eric Zemmour et une centaine d’amoureux du livre réunis par le Club des Ecrivains de Bourgogne. Journaliste depuis vingt ans, Zemmour est aussi un écrivain – lire, pour s’en convaincre, le début de son récent Petit Frère (éd. Denoël). Mais c’est la télé, où il excelle dans le rôle d'empêcheur de penser en rond, qui lui a donné sa notoriété. Sur la politique, le féminisme, le communautarisme, mai 68 ou l’humanitaire, Zemmour tient un discours libre, stimulant et courageux qui énerve le tout Paris politico-médiatique – lequel n’attend de lui qu’un écart, une erreur, pour écrabouiller l’infâme sous les horions du conformisme "politiquement correct".

16/04/2008

Une vie après le Modem ?

Déjeuné avec un des responsables régionaux du Modem. Un des derniers des Mohicans. Un peu assommé par les mauvais résultats de 2008, mais surtout très hésitant. D’abord, entre la gauche et la droite : l’avenir est sûrement à la gauche de l’UMP, mais l’opposition à Sarko n’est pas réversible ; et, surtout, les nouveaux militants, les jeunes, les anciens verts, etc, sont plutôt attirés par le PS. Ensuite, entre Bayrou et autre chose : un parti ne peut pas être une simple machine de guerre au service de l’ambition personnelle d’un homme, surtout que cet homme-là, pour sympathique qu’il soit, ne pourra évidemment pas se présenter comme un nouveau venu en 2012 ! Tempête sous un crâne : peut-on se contenter de participer au débat d’idées sans avoir, un jour, envie de passer à l’action ?

15/04/2008

Les pavés de l'enfer

On produit du bioéthanol, et c’est bien - sauf qu’on rogne sur la production agricole traditionnelle globale et qu’on fait monter le prix des denrées alimentaires. On se bat contre les OGM, et c’est beau - sauf que cela empêche de développer de nouvelles zones de cultures résistantes dans le tiers monde. On réduit la dépense publique, et c’est grand - sauf que cela réduit aussi le pourcentage déjà ridicule d’aide aux pays pauvres.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Avant d’applaudir au "Grenelle de l’environnement", de généraliser le principe de précaution et de résorber la dette du pays, il faudrait d’abord se demander si cela ne provoque pas, à moyen terme, à l’autre bout de la terre, quelques centaines de milliers de morts de faim. C'est compliqué, la planète.

14/04/2008

"Le Monde" à son tour...

Le Monde en grève, ce n’est pas banal. C’est la première fois que le journal qui a le plus abondamment relayé les grèves des autres depuis la guerre, subit lui-même la colère de ses propres troupes. Il y a de quoi. Un plan de 130 licenciements, dont 2/3 dans la rédac, cela fait, in fine, 25 % de journalistes en moins. De deux choses l’une : ou bien un quart des journalistes du Monde se les roulait tranquillement à l'ombre des rotatives, ou bien la qualité du journal va sérieusement s’en ressentir. Le Monde découvre brutalement ce que la quasi-totalité des journaux ont déjà vécu : le rêve, chez les actionnaires, les financiers, les contrôleurs de gestion, d’un journal sans journalistes. C’est vrai que les journalistes, c’est cher, c’est chiant, ça ne rapporte que des ennuis et même, parfois, ça se met en grève !

13/04/2008

Le livre, combien de divisions ?

Les élections sont passées. Les maires sont en place. Les nouvelles équipes municipales sont constituées. On va pouvoir juger l’intérêt des nouveaux élus pour la culture en général et pour le livre en particulier. En Bourgogne, les premières impressions ne sont pas rassurantes : libraires, auteurs et éditeurs sentent bien que la chose écrite, le livre, la littérature figurent tout en bas de la liste des priorités des responsables politiques locaux. Il est vrai que, comparée au sport ou au cinéma, le livre ne représente pas beaucoup de voix : libraires, éditeurs, écrivains, combien de divisions ?
C'est d'autant plus préoccupant que, par rapport aux grandes régions comparables, la Bourgogne est sous-développée sur ce terrain. On dirait que cela ne va pas s’arranger…

11/04/2008

Les cathos sont partout

Interviewé par L’Express sur le vrai pouvoir des catholiques dans la vie politique française. Dans la presse, on traite les cathos comme un lobby, ou une secte, et on se met le doigt dans l’oeil. Les cathos sont nombreux en politique parce qu’ils ont une tradition d’engagement dans la société, mais l’idée ne leur viendrait même pas d’agir ensemble en tant que cathos. C’est la grande différence avec les francs-maçons. En 1993, au sein du gouvernement le plus catho (en nombre) de toute l’histoire de la République, personne n’aurait eu l’idée de constituer un sous-groupe, une association, une fraternelle, un club : eux-mêmes ne savaient pas toujours qui partageait leur foi ! Sauf rarissimes exceptions, l’influence des cathos est toujours individuelle. C’est peut-être cela, la vraie laïcité.

10/04/2008

Le Tibet, mai 68, Carla...

Retour de Rome. Dans les médias, rien, absolument rien de changé depuis cinq jours : chez Marie Drucker, les Tibétains et une rétrospective des différents boycottages des Jeux Olympiques ; chez Frédéric Taddéi, un débat sur l’anniversaire de Mai 68. Dans ma boîte aux lettres, L’Express du jour titre sur Carla Bruni, ce qu’il fait désormais toutes les trois semaines. Cela devient pénible, mais il paraît que c'est payant. Un des rédacteurs en chef de L’Express, Renaud Revel, se justifiait sans complexes, la semaine dernière, sur le plateau de Mireille Dumas : "La presse a besoin de survivre, surtout dans un contexte difficile... Le people, c’est vital pour nous !" Triste aveu : Carla fait vendre du papier, alors allons-y, faisons du Carla ! Puisque c'est vital !

08/04/2008

Le courage de Dominique

Pauvre Dominique Voynet. Elle aurait bien voulu renoncer à son mandat de sénatrice, la mairesse de Montreuil, mais que voulez-vous, c’est impossible. "Ce serait déraisonnable actuellement", dit-elle. "Je préférerais ne pas avoir à le faire". Ben oui, on la comprend, Dominique. Cumuler désormais la gestion d’une ville de plus de 100.000 habitants et un fauteuil au Sénat, quand on a traité de tous les noms les politiciens qui faisaient la même chose, c’est psychologiquement insoutenable. Qu’elle demande à Arnaud Montebourg, qui s'y connaît : maintenant qu'il détient un siège de député et la présidence du conseil général de la Saône-et-Loire, comment va-t-il pouvoir invectiver les cumulards ? Dur, dur, la politique ! Ecoutons Dominique Voynet ajouter, sans sourciller : "J’assume cet inconfort par rapport à mes convictions". Quel courage.

06/04/2008

Monte flamme légère...

38137d4d19244a0ac9ca50776bec067b.jpgComment faire pour qu’une flamme ne mette pas le feu ? C’est le défi que tenteront de relever des centaines d’agents, CRS, motards, flics en rollers, policiers joggers, sapeurs pompiers (un comble) qui encadreront la flamme olympique, ce lundi, lors de sa traversée de Paris. Les Chinois communistes brûlent de faire triompher leur système – la grande lueur qui s’est levée naguère à l’est – mais ils attisent la contestation et jouent avec les allumettes : sur les 137.000 km que doit parcourir la flamme, il suffira d’une étincelle pour contribuer à ce que les chefs d’Etats européens, cet été, restent dans leurs… foyers. En allumant leur télé : l’essentiel est de participer, disait feu Pierre de Coubertin.

05/04/2008

Parachutes républicains

Parmi les mille et une infos plus ou moins innocentes qui circulent sur le net, suis tombé sur le rappel (la loi date d’un an) de l’augmentation de l’indemnité chômage des députés. Pas gentil, mais instructif : un député battu aux élections, désormais, touche son indemnité de parlementaire (soit 6.952 euros brut par mois pour un député de base) pendant 60 mois, puis 20 % de cette somme (soir 1.390 € par mois) pour le restant de ses jours. Aucun élu, de droite ou de gauche, ne s’est opposé à cette réforme originale, qui consiste à compenser par une coquette somme d’argent le désaveu des électeurs. On comprend que les parlementaires, tous partis confondus, ne se bousculent pas pour dénoncer les golden parachutes des pdg en disgrâce…

01/04/2008

Buffet forever

c0cd8223f92273bbfe861762d0f1acf2.jpgAlors que l’UMP et le PS connaissent de sanglantes batailles internes qui laissent planer de réelles incertitudes pour l’avenir de ces deux partis, le PCF rassure les observateurs : Marie-George Buffet, forte de son récent triomphe électoral (1,93 % des voix aux présidentielles) n’envisage pas de quitter son poste de secrétaire national. Pas encore. C'est trop tôt. Selon son entourage "elle passera la main lorsque les bonnes conditions seront réunies, lorsque notre organisation sera sur de bons rails, avec un parti rassemblé et une feuille de route claire". Autant dire : jamais.
Ils sont comme ça, les communistes : ils ont toujours foi en l’avenir radieux.

31/03/2008

Laïcité : revenir à Paul Bert

b2f67607586c9f4a122433035116cf51.jpgLa laïcité est une invention évangélique : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu", c’est Jésus qui l’a dit le prem’. C'est au début de la IIIè République que la laïcité a été réinventée par Paul Bert, qui l’a imposée en matière scolaire. Le livre Paul Bert, l’idéal républicain de Jean-Pierre Soisson, qui sort cette semaine, montre bien quel fut le combat des "laïcistes" des années 1880, avec leurs intuitions géniales et leurs excès sectaires. Entre ceux qui pensent que "la République doit remplacer la religion dans la société" et ceux qui estiment que "la religion doit contribuer à la société républicaine", il y a une formidable ambiguïté qui explique, précisément, que le concept recueille aujourd'hui... 70 % d’adhésion populaire !

29/03/2008

Des animaux encore inconnus

Le Monde du week-end présente, en page 14, la nouvelle attraction du Futuroscope de Poitiers, qui met en scène, dans 200 millions d’années, sur une terre devenue sans hommes, des animaux sauvages encore inconnus tels que les scientifiques peuvent les imaginer : l’oisson, la pieuvre-singe, le tortunosaure, le caracoureur, etc. C’est drôle, c’est instructif. Mais c’est incomplet : il faudrait y rajouter au moins trois animaux à la fois mutants et indestructibles : le sarkophibe, sorte de vertébré marin véloce et résistant à tout, le requin royal, un prédateur carnassier de sexe féminin et au sourire impassible, le mérou-bayrou des grands fonds, un poisson gonflé qui ne voit jamais la lumière du jour…

28/03/2008

"Enculé ! Enculé ! Enculé !"

Lu dans la Gazette de Côte d’Or le récit de la réunion du Conseil général éponyme où le vote d’un élu Modem, Marc Frot, a fait basculer le Département vers la droite (le Modem ayant voté pour le socialiste Rebsamen à Dijon la semaine précédente, le PS local était sûr du contraire et s'était déjà réparti les postes) :
- Tu n’es qu’un enculé ! Enculé ! Enculé !
- Traître !
- Je ne savais pas que tu étais aussi con !
- On va te miner !
- Toi aussi on va te miner !

Inutile de souligner que tous ces distingués élus de la République s’étaient massivement indigné d’entendre Nicolas Sarkozy répliquer "Casse-toi, pauv’con" à son opposant du Salon de l’Agriculture. Vive la politique.

27/03/2008

JO : Un goût de déjà vu

Etonnante sensation, ce soir, sur France 2. Impression d’un retour de 28 ans en arrière, lorsque responsables politiques, intellectuels et sportifs s’invectivaient à propos du boycott des JO de Moscou après l'invasion de l'Afghanistan. Même rapport entre la virulence des propos et l’irresponsabilité politique du locuteur. Même confusion naïve des sportifs dépassés par les arguments. Même prétention franchouillarde de jouer les David contre Goliath. Avec Arlette Chabot dans le rôle d’Alain Jérôme, Laurent Joffrin dans le rôle de Serge July, Rama Yade dans le rôle de Jean-Pierre Soisson. Avec, seul contre tous, le même diplomate communiste, chinois au lieu d’être russe, double recordman olympique de la mauvaise foi et de la langue de bois.
Et, j'oubliais, avec Alain Duhamel dans le rôle d’Alain Duhamel.

26/03/2008

Vise un peu le baise-main !

La quasi totalité des médias français scrutent avec attention et minutie les moindres gestes de Sarko et Carla, dans l’espoir qu’un faux pas, une phrase de trop, leur donne de quoi faire un gros titre bien méchant sur la maladresse, l’inculture ou la désinvolture du président bling-bling. C'est vrai, coco, chez les rosbeefs, faut assurer ! Apparemment, les mêmes médias, si à cheval sur l'étiquette, ne se sont pas formalisés de la façon dont une partie de la presse britannique a accueilli la Lady Di française : avec une délicatesse rare, en publiant de vieilles photos d’elle, nue, en noir et blanc, piquées sur internet. So british, is’nt ? La presse des deux pays devrait relire Paul Valéry : "Les gens de qualité s’intéressent aux idées, les gens moyens aux événements, les petites gens aux personnes". Les personnes, en anglais : people.