Le blog de Bernard Lecomte

Plus Vladimir Poutine bombarde sauvagement les villes ukrainiennes (34 morts civils au centre de Soumy en ce dimanche des Rameaux), plus Donald Trump confirme aux yeux du monde sa pathétique vocation de loser impuissant dans cette guerre qu’il avait cent fois promis de régler en 24 heures ! Poutine frappe, Trump se tait. Poutine frappe plus fort, Trump s'écrase. Comment voulez-vous que Poutine arrête de frapper ? Trump n’a pas arrêté la guerre en Ukraine, il l’a relancée !

Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour être repris par les chaines d'info ! Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti LR, nous transporte soudain en 1854, quand Napoléon III décida d’ouvrir le bagne de Cayenne, en Guyane ! Transférer à Saint-Pierre-et-Miquelon les milliers d’OQTF refoulés par l’Algérie : voilà une idée qu’elle est originale ! Sauf que les OQTF sont invités à quitter le "territoire français" et que Saint-Pierre, c’est la France. Un petit morceau de France qui n’a aucune envie d’être colonisé par l’Algérie – ce qui serait, avouons-le, un comble !

C’est fou comme les médias, notamment les chaines d’info, se complaisent dans la petite tambouille politicienne ! Aucun n’a calculé que les trois manifestations partisanes de dimanche ont rassemblé, au total, 20.000 personnes, ce qui veut dire que 68.090.000 Français n’ont manifesté ni pour les uns, ni pour les autres. Si les journalistes parisiens savaient à quel point, dans mon petit coin de Bourgogne, on se tamponne des bisbilles entre futurs candidats aux présidentielles !

Incontestablement, la situation est grave. Un président américain qui déclare la guerre commerciale à l’Union européenne, un président russe qui continue de bombarder un pays européen : les Français ont de quoi s’émouvoir. Sauf que, pardon, je n’ai pas bien compris les raisons précises pour lesquelles quatre grands partis politiques français (RN, LFI, EELV, Renaissance) ont transformé ce dimanche en une journée de manifestations de rue : rassurez-moi, c’est bien pour répondre aux menaces de guerre que nous adressent Trump et Poutine ?

Dis-moi qui te soutient, je te dirai qui tu es. L’empressement de certains dirigeants étrangers à soutenir bruyamment Marine Le Pen après le jugement de lundi dernier en dit long sur le véritable enjeu de sa possible élection présidentielle en 2027 : Poutine, Bolsonaro, Trump, Elon Musk, Salvini, Orban, tous ces personnages illibéraux qui s'assoient sur le droit, lui préférant la force, la violence et le mensonge, n’ont pas arrangé, me semble-t-il, les affaires du Rassemblement national !

Que la loi doive s’appliquer à tout le monde, c’est évident. Que Marine Le Pen et ses amis soient coupables d’avoir détourné l’argent du Parlement européen, c’est indiscutable. Que les juges aient régulièrement appliqué une loi régulièrement votée en 2016, c’est clair. Mais que les mêmes magistrats, élus par personne, puissent priver le peuple français d’une telle candidature aux présidentielles, cela est évidemment "troublant", comme dit François Bayrou. Dans un cas pareil, on peut essayer de ne pas tout voir en noir ou blanc ?

Il y a longtemps que je me suis étonné, ici même, qu’on puisse un jour interdire aux pauvres provinciaux d’entrer en voiture à Paris et dans les grandes villes. Habitant moi-même dans un territoire rural, j’ai été impressionné par les arguments du sympathique Alexandre Jardin qui considère qu’exclure les "gueux" des zones de faible émission (ZFE) pour que les riches, les bourgeois, les bobos et les écolos puissent respirer en paix, ce n’est pas très conforme à la République ! On parie que le sujet va devenir très, très sérieux ?

Vous avez entendu Vladimir Poutine, ce vendredi ? OK pour un cessez-le-feu, ou une trêve, ou une paix durable, qu’importe, cela n’a aucune importance… à condition que Zelensky soit remplacé à Kiev par des dirigeants pro-russes, que l’Ukraine ne soit plus occupée que par des soldats russes, que la Mer Noire soit débarrassée de toute présence ukrainienne, etc. C’est pourtant simple : "Dénazification, démilitarisation, neutralisation", voilà trois ans que Poutine répète la même chose !

L’ahurissante affaire du non-respect du secret militaire, au Pentagone, confirme le sentiment qu’ont depuis janvier les bons connaisseurs de la chose publique américaine : le président Trump, son vice-président Vance, son ministre Hegseth, son émissaire Witkoff, tous ces gens-là sont incompétents, irresponsables, naïfs, incultes et dangereux. Penser que l’avenir de l’Ukraine et la paix en Europe vont dépendre de cette équipe de pieds nickelés, franchement, ça fait peur !

Avez-vous remarqué qu’on n’entend quasiment plus, à la télé, les commentateurs qui s’enthousiasmaient, ces derniers temps, de la façon dont Donald Trump allait imposer la paix en Ukraine ? Même ses partisans commencent à comprendre que ce n’est pas le fantasque Trump, mais le rusé Poutine qui décidera du sort de la guerre. Le même Poutine qui continue de bombarder les villes ukrainiennes (Kharkiv, Poltava, Kiev, Odessa, etc) et pour qui la seule paix possible est la capitulation de l’Ukraine !

Pendant que Trump et Poutine jouent notre destin aux dés, la bonne vieille tambouille politique franco-française mijote à feu doux. Sur la réduction de la dette, sur les OQTF algériens, sur l’âge de la retraite, sur le voile dans le sport, on piétine, on blablate, on remet à plus tard. Un exemple frappant ? Voilà six mois qu’on pointe du doigt les 1.200 agences de l’Etat qui doublent, à grand frais, l’action des ministères : a-t-on fait mine d’en supprimer une seule ? Rien qu’une, pour l’exemple ? Pour montrer que l’Etat n’est pas totalement impuissant ?

Au moment où se tient le sommet européen de Bruxelles, voilà une évolution intéressante : à Moscou, depuis deux jours, officiels et journalistes se moquent ouvertement des Européens, ces "petits pays" ridicules qu’ils traitent, en haut lieu, de "fauteurs de guerre". C’est nouveau, et c’est bon signe : dans la langue de Vladimir Poutine, cela veut dire que l’Europe redevient un acteur important du conflit ukrainien, et qu’il va être difficile de se passer d’elle pour assurer la paix dans la région…

Trump avait promis d’arrêter la guerre russo-ukrainienne en 24 heures. Neuf semaines ont passé depuis son retour à la Maison Blanche, et la guerre continue : on se bat toujours dans la région de Koursk, et les bombes pleuvent, ce soir, sur les villes ukrainiennes. Mais Trump et Poutine ne se sont-ils pas téléphoné pendant deux heures, ce mardi ? Si, et alors ? Poutine continue de balader Trump. Le Russe n’a toujours pas fait la moindre concession, bien au contraire. Quand je vous dis que Trump est un loser...

A l'Est, rien de nouveau. Donald Trump attend toujours, ce dimanche, la réponse de Poutine à ses injonctions sur le cessez-le-feu en Ukraine. Le président américain est fantasque, naïf et inculte. Il croit vraiment que Poutine est son ami, mais il n’a jamais lu un seul texte de lui, et ne connaît rien de l’histoire de la Russie. Il n’a qu’une idée, obsessionnelle : faire cesser cette guerre, quitte à ce que l’Ukraine capitule, et basta. Un Etat de plus ou de moins sur la carte de l’Europe, quelle importance ? Sauf que les Ukrainiens, curieusement, ne sont pas d’accord…

Vous voulez, en avant-première, la réponse de Poutine à Trump ? "Cher Donald, ton accord de cessez-le-feu est formidable, et j’y souscris pleinement. La Russie a toujours été pour la paix ! Je vais donc le signer, à deux ou trois bricoles près, insignifiantes : que Zelinsky soit viré, que la Russie récupère la totalité les oblasts de l’est, qu’aucun soldat occidental ne pénètre en Ukraine, laquelle devra être, bien sûr, démilitarisée. A ces broutilles près, je te donne mon accord pour ton cessez-le-feu ! Amitié ! Vladimir."

Bon, surtout, on ne s’énerve pas. A Djeddah, ce mardi soir, les négociateurs ukrainiens et américains ont trouvé un accord (un cessez-le-feu de 30 jours) qui va être proposé à Poutine. Et chacun de retenir son souffle… Mais qui peut imaginer que Poutine accepte cette proposition, lui qui exige le départ de Zelensky et la capitulation de l’Ukraine ? La vraie question, ce soir, est la suivante : comment le très irascible et très irrationnel Donald Trump va-t-il réagir quand Poutine dira qu'il n'est pas d'accord ?

Encore un échec pour Donald Trump, qui les collectionne : en deux mois, il n’est pas parvenu à faire capituler Volodymyr Zelensky ! Demain, à Ryad, ses envoyés spéciaux vont tout faire pour infantiliser, humilier, décrédibiliser et mettre sur la touche le président ukrainien – forcément, c'est le principal objectif de Poutine ! En fait, le seul résultat obtenu par Trump, ces jours-ci, c’est l’augmentation des morts civils tombés, en Ukraine, sous les missiles russes. Et le président américain de continuer d'ânonner, comme un mantra, qu’il veut "la paix, la paix, la paix" !

Vu les sondages du week-end sur l’Ukraine ? 76 % des Français se déclarent inquiets ou très inquiets d'une extension du conflit en Europe dans les prochaines années. 61 % sont pour le rétablissement du service militaire. 81 % pensent que l’Europe doit apprendre à se défendre seule, sans les USA. 68 % sont d’accord pour augmenter le budget de la Défense… Apparemment, les Français sont plus raisonnables que certains de leurs oracles médiatiques – heureusement minoritaires – partagés entre pacifisme béat et défaitisme congénital !

Ecouté attentivement la dernière conférence de presse de Donald Trump, ce vendredi. La quasi-totalité des commentateurs sont très gênés : ce type n’est pas seulement imprévisible, il est totalement incohérent ! Sur le Canada, sur Gaza, sur la Russie, sur l’Iran, il se contredit, change d’avis, passe à autre chose, accuse ses prédécesseurs, ment grossièrement… La parole de l’Amérique est réduite à des mots sans suite, ce qui va générer, forcément, des catastrophes en chaine. Et pendant ce temps-là, Poutine bombarde l’Ukraine comme jamais…

Bon, on résume. En février 2022, dans l’idée de reconstituer l’URSS d’antan, Vladimir Poutine a tenté d’envahir militairement l’Ukraine, indépendante depuis 1991, et de la ramener sous l’autorité du Kremlin. Il a échoué. Trois ans plus tard, son armée fait du surplace dans le Donbass. C’est alors que le président Trump, soudain, trahit spectaculairement la cause des démocraties occidentales et offre à Poutine de réaliser son objectif : désarmer l’Ukraine, remplacer Zelensky par un collabo et faire de l’Ukraine une province russe. Des questions ?