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30/04/2008

Enquête sur les "médiacrates"

87868717e21b4ec518ea5f3ee44086eb.jpgParmi les livres qui analysent la crise de la presse en France, celui de Jean Nouailhac, intitulé Les Médiacrates (éd. L'Archipel), est impressionnant de précision et de justesse. Une citation parmi d’autres : "La plus grande partie de la presse française ne reflète que l’état d’esprit de ceux qui la font. (…) Tout ce qui dégrade la culture raccourcit le chemin qui mène à la servitude. ( …) Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques décorés du nom d’artistes, court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là même qui contribuent à sa dégradation". Le nom de l’auteur de ces lignes dira peut-être quelque chose aux jeunes journalistes : il s’agit d’Albert Camus.

29/04/2008

Plantu sauve l'honneur

En publiant son dessin d’Elkabbach dans Le Monde d'hier, Plantu a sauvé l’honneur de la presse. Dans cette désolante affaire, le divorce est frappant entre la liberté de ton de la blogosphère bruyante et hilare, et l’époustouflante discrétion de la presse classique sur la faute professionnelle du patron d’Europe 1 - lequel, dans un monde normal, aurait dû évidemment démissionner. Je ne parle pas des Morandini, Durand, Ruquier, Duquesne et autres excellents confrères d’Europe 1, tous décrédibilisés et contraints à avaler leurs micros et leurs chapeaux, mais des rédacteurs en chef des autres médias traditionnels - lesquels figurent parmi les 250 invités potentiels du beau Jean-Pierre, et font donc, depuis une semaine, comme s’ils n’avaient rien entendu. Au nom d’une éthique que je n’arrive pas bien à cerner…

28/04/2008

La fin des "salons du livre"

Un par un, les "salons du livre" de ma région sombrent dans l’atonie. Hier, c’était le tour d’Autun, dans le Morvan. Dimanche dernier, c’était le salon de Sens. "Venez armé, aurait pu dire Victor Hugo : l’endroit est désert !" De moins en moins de public, de moins en moins d’auteurs - à part les professionnels du genre : Zappy Max, Maurice Joffo, André Gaillard, Nadine de Rotchild et quelques autres figures sympathiques, qui sont à la littérature ce que Nicoletta est au hip-hop et Pierre Tchernia à la télévision numérique. Manque de professionnalisme, manque de communication, manque d’ambition : de Dijon à Tonnerre, de Nevers à Monéteau, de gentils retraités reconduisent chaque année le train-train bénévole et poussiéreux d’une activité en déliquescence. Dans une indifférence générale qui tourne au tragique.

26/04/2008

Elkabbach est mort !

Jean-Pierre Elkabbach est mort. Journalistiquement, bien sûr. Sur internet, des centaines de milliers d’internautes se passent et commentent l’annonce prématurée de la mort de Pascal Sevran sur ordre du patron d’Europe 1 qui n’avait pas recoupé son info. Une faute énorme, évidemment, qui décrédibilise la station pour longtemps, de la part d’un directeur qui attaquait récemment tous les sites et les blogs coupables de diffuser des infos non vérifiées ! Un stagiaire, un chroniqueur, un chef de service, un rédacteur en chef aurait été viré. Pour moins que cela, Olivier Mazerolle avait démissionné de la direction de France 2. Elkabbach, lui, reste impassible, accroché à son fauteuil. Pour combien de temps ? Vous le saurez en écoutant RTL...

25/04/2008

La voix de la France

Pour regrouper les chaînes françaises émettant vers le reste du monde (France24, RFI, TV5) la marque "France Monde" était bien trouvée. Sauf que l’avocat Gilbert Collard, au nom d’une obscure ONG qui a France et Monde dans son intitulé, exige 15 millions d’euros à la holding publique dirigée par Alain de Pouzilhac (c’est-à-dire au contribuable) pour céder ce nom pourtant banal. 15 millions d’euros ! Y en a qui se mouchent pas du pied, comme on disait jadis dans ma campagne. Aux dernières nouvelles, la "voix de la France" s’appellera donc "Audiovisuel extérieur de la France". Un nom aussi fort, aussi poetique, c’est sûr, personne ne le revendiquera. Pourquoi pas "Organisme mondial télévisuel commun" ou "Emissions françaises horizon universel lointain francophone" ?

23/04/2008

Le plus grand des menteurs

Excellente soirée "Mitterrand", hier, sur France 2. Ce n’est pas Spaggiari qui fit le "casse du siècle", c’est Mitterrand, l’homme qui mit la main, à coup de mensonges énormes, et pendant quatorze ans, sur la France ! François Mitterrand n’aurait jamais été élu président de la République – et à plus forte raison réélu – s’il n’avait pas méticuleusement menti du début à la fin de son histoire : sur son passé d’extrême-droite, sur son engagement à Vichy, sur sa francisque, sur ses rapports avec Bousquet, il a menti comme, plus tard, sur son alliance de gouvernement avec les communistes, sur sa fortune (sur laquelle on n'a pas encore tout dit), sur sa maladie, et, bien sûr, sur sa seconde famille. Niquer à ce point le PS, la gauche, les journalistes et les électeurs, c'est un cas unique dans l'histoire moderne. Chapeau, l'artiste.

22/04/2008

Le vieux pont de bois

Un éléphant et un petit singe, dans la jungle, traversent un ruisseau en empruntant un vieux pont de bois. Parvenus sur l’autre rive, le petit singe monte promptement sur le dos de l’éléphant, s’approche de son énorme oreille et lui crie, joyeux : "Tu as vu comme on l’a fait trembler, le pont ?" L’attitude contradictoire et brouillonne des Français dans l’affaire des JO de Pékin me rappelle cette histoire : Poncelet et Raffarin à Pékin, le Dalaï Lama à l’Hôtel de Ville, Drut et Douillet défendant le CIO, RSF en remettant une couche… Improvisation, prétention, irresponsabilité : n’aurait-on pas pu éviter ce pataquès en traitant l’affaire quand elle s’est déclenchée, en 2001, et non à la dernière minute, quand la seule issue probable est… le ridicule ?

21/04/2008

Qui produit de la richesse ?

Je reviens sur la question du travail. "En France, disait l’autre jour l’ancienne ministre espagnole Ana Palacio, il y a un tiers de fonctionnaires, un tiers d’emplois subventionnés, un tiers d’emplois privés." Les emplois privés, bien sûr, n’étant pas tous productifs ! Cela me rappelle le calcul dont l’économiste Christian Saint-Etienne avait fait un livre, chez Lattès, il y a dix ans : si l’on soustrait de la population française les mineurs, les retraités, les chômeurs, les malades, les agents du secteur public et les salariés occupés à administrer leurs concitoyens, on peut estimer qu’environ 5 % des Français font réellement progresser la richesse globale de leur pays !

20/04/2008

Travailler... pour gagner moins ?

Demander respectueusement aux chômeurs de plus de 57 ans de bien vouloir imaginer, sans les déranger, qu’ils puissent recommencer à travailler un jour, ce n’est évidemment pas scandaleux. La question cruciale, en France, c’est bien le travail. Selon l’institut Harris Interactive, non seulement les Français ont davantage de jours de congé que tous leurs contemporains, mais ils sont, au monde, les moins disposés à accepter d’en céder à leur employeur ! Ce qu’avait confirmé le récent pataquès du lundi de Pentecôte... Mais dans cette catégorie des "55-64 ans" (où j’ai tous mes amis, et pour cause), il y a un léger problème, dont personne ne parle : les chômeurs de cet âge, indemnisés jusqu’à leur retraite sur la base de leurs derniers salaires, n’ont aucune chance de trouver un job qui leur rapporte autant que les Assedic !

19/04/2008

Loin des barricades de mai

Un peu d'intelligence dans ce monde de brutes. Hier soir, on remettait son épée d'académicienne à Chantal Delsol, récemment élue à l’Académie des Sciences morales et politiques. Dans le cadre superbe et suranné du Grand Salon de la vieille Sorbonne, rue des Ecoles, devant deux cents amis venus fêter la sympathique impétrante, on s’est rappelé que la France compte encore, mine de rien, beaucoup d’épigones de Montesquieu, d’admirateurs de Tocqueville, de lecteurs de Hannah Arendt, de disciples de Raymond Aron. Le libéralisme politique n’est pas très tendance, évidemment, surtout en pleine commémoration de mai 68. Accueillie par le philosophe Raymond Boudon, Chantal Delsol a longuement cité une dizaine de ses maîtres, grands profs, grands esprits… dont aucun, sauf erreur de ma part, n’est jamais passé à la télévision. Aucun.

18/04/2008

DSK is back

Eblouissant DSK, ce matin, sur Europe 1. Superbe remise en perspective de nos égoïsmes minuscules. Elkabbach : "Des millions de gens risquent de mourir de faim, quelles conséquences pour nous ?" Strauss-Kahn : "D’abord, quelles conséquences pour eux !" Mortel pour ses amis du PS et leurs relais médiatiques, englués dans les bisbilles picrocholines et les polémiques infinitésimales. Mortel pour les réactions de matamores indignés des Fabius et autres Royal dès que l’Etat français, endetté jusqu’à l’os, fait mine de réduire d’un demi-point telle ou telle dépense publique. Pousser la candidature de DSK au FMI fut une des meilleures idées de Sarko. Sauf, peut-être, pour lui-même, en 2012 !

17/04/2008

Zemmour à Dijon

77d5575a726a74d6eab637e32002970b.jpgBelle rencontre, hier, à Dijon, entre Eric Zemmour et une centaine d’amoureux du livre réunis par le Club des Ecrivains de Bourgogne. Journaliste depuis vingt ans, Zemmour est aussi un écrivain – lire, pour s’en convaincre, le début de son récent Petit Frère (éd. Denoël). Mais c’est la télé, où il excelle dans le rôle d'empêcheur de penser en rond, qui lui a donné sa notoriété. Sur la politique, le féminisme, le communautarisme, mai 68 ou l’humanitaire, Zemmour tient un discours libre, stimulant et courageux qui énerve le tout Paris politico-médiatique – lequel n’attend de lui qu’un écart, une erreur, pour écrabouiller l’infâme sous les horions du conformisme "politiquement correct".

16/04/2008

Une vie après le Modem ?

Déjeuné avec un des responsables régionaux du Modem. Un des derniers des Mohicans. Un peu assommé par les mauvais résultats de 2008, mais surtout très hésitant. D’abord, entre la gauche et la droite : l’avenir est sûrement à la gauche de l’UMP, mais l’opposition à Sarko n’est pas réversible ; et, surtout, les nouveaux militants, les jeunes, les anciens verts, etc, sont plutôt attirés par le PS. Ensuite, entre Bayrou et autre chose : un parti ne peut pas être une simple machine de guerre au service de l’ambition personnelle d’un homme, surtout que cet homme-là, pour sympathique qu’il soit, ne pourra évidemment pas se présenter comme un nouveau venu en 2012 ! Tempête sous un crâne : peut-on se contenter de participer au débat d’idées sans avoir, un jour, envie de passer à l’action ?

15/04/2008

Les pavés de l'enfer

On produit du bioéthanol, et c’est bien - sauf qu’on rogne sur la production agricole traditionnelle globale et qu’on fait monter le prix des denrées alimentaires. On se bat contre les OGM, et c’est beau - sauf que cela empêche de développer de nouvelles zones de cultures résistantes dans le tiers monde. On réduit la dépense publique, et c’est grand - sauf que cela réduit aussi le pourcentage déjà ridicule d’aide aux pays pauvres.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Avant d’applaudir au "Grenelle de l’environnement", de généraliser le principe de précaution et de résorber la dette du pays, il faudrait d’abord se demander si cela ne provoque pas, à moyen terme, à l’autre bout de la terre, quelques centaines de milliers de morts de faim. C'est compliqué, la planète.

14/04/2008

"Le Monde" à son tour...

Le Monde en grève, ce n’est pas banal. C’est la première fois que le journal qui a le plus abondamment relayé les grèves des autres depuis la guerre, subit lui-même la colère de ses propres troupes. Il y a de quoi. Un plan de 130 licenciements, dont 2/3 dans la rédac, cela fait, in fine, 25 % de journalistes en moins. De deux choses l’une : ou bien un quart des journalistes du Monde se les roulait tranquillement à l'ombre des rotatives, ou bien la qualité du journal va sérieusement s’en ressentir. Le Monde découvre brutalement ce que la quasi-totalité des journaux ont déjà vécu : le rêve, chez les actionnaires, les financiers, les contrôleurs de gestion, d’un journal sans journalistes. C’est vrai que les journalistes, c’est cher, c’est chiant, ça ne rapporte que des ennuis et même, parfois, ça se met en grève !

13/04/2008

Le livre, combien de divisions ?

Les élections sont passées. Les maires sont en place. Les nouvelles équipes municipales sont constituées. On va pouvoir juger l’intérêt des nouveaux élus pour la culture en général et pour le livre en particulier. En Bourgogne, les premières impressions ne sont pas rassurantes : libraires, auteurs et éditeurs sentent bien que la chose écrite, le livre, la littérature figurent tout en bas de la liste des priorités des responsables politiques locaux. Il est vrai que, comparée au sport ou au cinéma, le livre ne représente pas beaucoup de voix : libraires, éditeurs, écrivains, combien de divisions ?
C'est d'autant plus préoccupant que, par rapport aux grandes régions comparables, la Bourgogne est sous-développée sur ce terrain. On dirait que cela ne va pas s’arranger…

12/04/2008

Le pape à Ground Zero

f0dea18e97806ba8a74076245a2bb414.jpgInterviewé par l’AFP sur la prochaine visite du pape à Ground Zero, le 20 avril. A propos du terrorisme, il n’y a pas vraiment de différence entre Jean-Paul II et Benoît XVI : condamnation absolue, et appel au rapprochement interreligieux, notamment avec l’islam. La différence, elle est entre le monde de Jean-Paul II et celui de Benoît XVI. Rappelez-vous en mai 1981, lorsque Jean-Paul II fut victime d’un terroriste turc nommé Ali Agça : le monde entier, à commencer par les Etats-Unis, a regardé du côté de Moscou et du KGB. C’était encore le temps de la guerre froide. Mais peut-on imaginer les conséquences cataclysmiques d’un attentat perpétré contre le pape, aujourd’hui, par un jeune militant islamiste ?

11/04/2008

Les cathos sont partout

Interviewé par L’Express sur le vrai pouvoir des catholiques dans la vie politique française. Dans la presse, on traite les cathos comme un lobby, ou une secte, et on se met le doigt dans l’oeil. Les cathos sont nombreux en politique parce qu’ils ont une tradition d’engagement dans la société, mais l’idée ne leur viendrait même pas d’agir ensemble en tant que cathos. C’est la grande différence avec les francs-maçons. En 1993, au sein du gouvernement le plus catho (en nombre) de toute l’histoire de la République, personne n’aurait eu l’idée de constituer un sous-groupe, une association, une fraternelle, un club : eux-mêmes ne savaient pas toujours qui partageait leur foi ! Sauf rarissimes exceptions, l’influence des cathos est toujours individuelle. C’est peut-être cela, la vraie laïcité.

10/04/2008

Le Tibet, mai 68, Carla...

Retour de Rome. Dans les médias, rien, absolument rien de changé depuis cinq jours : chez Marie Drucker, les Tibétains et une rétrospective des différents boycottages des Jeux Olympiques ; chez Frédéric Taddéi, un débat sur l’anniversaire de Mai 68. Dans ma boîte aux lettres, L’Express du jour titre sur Carla Bruni, ce qu’il fait désormais toutes les trois semaines. Cela devient pénible, mais il paraît que c'est payant. Un des rédacteurs en chef de L’Express, Renaud Revel, se justifiait sans complexes, la semaine dernière, sur le plateau de Mireille Dumas : "La presse a besoin de survivre, surtout dans un contexte difficile... Le people, c’est vital pour nous !" Triste aveu : Carla fait vendre du papier, alors allons-y, faisons du Carla ! Puisque c'est vital !

09/04/2008

Tous au téléphone !

Les Romains ont inventé un truc génial. Ils ont considérablement élargi les parois de leurs cabines téléphoniques classiques afin que les usagers, grâce à leurs téléphones mobiles, puissent parler tous ensemble, très fort, à leurs correspondants. Mieux : ils ont mis des roues à ces cabines géantes et ils y ont installé des chauffeurs, ce qui permet aux utilisateurs, tout en téléphonant à tue-tête, de se rendre à leur bureau ou de rentrer à leur domicile. Afin d’organiser les multiples trajets de ces cabines roulantes pleines de gens hurlant au téléphone, ils leur ont mis des numéros. Cela s’appelle des "autobus", c’est très bruyant, limite insupportable, mais, à l’évidence, cela a un succès fou !