Le blog de Bernard Lecomte

Ce matin, première nouvelle sur les chaînes d’info : Emmanuel Macron a été réélu président il y a un an. Pour en parler, BFMTV a invité Sophie Binet (CGT), LCI a invité Sandrine Rousseau (EELV) et CNews a invité Manuel Bompard (LCI). Je ne suis pas un partisan de Macron, on le sait, mais je suis un défenseur du pluralisme : ne donner la parole, ce lundi matin, qu’aux seuls porte-parole de l’extrême-gauche, c’est facile, c’est parisien, c'est tendance, c’est pas cher, mais, excusez-moi, ce n’est pas du journalisme !

Le grand chef blanc a toujours raison. Les 31 députées du groupe LFI sont donc priées de baisser la tête quand Jean-Luc Mélenchon décide que son ami Eric Coquerel, président de la commission des finances, n’est pas coupable de harcèlement sexuel (puisqu’il le dit) et que son autre ami Adrien Quattenens, récemment condamné pour violence conjugale, doit reprendre sa place dans le groupe (puisqu’il le veut). "Insoumises", vraiment, ces élues qui donnent des leçons de féminisme à la terre entière mais qui, au sein de leur clan, s’inclinent devant le patriarcat le plus basique ?

Emmanuel Macron s’est trompé. Il a cru qu’il pourrait contrôler la société française et réformer à sa guise parce qu’il n’avait, au fond, aucune opposition organisée (le FN, pas crédible) ni aucun rival avéré (Mélenchon, pas sérieux). Or sa véritable opposition n’est pas à l’Assemblée, mais dans la société elle-même. Et ses vrais rivaux (les Baroin, Bayrou, Philippe, Bertrand et autres Wauquiez) ne sont pas au Parlement, eux non plus, mais dans le pays, à la tête de collectivités locales. Résultat : aux moments difficiles, il n’a pu s’appuyer sur personne ! On ne gouverne pas seul contre tous…

Difficile de ne pas voir une stratégie politique se profiler derrière la vulgarité militante et l’inculture assumée des députés LFI. Certes, ces nouveaux élus venus de nulle part, outre qu’ils n’auraient jamais imaginé gagner autant d’argent de leur vie, sont grisés par les retombées médiatiques que leur vaut la moindre insanité proférée devant une caméra. Mais leur ambition "révolutionnaire", aussi sommaire que préhistorique, les pousse à miner nos institutions républicaines, en espérant les faire exploser un jour. Et qui dit qu’ils n’y parviendront pas ?

Qu’est-ce qu’un riche ? "Un salarié qui gagne 4.000 euros par mois", avait dit Hollande en 2007. Selon l’Observatoire des inégalités, on est riche quand on gagne, après impôts, plus de 3.673 euros par mois (5.511 euros pour un couple). Je rigole, car cela inclut, et largement, tous les députés LFI, EELV, PCF et RN qui passent leur temps à exiger qu’on fasse "payer les riches" ! Tout dépend du point de vue. La vérité c’est qu’on est toujours le riche de quelqu’un. Pour un Français moyen, un riche, en réalité, c’est quelqu'un qui gagne plus que lui…

Cela faisait des décennies que les journalistes rêvaient d’un comptage objectif lors des grandes manifs parisiennes, les organisateurs ayant pris l’habitude de multiplier par dix, voire davantage, le nombre de participants. Plus de 80 médias et non des moindres (Le Monde, Libération) se fient désormais au cabinet Occurrence, propriété de l’IFOP, qui a compté, ce samedi, 14.045 participants à la manif des jeunes de LFI. Jean-Luc Mélenchon hurle : "Nous étions 150.000 !!! C'est une manipulation de Macron !!!" Mais pourquoi diable Mélenchon n’attaque-t-il pas Occurrence en justice ? A votre avis ?

Le débat sur les retraites, apparemment, a relancé le concours d’inepties dans les médias. Les jeux sont ouverts. Et Sandrine Rousseau, députée EELV, n’a qu’à bien se tenir, même si elle tient la corde avec son déjà célèbre "2.500 études prouvent que le travail pollue". Ecoutez Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée : "Avec Macron, après le travail, c’est soit le cimetière, soit la misère". Ecoutez Marine Tondelier, présidente de EELV : "Nous voulons une France sans milliardaires !" Une championne, celle-là ! [photo ci-contre] C’est elle qui a prévenu tout le monde : "Ça va être la ZAD à l'Assemblée". On a hâte.

Au micro de Caroline Roux, jeudi, sur France 2, Jean-Luc Mélenchon n’a donc pas exclu de se présenter aux présidentielles de 2027 : cela dépendra, dit-il, des "circonstances". Même si cela peut en faire rigoler certains, imaginons qu’il passe alors la barre du second tour et que par un stupéfiant miracle, il soit élu. La dernière année de son mandat, il aura donc 81 ans. Pour un gars qui hurle sur tous les toits que les Français doivent prendre leur retraite à 60 ans, c’est un peu croquignolesque ! Et encore : qui vous dit qu’il ne se représentera pas en 2032 ?

La présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, considère que l’exécutif a "déclaré la guerre sociale" au pays. Bigre ! Mesure-t-on assez l’absurdité d’un tel propos, digne d’une cour de maternelle ? Qui imagine une seconde qu’Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont sciemment décidé, un soir, de "faire la guerre" aux Français ? Et quelle indécence, aussi ! Sortez de votre coquille, Madame la députée ; la guerre, la vraie, depuis onze mois, c’est en Ukraine qu’elle se déroule, et c’est votre vieil ami Vladimir Poutine qui la mène !

Hier, les députés français ont massivement condamné la Russie et redit leur soutien à l’Ukraine, par 303 voix. Une large majorité, donc, face à 95 élus RN et LFI qui ne veulent pas condamner la Russie et refusent de soutenir les Ukrainiens. Quand on suit de près l’actualité ukrainienne, on a du mal à comprendre cette désolante position des lepénistes et des Insoumis qui préféreraient, donc, qu’on laisse Poutine envahir l’Ukraine et rayer de la carte la nation ukrainienne. On aimerait se consoler en vérifiant un truc : combien, sur ces 95 élus, ont jamais mis le pied en Ukraine ?

On a l’impression que la politique se divise en deux. D’un côté, les gens, les citoyens, les travailleurs, qui se battent contre de vrais problèmes : la désertification médicale, les inégalités sociales, la hausse du prix de l’essence, l’immigration incontrôlée, l’insécurité qui se généralise. Et de l’autre, une classe politique basique, désordonnée et plutôt inculte, qui n’a prise sur rien, qui rate toutes ses manifs, qui insulte Macron à la télé, et qui n’existe qu’en twittant des inepties. C’est moi qui vieillis ou la France, dans un monde de plus en plus régulé par la loi du plus fort, est plutôt mal partie ?

Dérisoire et archaïque bataille de chiffres, ce dimanche, après la "grande marche" convoquée par Jean-Luc Mélenchon. 140.000 manifestants ? 30.000 ? 29.000 ? En tout état de cause, ce fut une petite manif. Disons-le autrement : 67,6 millions de Français n’ont pas participé à cette manifestation selon les organisateurs (67,7 millions selon la police). La différence est risible. Mélenchon et ses camarades sont ridicules quand ils expliquent que c’est un nouveau "Front populaire" qui va jaillir de cette formidable mobilisation de rue. Relisez l’histoire du Front popu en 1936, franchement, vous allez rire…

Qu’est-ce qui permet à tant de personnages publics poursuivis par la justice sous les huées médiatiques, de rester à leur poste, tels Alexis Kohler (secrétaire général de l’Elysée), Eric Coquerel (président de la commission des finances), Julien Bayou (député), Eric Dupont-Moretti (ministre) ou Adrien Quatennens (député) ? C’est l’article 9 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : "Tout homme est présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable". Un peu simpliste, certes, mais on n'a pas trouvé mieux, en deux siècles et demi, pour assurer l’égalité de tous devant la loi.

Le débat qui a suivi le discours d’Elisabeth Borne ce lundi à l’Assemblée nationale, a marqué une étape : il n’y a plus de parti, en France, qui défende Poutine. Ni à l’extrême-gauche, qui reste pourtant farouchement anti-américaine, ni à l’extrême-droite, où nul n’admire plus les muscles du président russe. Devant les massacres, les bombardements, les crimes de guerre et les menaces nucléaires, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont dû changer de discours. Il aura fallu huit mois pour que la France parle enfin d'une seule voix. Mieux vaut tard que jamais.

Encore une vieille coutume républicaine pulvérisée par l’extrême gauche – avec, il est vrai, la déconcertante complicité de quelques "idiots utiles" appartenant à la Macronie. L’équipe de foot de l’Assemblée nationale est traditionnellement composée de députés de tous bords, tous élus du peuple et dûment chaussés de crampons. Eh bien la Nupes (y compris le PS), à la veille d’un match à but humanitaire, vient de dynamiter ce vieux consensus footballistique en exigeant l'expulsion des joueurs issus du RN ! Attention, citoyens supporters, cette guillotine installée dans la surface de réparation, c'est la République qu’on assassine...

Il fallait s’y attendre. A force de donner des leçons de morale à la terre entière, les dirigeants de la Nupes sont dans un sale pétrin. Coquerel, Bayou, Quatennens, qui faisaient passer la sacro-sainte "parole des femmes" avant la présomption d’innocence, sont pris à leur propre piège, et sommés de démissionner de leurs fonctions électives pour leur détestable comportement à l’égard de la gent féminine. Les Caroline de Haas et autres Clémentine Autain, dont le silence est pathétique, vont avoir du mal, dans l’avenir, à  dénoncer le machisme sans faire hurler de rire. Si tu montes au cocotier..

Dans son discours de rentrée, dimanche, Jean-Luc Mélenchon a redit avec force que le but de son parti était la "rupture complète avec le capitalisme". Comme d’habitude, les journalistes ont répercuté la formule en souriant d’un air entendu : toujours excessif, ce vieux Méluche ! Il faut dire que la totalité des pays modernes ayant effectivement "rompu avec le capitalisme" sont tous tombés dans la misère, la violence et le chaos : peut-on imaginer que Mélenchon soit assez fou, dangereux et irresponsable pour souhaiter réellement la ruine de la France ? Euh...

L’affaire Coquerel restera un tournant dans l’histoire du féminisme. Quand c’est un dirigeant de LFI qui est publiquement accusé de harcèlement sexuel par une ancienne militante, plainte à la clef, c’est "une infâme opération de calomnies". Dixit Jean-Luc Mélenchon, qui ajoute : "Eric Coquerel n’est coupable de rien du tout !" Mais où sont les Sandrine Rousseau, Clémentine Autain et autres Raquel Garrido qui nous expliquaient à l’envi que "la parole des femmes" passait avant la présomption d’innocence ? Toutes alignées sur la consigne du grand chef blanc : silence dans les rangs !

Le chahut infantile et vulgaire auquel nous avons assisté pendant tout le discours d’Elisabeth Borne à l’Assemblée, hier, sur les bancs de la Nupes, est une première déshonorante pour la République et désastreuse pour la démocratie. Pas le chahut lui-même, bien sûr : on en a vu d’autres, en deux siècles, dans cet hémicycle ! Mais sa grossièreté extrême, son impolitesse affichée, son irrespect militant, son intolérance faite, comme toujours, de violence et d'inculture... Et vous pensez que ce spectacle minable incitera les 70 % de jeunes qui n’ont pas voté à se rendre aux urnes la prochaine fois ?

"Tout homme est présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable". Pour avoir délibérément piétiné ce principe de 1789, le parti LFI est dans l'embarras depuis qu’un de ses chefs, Eric Coquerel, président de la Commission des finances, a été accusé, à son tour, de harcèlement sexuel – le jour même où le ministre Damien Abad s'est fait exclure du gouvernement pour ce motif. Le parti de Jean-Luc Mélenchon va avoir du mal à expliquer que la déchéance automatique des dirigeants accusés de harcèlement sexuel s’applique à tous sauf s’ils sont d’extrême gauche.